Archivage : Disk Archive propose une alternative aux bandes
Contenant 60 disques durs par nœud de 4U, les appliances ALTO présentent l’intérêt de gérer chaque unité individuellement, ce qui rend les disques aussi extractibles, moins énergivores et plus pérennes que des cassettes.
Dans le domaine de l’archivage de données, les cassettes de bandes ont connu un regain d’intérêt depuis l’explosion des ransomwares, car elles permettent de retirer physiquement du réseau les sauvegardes. Revers de la médaille, les cassettes restent des supports lents, ce qui est préjudiciable quand il faut restaurer des données de secours dans l’urgence.
« Hé bien il suffit d’archiver sur des disques durs que vous pouvez retirer du réseau », lance Alan Hoggarth, le PDG de Disk Archive (en photo), rencontré par LeMagIT à Madrid, en décembre, lors d’un événement IT Press Tour consacré aux acteurs européens qui innovent dans le stockage.
Tout aussi sécurisé, moins énergivore et plus pérenne que les bandes
Disk Archive vend des appliances 4U composées de 60 disques durs de 24 To chacun (soit 1,44 Po) qui présentent la particularité de n’utiliser aucun système RAID. De fait, il devient possible de les éteindre individuellement. Pour les retirer du réseau. Mais aussi pour réduire drastiquement la consommation d’énergie de cette capacité de stockage.
« Nous parvenons même à consommer moins d’énergie qu’une bibliothèque de bandes. En effet, les vendeurs de solutions de stockage sur bandes argumentent qu’une bande rangée après utilisation consomme zéro électricité. Mais il faut compter dans l’équation le bras robotisé qui lui fait faire des va-et-vient entre son logement et le lecteur et qui, lui, consomme beaucoup », dit Alan Hoggarth.
Dans les faits, son appliance remplie consomme un peu moins de 350 watts, soit environ 240 Watts par Po avec des disques durs de 24 To. Comparativement, une bibliothèque de 10 lecteurs de bandes IBM de 50 To chacune (150 To compressés) consomme en moyenne 412 Watts, plus de 408 à 1 100 Watts par extension de 24 lecteurs. Un lecteur de bandes IBM affiche une vitesse de transfert maximale de 400 Mbit/s (environ 50 Mo/s), quand un disque dur SATA en 7 200 RPM peut grimper à 150 Mo/s.
Alan HoggarthPDG, Disk Archive
Troisième avantage, les disques ne tournant en moyenne que quelques heures par an, leur durée de vie est démultipliée. Alan Hoggarth parle de pouvoir les exploiter pendant plus de quinze ans.
« Quand vous regardez tous les médias d’archivage qui existent, qu’il s’agisse des cassettes comme des disques optiques, leurs standards évoluent dans le temps. Au point de rendre incompatibles vos anciennes générations de médias avec leurs lecteurs les plus récents. Le standard qui perdure le plus, en définitive, c’est le connecteur SATA des disques durs. Donc, oui, il y a un véritable intérêt à stocker des archives sur disques SATA pour les conserver pendant des décennies avant de devoir les transférer vers un média plus récent », argumente le PDG de Disk Archive.
Il ajoute que, toutes les têtes de lecture des bandes étant fabriquées par Western Digital et tous les lecteurs étant fabriqués par IBM, il existe un risque réel de pénurie de lecteurs avec les systèmes sur bandes. Cela étant dit, il n’y a aujourd’hui plus que deux fabricants de disques durs rotatifs dans le monde : Seagate et Western Digital.
Plus de 180 Po d’archives que l’on peut indexer et consulter ensemble
L’appliance de Disk Archive s’appelle l’ALTO, comme un jeu de mots pour une alternative à LTO, le format le plus répandu de cassettes de bandes. Depuis 2008, le fabricant britannique en aurait vendu des centaines aux studios de production vidéo pour archiver tous leurs films, rushs et autres émissions de télé en très haute résolution. Le gros intérêt qu’ils trouvent à cette solution peu chère est qu’elle est extensible à volonté.
D’une part, le système intégré, qui indexe les contenus, supporte de gérer 128 appliances. Soit plus de 180 Po actuellement, à raison d’une dizaine d’appliances 4U par étagère rack. D’autre part, les utilisateurs de cette solution sont libres de l’acheter nue et d’y mettre les disques durs qu’ils veulent, au moment où ils le veulent, avec la capacité qu’ils veulent. Magie d’un système où les disques sont chacun traités individuellement.
« De plus en plus, nous avons dans notre clientèle des Smart Cities qui ont besoin d’archiver des milliers d’heures d’images de vidéosurveillance pour ensuite lancer dessus des algorithmes de reconnaissance. Mais aussi des entreprises qui ont besoin d’un accès rapide aux contenus archivés pour des investigations post-mortem. Dans ces deux cas, les utilisateurs ont découvert que l’archivage en cloud ne correspondait pas à leurs attentes », assure Alan Hoggarth.
Il avance que l’attente pour accéder à des archives depuis un service de stockage froid en cloud peut prendre jusqu’à cinq, voire dix heures.
Conçu pour pouvoir ranger des copies des données dans un coffre
Physiquement, l’appliance ALTO ressemble fort au tiroir de disques Exos Corvault de Seagate, avec ses disques durs plantés verticalement les uns à côté des autres. Alan Hoggarth se défend de se fournir chez un fabricant exclusif ; la dernière génération d’ALTO présentée lors de l’IT Press Tour – l’ALTO-III – serait construite par un fabricant asiatique dont le nom n’a pas été communiqué.
Mais le principe reste le même : la machine est montée sur des rails qui permettent de l’ouvrir comme un tiroir pour accéder physiquement aux disques durs, simplement extractibles avec une languette.
Le système de l’ALTO, qui fonctionne sur un serveur Linux CentOS embarqué, stocke les archives en, provenance des logiciels de sauvegarde sur un seul volume formaté en Ext4 par disque dur. Il est conçu pour une bonne pratique : il écrit par défaut chaque archive sur deux disques durs en même temps, de sorte qu’il est possible de retirer un disque dur pour le ranger dans un coffre une fois qu’il est rempli.
Alan HoggarthPDG, Disk Archive
Ces archives étant de simples fichiers et les disques étant formatés en Ext4, il est même possible de relire, via un simple adaptateur SATA-USB, chaque disque extrait de l’ALTO depuis un poste Windows, macOS ou Linux.
« Ce système d’écritures simultanées est réglable. Vous pouvez n’enregistrer qu’une copie de l’archive si vous connectez votre ALTO à un système d’archivage supplémentaire – des bandes typiquement – ou trois copies, si vous souhaitez conserver des disques sur site et en envoyer des duplicata sur un autre site », explique notre interlocuteur.
Chaque Appliance Alto-III peut être étendue, via une connectique SAS, avec dix tiroirs de disques ALTO-EX 60 qui comprennent également 60 disques durs. L’appliance maître est la seule à disposer en façade d’un écran LCD qui affiche avec des codes couleur la capacité disponible sur chacun des disques. L’indexation pouvant couvrir 128 nœuds ALTO, les 12 appliances supplémentaires sont simplement reliées en réseau à la première.
Des solutions d’appoint
Disk Archive propose par ailleurs une version raccourcie de sa solution qui peut s’installer dans des endroits contraints par la place : l’ALTO-SX. Cette appliance-là contient 24 disques en façade, de sorte qu’ils sont individuellement extractibles sans devoir glisser vers soi un tiroir de plus d’un mètre de long. De fait, sa capacité tombe à 576 To.
Dans cette configuration, l’ALTO-SX supporte quatre tiroirs de disques ALTO-EX 24 de format similaire, soit un total de 2,88 Po de capacité. Évidemment, l’ALTO-SX est conçue pour s’interfacer avec d’autres appliances ALTO-III et indexer ensemble les contenus.
Outre l’écran LCD en façade, les administrateurs ont accès depuis leur poste à une console web qui comprend plusieurs fonctions. ALTO Manager supervise le fonctionnement des disques durs installés. ALTO Connect propose de produire et de scanner (via une douchette ou un smartphone) des QR codes à coller sur chaque disque dur. Et ALTO Connect Database référence la position géographique de chaque disque dur selon son QR code.
Enfin, l’ensemble des contenus des disques durs est combiné dans un système de fichiers virtuel global qui est accessible sur le réseau comme un partage SMB. Disk Archive a par ailleurs développé une API pour donner un accès complet du contenu aux logiciels de sauvegarde ou de consultation qui s’efforcent de développer une interface. Une cinquantaine d’applications seraient compatibles. Parmi elles, les logiciels de sauvegarde d’Atempo, CommVault et Veeam.