VMware : les clients seront désormais forcés de s’abonner
Broadcom, la nouvelle maison mère de VMware, a décidé que les entreprises ne pourront plus acheter une bonne fois pour toutes ses logiciels dans l’espoir de les rentabiliser sur la durée.
Broadcom, la nouvelle maison mère, a décidé d’arrêter net dès cette semaine la vente de licences perpétuelles pour tous les produits VMware. Désormais, chaque nouveau client devra payer un abonnement mensuel s’il veut utiliser vSphere (virtualisation de serveurs), vSAN (hyperconvergence) et autre produit du portefeuille Tanzu (outils DevOps pour Kubernetes).
Ceux qui avaient déjà acheté une bonne fois pour toutes l’un de ces logiciels en comptant les faire durer le plus longtemps possible pour rentabiliser l’investissement (et qui l’avaient fait le plus souvent en achetant des serveurs Dell, HPE ou Lenovo préconfigurés) ne pourront plus non plus souscrire à un contrat additionnel de support. Désormais, produits et support sont commercialisés ensemble sous la forme d’un abonnement mensuel.
« Cela faisait de toute façon deux ans que VMware avait entrepris de simplifier son portefeuille et de passer d’un modèle perpétuel à un modèle d’abonnement. L’enjeu est de mieux servir les clients grâce à une innovation continue, un délai de rentabilisation plus court et des investissements prévisibles », explique Krish Prasad, le directeur général de la nouvelle division VMware Cloud Foundation.
« Cette évolution est la suite logique de notre stratégie pluriannuelle visant à faciliter l’accès des clients à nos offres existantes et à nos nouvelles innovations. VMware estime qu’un modèle d’abonnement permet à ses clients de bénéficier de l’innovation et de la flexibilité dont ils ont besoin dans le cadre de leurs transformations numériques », vante-t-il.
L’abonnement, un sujet de polémique
L’abonnement est généralement présenté comme permettant de bénéficier automatiquement des nouvelles versions, sans avoir à racheter le logiciel pour utiliser une version plus moderne. Le revers de cette médaille est qu’une entreprise est dès lors tributaire de tarifs que le fournisseur peut changer d’un mois sur l’autre ; et surtout qu’elle paie en permanence, ad vitam aeternam, sans plus aucun espoir de faire des économies sur la durée.
Dans une déclaration à Forbes la semaine dernière, Tom Krause, le patron de la branche logicielle de Broadcom, expliquait qu’il comptait faire passer le chiffre d’affaires de VMware de 4,7 à 8,5 milliards de dollars en trois ans grâce à ce système d’abonnement.
Les seuls clients qui échappent temporairement à cet abonnement sont ceux qui ont eu la présence d’esprit de négocier un nouveau contrat de support le plus long possible dans les quelques heures qui ont précédé ou suivi le rachat de VMware par Broadcom, juste avant l’officialisation des nouvelles politiques commerciales. Un phénomène qu’avait prédit Rajiv Ramaswami, le PDG du concurrent Nutanix.
VMware encourage les entreprises qui détiennent actuellement des licences perpétuelles à contacter le plus rapidement possible les antennes locales de l’éditeur pour évaluer si elles peuvent bénéficier de remises commerciales sur le prix de l’abonnement.
Dans les faits, les clients de Dell ou de HPE paieront l’abonnement VMware dans l’abonnement global que ces constructeurs proposent désormais aux entreprises, soit respectivement leurs offres commerciales Apex et GreenLake. Ces dernières, optionnelles, deviennent subitement un peu plus obligatoires.
En tout cas, vSphere existe toujours
Une bonne nouvelle est que Broadcom reparle de vSphere et vSAN. Dans un premier temps, la nouvelle maison mère n’axait sa stratégie qu’autour de Cloud Foundation, la version de vSphere dédiée aux prestataires qui veulent déployer un datacenter virtualisé pour le revendre à la découpe sous forme de cloud IaaS. Il existe donc bien toujours un vSphere, baptisé désormais vSphere Foundation, qui permet aux entreprises de déployer des serveurs virtuels pour leur propre usage.
En revanche, vSAN ne pourra plus être déployé que sous la forme d’une option additionnelle à vSphere Foundation. Il n’est plus possible de souscrire à vSAN tout seul quand on utilise seulement des infrastructures hyperconvergées et aucun autre serveur virtuel. De la même façon, tous les logiciels liés à vSphere (réseau NSX, outils d’administration Aria…) sont désormais facturés comme des options mensuelles.
On note que tout ce qui a trait à la gestion des applications en multicloud – qui est regroupé dans une mystérieuse entité « Application Network and Security » et qui pourrait intégrer les logiciels de Symantec et de CA que Broadcom avait précédemment rachetés – ne sera commercialisé qu’en option de Cloud Foundation. Mais pas avec vSphere Foundation. Il en va a priori de même pour de futurs développements autour de l’IA, alors qu’ils étaient initialement prévus, eux aussi, pour vSphere.
Et pour que cela soit clair : les produits estampillés vSphere Foundation sont affiliés à la division Cloud Foundation, du nom du produit sur lequel Broadcom semble miser l’essentiel de ses efforts. On note également que le coût de l’abonnement à Cloud Foundation est en ce moment divisé par deux par rapport au tarif précédemment appliqué par VMware. Broadcom n’indique pas précisément si cette réduction s’applique aussi à vSphere.
Broadcom n’indique toujours pas non plus quel avenir il réserve à Carbon Black et à Horizon, les gammes de produits de VMware qui adressent respectivement les besoins de cybersécurité et de VDI (postes distants). Les analystes s’accordent à dire que Broadcom pourrait les revendre sous peu.
Selon diverses sources, Broadcom aurait déjà licencié depuis le rachat plus de 2 800 employés de VMware aux USA, en attendant d’autres annonces d’ici à janvier, notamment à l’international. Tous les salariés restants sont désormais interdits de télétravail ou appelés à démissionner si cela ne leur convient pas.