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Alteryx se vend à ClearLake Capital et Insight Partners pour 4,4 milliards de dollars

Suite à la faible croissance de son chiffre d'affaires au cours des derniers trimestres, l'éditeur de solutions de gestion de données sortira de sa cotation, ce qui lui donnera le temps de se restructurer.

Alteryx a conclu lundi un accord en vue de son acquisition par les sociétés de capital-investissement ClearLake Capital Group et Insight Partners pour un montant de 4,4 milliards de dollars.

Selon les termes de l’accord, les actionnaires d’Alteryx recevront 48,25 dollars par action à la clôture de l’opération, qui reste soumise aux conditions de clôture et aux approbations habituelles et devrait avoir lieu au cours du premier semestre 2024.

Avant l’opération, Dean Stoecker, cofondateur de l’entreprise et actuel président du comité de direction, détenait 49 % « du pouvoir de décision », ce qui était considéré officiellement comme un risque à la fin du mois de septembre 2023. Alteryx n’a pas précisé si Dean Stoecker conserve son rôle.

Une fois l’acquisition réalisée, Alteryx, éditeur de solutions de gestion de données et d’analytique entré en bourse en 2017, sort de la cotation.

En raison de la faible croissance enregistrée au cours des derniers trimestres, l’acquisition n’est pas une surprise, selon Doug Henschen, analyste chez Constellation Research.

Après un solide quatrième trimestre 2022, où le chiffre d’affaires a augmenté de près de 75 % par rapport au quatrième trimestre 2021, la croissance du chiffre d’affaires d’une année sur l’autre a été de 26 % au cours du premier trimestre 2023, puis est tombée en dessous de 8 % au cours du troisième trimestre de cette année.

Pendant ce temps, l’action d’Alteryx, qui a culminé à plus de 178 dollars en juillet 2020, a plongé sous la barre des 30 dollars en août 2023 avant de rebondir légèrement.

« Je ne suis pas du tout surpris [par l’acquisition] », renchérit Doug Henschen. « L’entreprise avait annoncé qu’elle envisageait une vente après quelques trimestres de mauvais résultats ».

Malgré l’accent mis sur l’automatisation et d’autres fonctionnalités visant à aider les entreprises à gérer efficacement leurs données, Alteryx n’a pas terminé la transition de ses solutions on premise vers le cloud. Les sociétés de capital-investissement, quant à elles, ont pris l’habitude d’acquérir des entreprises spécialisées dans la gestion des données et l’analytique au cours de ce processus, remarque David Menninger, analyste chez Ventana Research.

Informatica, Qlik, Cloudera et Tibco ont toutes été rachetées alors qu’elles faisaient du déploiement de capacités « cloud-native » leur principal objectif.

« Je n’ai pas été particulièrement surpris », lance également David Menninger. « Non pas parce que je m’attendais à ce qu’Alteryx se positionne en vue d’une vente, mais parce que les investisseurs ont pris l’habitude de racheter des sociétés en pleine transition cloud ».

Une lente évolution vers le cloud

Alteryx, tout comme Informatica et SAP, fait partie des éditeurs indépendants reconnus sur le marché.

À l’instar de ses pairs, les outils d’Alteryx étaient initialement destinés aux data engineers et aux data analysts et à d’autres experts. Au fur et à mesure que l’analytique en libre-service a gagné du terrain, Alteryx a fait de la facilité d’utilisation une priorité en proposant des fonctions et des outils low-code/no-code visant à réduire le nombre de clics nécessaires pour modéliser les données.

Alteryx a toutefois tardé à introduire des fonctionnalités hébergées sur le cloud. Il n’a dévoilé son premier outil cloud-native qu’en mai 2021. Ce n’est qu’en février 2023 que l’ensemble de sa plateforme a été mise à la disposition en SaaS.

À l’inverse, Informatica a lancé son Intelligent Data Management Cloud en avril 2021.

L’équipe de direction d’Alteryx a été remaniée à partir de 2020 lorsque Mark Anderson a pris le poste de PDG, mais Dean Stoecker avait conservé la présidence du comité de direction. D’autres mouvements à la direction ont eu lieu, notamment l’embauche d’Alan Jacobson en tant que responsable des données et de l’analytique en avril 2019, la promotion de Paula Hansen au poste de présidente en février 2022 et la nomination de Keith Pearce au poste de responsable du marketing en février 2022.

Ce remaniement de la direction a permis de mettre l’accent sur les capacités « cloud-native ».

Contrairement à sa lenteur à adopter le cloud, Alteryx a été l’un des premiers éditeurs de gestion de données à introduire des capacités d’IA générative, en introduisant un moteur d’IA appelé Aidin en mai 2023.

Dans son rapport sur les résultats de septembre, Alteryx a prévu que les revenus de l’année 2023 augmenteraient de 11 % à 12 %. À titre de comparaison, les revenus de l’année 2022 ont augmenté de 60 % par rapport à 2021.

« Alteryx s’est lancée tardivement dans le cloud et a également connu une rotation importante de ses cadres au cours des dernières années, ce qui a intensifié les effets de vents contraires d’une conjoncture économique plus difficile », comprend Doug Henschen.

Outre les pénalités qu’elle s’est elle-même infligées, Alteryx a dû faire face à une concurrence plus rude ces dernières années, poursuit l’analyste.

Au-delà de ses rivaux historiques, Qlik et Tableau ont étendu leurs capacités de préparation des données. En outre, les géants du cloud proposent des plateformes de modélisation des données telles qu’Amazon SageMaker et Vertex AI de Google.

Les avantages de l’acquisition d’Alteryx

Selon M. Henschen, l’acquisition n’était donc pas seulement attendue, elle sera aussi très probablement bénéfique. La croissance du chiffre d’affaires étant en baisse, l’acquisition permettra à Alteryx de bénéficier d’une flexibilité financière et de temps pour se réorganiser.

« C’est une bonne chose pour Alteryx, car elle avait besoin d’un soutien financier et d’une restructuration sans être soumise à un examen public et minutieux de ses finances », affirme Doug Henschen. « Elle n’avait pas beaucoup d’autres options que d’être rachetée ».

Ce soutien financier était l’une des principales raisons pour lesquelles Alteryx a accepté d’être rachetée, affirme Mark Anderson dans un communiqué de presse, ainsi que « l’augmentation du fonds de roulement » et la « flexibilité » dont Alteryx bénéficiera en dehors de la cotation.

Qlik est passée par le même processus. Après cinq années passées en tant que filiale de Thoma Bravo, au cours desquelles elle a pu se réorganiser et faire de l’intégration des données une de ses principales capacités, Qlik a déposé un dossier d’introduction en bourse en janvier 2022, mais n’a pas pu le faire en raison des conditions défavorables du marché pour les introductions en bourse.

M. Menninger rejoint l’avis de Doug Henschen et ajoute que l’acquisition permettra à Alteryx de continuer à faire progresser ses capacités « cloud-native ».

« Alteryx a fait des progrès significatifs dans sa transition vers le cloud, mais il lui reste encore du travail à faire. »
David MenningerAnalyste, Ventana Research

« Alteryx a fait des progrès significatifs dans sa transition vers le cloud, mais il lui reste encore du travail à faire », signale-t-il. « Il est beaucoup plus facile de le faire sans l’examen minutieux des rapports trimestriels et des autres exigences de divulgation d’une société cotée en bourse ».

Les clients n’ont pas à s’inquiéter outre mesure, selon les analystes

Cette acquisition pourrait non seulement aider Alteryx, mais aussi profiter aux clients de l’entreprise.

Alteryx compte plus de 8 000 clients, selon son rapport sur les résultats du troisième trimestre. Ce chiffre se compare favorablement à celui d’Informatica qui, en 2022, déclarait avoir 5 000 clients. Et pas plus tard qu’au début de l’année 2022, Alteryx était en position de force pour réaliser une acquisition importante, en rachetant Trifacta – un spécialiste du data wrangling – pour un montant de 400 millions de dollars.

Si Clearlake Capital Group et Insight Partners tiennent leur promesse de soutenir le développement continu d’Alteryx, les clients en bénéficieront, indique David Menninger.

« Tant que les investisseurs reconnaissent l’importance de l’expérience client et n’imposent pas de mesures draconiennes de réduction des coûts, le résultat devrait être positif pour les clients », a-t-il déclaré. « Ils bénéficient d’une transition accélérée vers le cloud et d’une concentration accrue sur ce qui est vraiment important. L’expérience que nous avons tirée d’autres accords similaires suggère que les clients n’ont pas à s’inquiéter ».

M. Henschen ajoute que les clients d’Alteryx ont des raisons d’être optimistes. Toutefois, il est important que les nouvelles sociétés mères favorisent le développement de produits et ne réduisent pas trop leur personnel, ce que les sociétés de capital-investissement ont la réputation de faire.

« Alteryx dispose d’une base installée importante et l’actionnariat privé devrait apaiser les inquiétudes quant à l’avenir de l’entreprise, même s’il peut y avoir des préoccupations à court terme concernant les licenciements et la poursuite des investissements dans [la recherche et le développement] », explique-t-il. « Les clients doivent être soulagés que l’entreprise bénéficie d’un nouveau soutien financier. Mais ils doivent aussi voir que les nouveaux propriétaires investissent dans l’entreprise ».

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