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OVHcloud se revendique en alternative crédible à AWS, Azure et GCP
Lors de l’OVHcloud Summit, le cloudiste français a confirmé son virage vers le PaaS avec une gamme de désormais 40 services, dont trois nouveaux dans l’IA et la gestion de données (Data Platform). De quoi faire de son cloud public une alternative aux hyperscalers pour tous les DSI, assurent aujourd’hui ses dirigeants.
Lors de son évènement annuel OVHcloud Summit, le cloudiste français a tenté avec une pluie d’annonces de montrer que, désormais, il était une véritable alternative aux GAFAM, peut-être pas par la taille, mais techniquement.
« Pas par la taille », car même si OVH tutoie les 900 millions € de chiffre d’affaires et qu’il emploie 2 900 personnes, il ne fait que 154,6 millions dans le cloud public (et 560 en cloud privé). Ce segment est toutefois le plus dynamique (+22 % contre une croissance de +13,4 % pour tout OV), souligne Michal Paulin, DG de la société.
Mais une alternative tout de même, insiste-t-il, « la seule européenne avec une présence mondiale… malheureusement », regrette-t-il en conférence de presse.
De fait, aujourd’hui, OVH possède 38 datacenters dans 9 pays (France, Allemagne, Pologne, Royaume-Uni, Inde, Singapour, Australie, Canada et États-Unis) qui hébergent 450 000 serveurs physiques.
Des mini-clouds pour s’implanter dans de nouveaux pays
Première annonce clef du Summit, cette présence va se décupler, promet Octave Klaba. OVH va en effet ouvrir 150 « local zones » dans les trois ans. Ces « zones » sont de mini data centers (en colocation) qui ne proposeront, dans un premier temps, que quelques services de son IaaS et de son PaaS. Car oui, martèle OVH, il possède un PaaS (lire ci-après).
Ces instances pourront même être déployées derrière les murs d’une entreprise en mode Edge on-prem (l’offre est issue du rachat de Gridscale).
Les deux premières Local Zones seront ouvertes à Madrid et à Bruxelles.
Ces mini-présences sont surtout destinées à tester les marchés rapidement, voire les besoins locaux, et, le cas échéant, augmenter de manière ciblée la présence d’OVH dans de nouveaux pays.
Dans le même temps, OVH continuera d’ouvrir de « vrais » data centers pour arriver à 45 implantations en 2024.
OVH accélère son virage PaaS
En plus de cette expansion géographique (la société fait déjà plus de 50 % de son CA à l’international), OVH étoffe son portefeuille de produits PaaS. Le cloudiste revendique aujourd’hui 40 services – contre 10 seulement en 2021.
Ce virage PaaS va, logiquement, se poursuivre sous l’influence de l’Intelligence artificielle.
D’abord en incluant des produits PaaS dans les offres SecNumCloud.
Ensuite en ajoutant de nouveaux services aux portefeuilles, que ce soit dans la gestion des données (Data Plateform), le DBaaS (un MongoDB managé), l’IA (AI App Builder, AI Endpoints), la sécurité et le chiffrement (avec un KMS), ou dans le quantique.
OVH n’en oublie pas pour autant le IaaS avec une nouvelle génération d’instances de Compute et de GPU, ou un service de gestion de clusters de conteneurs (Rancher).
Mais c’est bien le PaaS qui est au centre de la stratégie de diversification.
Octave Klaba n’hésite pas, par exemple, à présenter la prochaine Data Platform – une nouvelle solution de gestion des données, de bout en bout, qui va de l’ETL/ELT à la Dataviz en passant par le processing – comme un concurrent potentiel de Databricks et de Snowflakes.
Deux autres annonces majeures confirment cette importance du PaaS : AI App Builder et AI Endpoints.
AI App Builder et AI Endpoints : l’IA clef en main
AI App Builder est un outil low-code/no-code pour construire en « 6 clics des applications d’IA générative, raisonnables et raisonnées », lance le CTO d’OVHcloud, Thierry Souche (ex-DSI d’Orange).
En résumé, l’utilisateur choisit un modèle, puis uploade les documents sur lesquels il souhaite entraîner le LLM (« sans connaissance des bases vectorielles et sans avoir besoin de savoir ce qu’est un RAG », explique le CTO). L’étape suivante consiste à tuner le modèle simplement (prompt engineering, encadrement des demandes et des réponses). Et le modèle est déployable.
AI Endpoints, pour sa part, sera un ensemble d’outils infusés à l’IA, utilisables clef en main ; « les commodités de l’IA », comme les qualifie Octave Klaba. Par exemple, l’inférence d’un LLM (non personnalisé), un service de détection d’images (pour la modération), la transcription (voice to text) ou encore la traduction.
OVHcloud vise 200 endpoints, confie Octave Klaba. « 200 inférences différentes, avec de l’open source et/ou des solutions propriétaires. Nous voulons laisser la liberté au client de choisir la meilleure inférence en fonction de ses besoins ».
« Et c’est là que cela devient très intéressant », continue-t-il. « Car on ne parle plus de plateforme, ni de techno, ni d’inférence, d’entraînements, de data sets, ou d’algorithme. On parle des usages. “Que voulez-vous faire ? Quelle est votre problématique ? Quel problème voulez-vous résoudre ?” On monte dans les couches », se réjouit le fondateur d’OVH.
OVHcloud à parité des hyperscalers ?
Quand on lui demande si, avec ces 40 services, OVH est aujourd’hui à parité avec les hyperscalers – et ce qu’il pense de l’argument de certains DSI qui justifient leurs choix d’aller vers les GAFAM au motif qu’il n’y aurait pas d’alternative équivalente en Europe, la réponse fuse.
« Nous avons levé 350 millions pour financer ces 40 produits fondamentaux du cloud public. Quand on en avait 30 %, effectivement, certains pouvaient nous dire “oui, mais on a encore besoin de ci ou de ça, etc.” », admet-il.
« Mais c’était il y a deux ans. Nous avançons à grands pas. Notre vitesse de développement en interne est hebdomadaire », confie-t-il au MagIT.
« Moi je regarde nos clients », renchérit Michel Paulin pour qui la Data Plateform peut par ailleurs rivaliser avec n’importe quelle offre – y compris celle des hyperscalers. « Je suis un peu las de l’argument ressassé depuis 6 ans [N.D.R. : date de l’arrivée de Michel Paulin à OVHcloud et du lancement de l’offre cloud public] par ceux qui disent que “de toute façon la guerre est perdue, c’est fini”. Regardons les faits ! Aujourd’hui on a le Crédit Agricole, la Société Générale, Airbus, Auchan, Michelin. […] OVH croît beaucoup dans les grands comptes. […] Nous arrivons aussi à convaincre des groupes en Allemagne, en Espagne, en Italie. »
Octave KlabaCo-fondateur de OVH
« Depuis deux ans, nous avons recruté », ajoute Octave Klaba. « Nous avons racheté plusieurs entreprises, nous avons passé en production les premiers services. Des offres sont en train d’arriver. Tout ça est en train de s’interconnecter. […] On a une équipe de malades. On développe le produit. Ça se fait au biceps, c’est sûr. Et en face de nous, on a le lobbying des plus grosses boîtes du monde. Ce ne sont pas des “tiers 2″ ! Ce sont des entreprises parmi les plus puissantes au monde ! Alors, forcément, le chemin est dur. Mais on est discipliné dans l’exécution. On sait où on va et chaque année il y a des progrès et des résultats par rapport à la stratégie que l’on est en train de dérouler ».
« Nous en avons encore pour 12 mois [pour que] tout soit disponible à travers des API et Terraform – et aller jusqu’au bout des expériences du DevOps. Donc les excuses que sortent certains, aujourd’hui je peux encore les comprendre. Mais dans 12 mois, non », tranche-t-il.
« Après on ne convaincra pas tout le monde tout de suite. C’est comme dans les années 80 et 90, quand on disait qu’aucun DSI ne se ferait licencier pour avoir choisi IBM ; alors que s’ils choisissaient autre chose, ils pouvaient. Là c’est pareil. [Choisir autre chose] viendra avec le temps. Et moi… j’ai le temps… Peut-être que j’aurais mis 50 ans de ma vie à y arriver. Mais ce n’est pas grave. On va y arriver. »