Mon datacenter dans une cabane
Moins connu en France que d’autres acteurs tel Schneider Electric, Vertiv propose des datacenters en kit. Son dernier modèle est en bois.
Vertiv conçoit des datacenters en kit. Autrement dit, il commercialise des containers entièrement équipés ; racks, onduleurs UPS (Uninterruptible power supply), système de refroidissement par air, eau, ou les deux, et autres systèmes auxiliaires comme le traitement de l’eau. Ces datacenters PFM (Prefabricated and Modular) sont construits non pas sur le lieu même où sera installé le centre de données, mais dans les différentes usines de Vertiv en Europe : à Tognana (Italie) pour les systèmes de gestion d’énergie ; à Volyně (République tchèque, pour les racks), en Croatie, en Irlande du Nord, etc.
Questions chiffres, Vertiv dispose de 9 usines dans la zone EMEA sur un total de 22 dans le monde, emploie 27 000 personnes et réalise 5,7 mds $ de ventes. En France, Vertiv est moins présent qu’en Italie ou en Espagne.
« En matière de data centers, la France est plus mature. Mais nous commençons à reprendre des parts de marché », justifie Jean-Pierre Tournemaine, Directeur régional Europe du Sud et Directeur général Vertiv France.
Balèze le mélèze
Sa R&D (en croissance annuelle de 11 %) lui a permis une nouvelle trouvaille : construire un datacenter dans un container en bois massif, en l’occurrence un conifère particulièrement résistant, le Mélèze. Vertiv l’a présenté (physiquement) lors de sa conférence Vertiv Driving Innovation 2023, qui s’est tenue à Zagreb (Croatie) fin novembre.
Celui-ci ne prend pas feu avant 50 min, un point important quand on évoque le bois. Les raisons pour constituer un data center dans une telle structure ? : « La première est environnementale. Cela permet de construire des containers sur place, avec une réutilisation assurée. La responsabilité environnementale est devenue un enjeu crucial pour les entreprises », affirme Tea Helman Jukić, Architecte principale et fondatrice du studio Helman & Jukić.
Et d’ajouter : « Il existe quatre attitudes pour être responsable écologiquement : ne rien bâtir, construire moins, construire plus intelligemment, et enfin plus efficacement. Construire plus intelligemment et efficacement est possible avec des modules préfabriqués ».
Évidemment, Vertiv a effectué des analyses et calculs pour trouver le meilleur matériau en termes écologiques. Les containers en métal que l’on trouve à bord des cargos – on se souvient de cette piste lancée il y a quelques années par Sun – ne se sont pas révélés les meilleurs, même s’ils peuvent servir de centre de données provisoire. En fait, la forêt consomme du CO2 et le bois qui en est issu est adapté à une économie circulaire.
Les datacenters modulaires, l’avenir ?
Les centres de données PFM sont-ils le futur ? Bien sûr, en tant que spécialiste du domaine, Vertiv y croit. Ses containers n’ont pas une taille fixe, mais adaptée aux souhaits du client. Et par conséquent, la puissance d’un seul module peut varier, jusqu’à plusieurs mégawatts.
Karsten WintherPrésident EMEA, Vertiv
De plus, ces data centers modulaires sont facilement extensibles – horizontalement ou verticalement, selon la nature du terrain – avec l’ajout d’autres containers. Et cela s’applique aux vieux datacenters, comme l’explique Karsten Winther, Président EMEA de Vertiv : « Il existe une énorme base installée avec une faible densité et refroidie par air. Ces investissements passés peuvent être employés pour des objectifs futurs, et nous pouvons procéder à du retrofitting pour de nouvelles applications ».
La mise en œuvre est rapide (quelques mois), étant donné que tous les éléments nécessaires à l’infrastructure du datacenter sont disponibles chez Vertiv.
Les applications en vogue actuellement, notamment l’intelligence artificielle (IA), constituent de fait un autre argument en faveur de ces centres de données. Suivant les logiciels d’IA, un refroidissement par eau, par eau et air, ou par air uniquement est utile. Car les algorithmes d’IA ont besoin parfois de puissance processeur phénoménale (d’où l’intérêt des GPU) ou de lectures disque ultrarapides (et donc de disques Flash). Mais les consommations électriques sont bien différentes.