IBM dévoile son NAS haut de gamme SSS 6000
La baie de SSD offre 5,65 Po utiles et 7 millions d’IOPS dans un boîtier 4U. Surtout, elle supporte des fonctions de haut niveau, comme la connexion directe aux GPU de Nvidia, pour accélérer les moteurs d’IA.
IBM annonce une nouvelle baie de stockage NAS Storage Scale System 6000 conçue pour le supercalcul et l’intelligence artificielle. Prenant la forme d’une appliance 4U contenant 48 SSD de 38 To, elle offre une capacité brute de 1,44 Po, soit 5,65 Po utiles en comptant la compression à la volée des données. Elle atteint 7 millions d’IOPS, notamment via 16 cartes Ethernet en 200 Gbit/s ou Infiniband en 400 Gbit/s.
Comparativement, l’ESS 3500, l’actuel NAS haut de gamme d’IBM, propose une capacité utile de 9210,5 To via 24 SSD dans un châssis 2U, avec 1,2 million d’IOPS.
L’une des caractéristiques saillantes de ces baies et l’utilisation de SSD non ordinaires. À la manière de Pure Storage, IBM se fait fabriquer des modules Flash sur mesure, qu’il appelle FCM (FlashCore Module) et qui, dans la dernière génération, atteignent un débit de 256 Go/s en lecture.
Grâce à Storage Scale, son système de type SDS (qui transforme un cluster de serveurs en baie de stockage virtuelle), il est possible d’assembler un millier de SSS 6000 pour démultiplier la capacité les IOPS. L’ensemble des données est partagé en mode fichier (NFS ou SMB) et en mode objet (S3).
« Ce sont des caractéristiques impressionnantes pour un NAS vendu à des entreprises, d’autant plus que le SDS se base sur le système de fichiers parallélisé GPFS conçu pour supporter les accès de milliers de serveurs dans les centres de supercalcul », commente l’analyste Brent Ellis, du cabinet Forrester.
« Cela signifie que la carrière du NAS en général connaît un rebond. Il ne s’agit plus seulement d’un stockage pour partager des documents, mais véritablement d’un stockage primaire pour servir les applications critiques. »
Il note ainsi qu’IBM présente sa SSS 6000 comme un stockage possible pour les clusters SAP, alors que ceux-ci utilisent d’ordinaire des baies SAN, en mode bloc. Le mode bloc est traditionnellement celui qui offre de meilleures performances, car les serveurs sont directement connectés aux disques, comme s’ils étaient les leurs, sans passer par un protocole réseau NAS.
Une baie de stockage pour l’IA
Mais il y a mieux. IBM a pensé son nouveau NAS pour les applications de hautes performances exécutées sur des GPU Nvidia, traditionnellement les moteurs de Machine learning et les algorithmes HPC. En l’occurrence, la baie SSS 6000 prend en charge le dispositif GPUDirect Storage Magnum IOTM de Nvidia, un logiciel qui permet de transférer directement les données entre le stockage et la mémoire du GPU. Cela réduit le délai de chargement des données, durant lequel les GPU sont inactifs. Selon Nvidia, ce dispositif accélère grandement les travaux d’IA et de supercalcul.
Pour supporter ce dispositif GPUDirect, IBM utilise ses connecteurs Ethernet un protocole RoCE. Le GPUDirect est également supporté nativement sur le réseau InfiniBand, RoCE et InfiniBand ont la particularité de transmettre des données directement stockables en mémoire plutôt qu’empaquetées sous forme de trames.
Le lancement de cette machine simultanément à la version installable sur site de Watsonx, l’IA générative d’IBM, ne serait pas un hasard. « Ils sont faits pour aller ensemble », note Randy Kerns, analyste chez Futurum Group.
« Je pense que plusieurs entreprises externaliseront la formation de modèles d'IA auprès de services spécialisés, en raison des coûts en serveurs que cela suppose. Toutefois, l'inférence, ou la résolution de la tâche pour laquelle l'IA a été formée en se basant sur des données propres à une entreprise, sera effectuée en interne. Et l’inférence peut aussi reposer sur des GPU, pour un coût moindre », estime Brent Ellis. Il imagine que le SSS 6000 prendra ainsi aussi bien place dans les datacenters privés que chez les fournisseurs de cloud.
Parmi les autres caractéristiques, on note que Storage Scale supporte de présenter des répertoires qui ne sont pas physiquement sur ses disques, mais hébergés en cloud. Cette fonctionnalité doit notamment permettre de faciliter le partage des documents entre plusieurs succursales, ainsi que les copies de secours enregistrées hors site. Un autre point important, selon les analystes, serait la prise en charge complète du fonctionnement POSIX propre aux systèmes de fichiers Linux.
« Pendant des années, IBM revendait sous sa marque les NAS de NetApp. Cet accord ayant pris fin, on ne peut que se féliciter de constater qu’IBM s’est efforcé de maintenir des fonctionnalités pointues », estime Randy Kerns.