Stockage : Huawei cible les PME avec une baie Dorado 2100 de pointe
Modulaire, la baie NAS permet de déployer jusqu’à 400 SSD de 15 To et intègre toutes les fonctions de routage habituellement disponibles en haut de gamme : tolérance de panne, réplication temps réel sur deux sites distants…
Huawei, le constructeur chinois qui, selon Gartner, serait le second plus gros vendeur de baies de stockage Flash dans le monde – après Dell, et, ce, sans en vendre une seule aux USA – lance ces jours-ci en Europe l’OceanStor Dorado 2100. La particularité de ce NAS est d’afficher des caractéristiques très, très haut de gamme tout en étant destiné aux PME et PMI.
« Nous avons conçu l’OceanStor Dorado 2100 pour qu’il prenne place dans les hôpitaux, dans les ateliers industriels, qui ont d’énormes exigences en matière de capacité, de protection et de vitesse, mais qui n’ont ni les budgets, ni les espaces des plus grands comptes », argumente Peter Zhou, le patron des produits Datacenter de Huawei, lors d’une visite à Paris.
« Son coût est 30 % inférieur aux autres NAS du marché, à l’achat comme à l’usage. Pour le prix d’un NAS à base de disques durs, nous proposons 28 fois sa vitesse et un tiers de consommation électrique en moins. Sa consommation électrique est en effet réduite à environ 1 W par téraoctet. Sa profondeur est 33 % inférieure à celles des autres NAS en Rack pour limiter les mètres carrés. Il s’installe tout seul au moment du déballage, il suffit de scanner son QR code avec un smartphone », énumère-t-il.
« Et, surtout, il est le seul NAS de cette catégorie à offrir une redondance active-active. C’est-à-dire qu’en cas d’incident sur un ou deux nœuds, il y en a toujours d’autres, dans le même rack, ou sur le même site, ou même sur un site distant, pour continuer l’activité », se félicite-t-il.
Huawei avait déjà lancé en septembre une baie OceanStor Pacific 9920, avec des caractéristiques similaires, mais conçue comme un SAN (partage des SSD en mode bloc).
Une architecture modulaire, contrôlée par des ARM optimisés
Physiquement, la machine est modulaire. Il est possible de disposer jusqu’à quatre boîtiers de partage SMB/NFS disposant chacun de deux contrôleurs et de 128 Go de cache (64 Go par contrôleur). Côté réseau, chaque serveur de partage dispose de quatre ports Ethernet qui prennent en charge individuellement jusqu’à 25 Gbit/s de débit. Côté stockage, chaque boîtier est relié en Fiber Channel à un maximum de quatre tiroirs de disques pour atteindre un maximum 100 SSD, soit 400 SSD dans une configuration à quatre boîtiers de partage.
Les SSD ont une connectique SATA 3.0 peu chère, mais Huawei affirme au MagIT qu’il s’agit de modèles TLC, plus performants en vitesse d’écriture que les habituels SSD QLC économiques que l’on trouve sur les équipements pour PME. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les SSD offrent chacun une capacité brute de 15 To au maximum. Le fabricant promet l’arrivée de modèles en 30 To dès le début de l’année 2024.
Peter ZhouPrésident produits datacenter, Huawei
Au cœur de l’électronique, ces équipements n’ont aucune puce Intel ou AMD, le fabricant chinois ayant l’interdiction du gouvernement américain de s’en procurer. À la place, on trouve des processeurs ARM « Kunpeng » que Huawei a développés lui-même, via sa filiale HiSilicon, et qu’il fait fabriquer dans les usines du fondeur chinois SMIC avec une finesse de gravure de 7 nm.
« Sans entrer dans les détails, nous sommes particulièrement fiers des capacités de nos processeurs, que nous pouvons optimiser au cas par cas. Nous avons dans nos baies de stockages des modèles qui intègrent des circuits d’accélération pour la gestion des disques et des accès. C’est en partie ce qui explique pourquoi nos baies de stockage sont moins chères, plus performantes et moins énergivores que toutes les autres qui se basent sur des processeurs de série », assure Peter Zhou.
Parmi les optimisations, Huawei cite un circuit Flash Transalation Layer qui diffère des circuits usuels de gestion de la mémoire NAND des SSD et qui réduirait la latence de moitié dans le cas des écritures de fichiers.
Des dispositifs « de pointe » pour répartir la charge
Côté système, Huawei vante des fonctions de répartition de charges dignes des meilleures baies NetApp. Ainsi chaque serveur embarque un système de fichier distribué qui route les paquets vers le disque le plus approprié ou vers un autre serveur, selon la charge des différents éléments et, ce, sans nécessiter de serveur de répartition de charge réseau en amont.
Ce dispositif serait par ailleurs épaulé d’un moteur d’intelligence artificielle qui apprend le type d’accès et de données usuels des serveurs applicatifs en amont et constitue au fur et à mesure une base de métadonnées affinant les règles de routage dynamique. Le moteur d’IA est programmé pour maximiser l’utilisation des caches sur chaque contrôleur. En pratique, un utilisateur physiquement connecté à un instant T à un boîtier de partage accéderait aussi vite aux données gérées directement par les contrôleurs de ce boîtier qu’à celles gérées directement par les contrôleurs d’un autre boîtier.
Évidemment, cela va de pair avec un troisième dispositif d’Erasure Coding, qui s’assure d’écrire les blocs de données sur plusieurs disques à la fois, dans plusieurs tiroirs, accessibles par différents nœuds de partage.
C’est ainsi que, selon la documentation, si un nœud serveur tombait en panne, il ne faudrait pas plus de dix secondes aux utilisateurs du réseau pour récupérer l’accès aux données qu’il gérait. Ce dispositif interne de répartition serait accessoirement conçu pour limiter l’usure des SSD.
Et c’est aussi sur la base de ce système de routage que la baie OceanStor Dorado 2100 serait capable de copier en temps réel ses écritures vers une autre baie présente sur le réseau. Qu’il s’agisse d’une baie physiquement installée au même endroit, ou dans un autre lieu accessible via une connexion privée. Le système prend en charge une réplication vers deux baies, de sorte à pouvoir déployer une redondance entre trois sites distants.