Multicloud et Green IT : sujets clefs pour les clubs utilisateurs Oracle
Il n’en a pas toujours été ainsi, mais l’Association des Utilisateurs Francophones d’Oracle (AUFO) et le Club utilisateurs JD Edwards se disent satisfaits de leurs relations avec l’éditeur et de sa stratégie. Le numérique responsable constitue par ailleurs une de leurs priorités.
Les relations entre éditeurs d’ERP et clubs utilisateurs francophones connaissent des hauts et des bas. Entre l’USF et SAP, il y a ainsi eu de la friture sur la ligne ces derniers mois. La faute notamment à la question des frais de maintenance.
Chez Oracle, en revanche, pas de remous. Les relations semblent apaisées. C’est ce qui ressort en tout cas de la journée annuelle de l’Association des Utilisateurs Francophones d’Oracle (AUFO) et du Club JD Edwards organisée en octobre. Un sentiment confirmé auprès du MagIT par ses deux co-présidents, Emmanuel Ruez et Yohann Garcia.
Une écoute mutuelle entre utilisateurs et éditeur
« Nous travaillons en bonne intelligence avec l’éditeur. Nous savons remonter des points de blocage ou des problématiques nécessitant une attention particulière de la part d’Oracle », déclare Yohann Garcia.
Cette méthode, le Club JD Edwards l’applique par exemple sur le sujet des nouvelles dispositions fiscales. Une commission de membres de l’association est en cours de constitution. Sa mission sera d’identifier les besoins associés à l’évolution législative, ainsi que des points de vigilance pour Oracle. « Mieux vaut prévenir que guérir », explique son président.
Cette pratique a déjà fait ses preuves, poursuit-il. Et l’éditeur aurait déjà répondu présent en associant des représentants de ses équipes. « Nous préférons être dans cette relation de l’anticipation et de la discussion », assure-t-il encore. La direction France d’Oracle et l’AUFO réalisent ainsi, entre autres, un point deux fois par an.
D’autres échanges réguliers interviennent pour « affiner la relation », et pas uniquement pour aborder les sujets consensuels. Le résultat, c’est notamment la participation d’Oracle à la journée de ses utilisateurs, incarné en 2023 par la présence de Benoît Frémont, le directeur de la division licences. Parvenir à un tel bilan ne s’est pas fait sans conflits. « C’est le fruit d’une construction et d’une volonté intelligente des deux parties. »
« La qualité de cette relation avec Oracle n’a pas toujours été au rendez-vous », reconnaît Emmanuel Ruez. Le co-président se souvient de « l’agressivité » passée de l’éditeur sur le licensing et les prix. « Ce n’est plus d’actualité, mais ce phénomène pourrait réapparaître si l’agressivité commerciale d’Oracle augmente. », prévient-il toutefois.
Le ralliement de Larry Ellison au multicloud
Au niveau produit et communication, les attentes sont globalement satisfaites aussi. Les dirigeants de l’AUFO notent que lors du CloudWorld 2023 en septembre, Larry Ellison s’est adouci. Il a aussi une « nouvelle marotte » : l’intelligence artificielle.
« Mais il n’est pas le seul », ajoute Emmanuel Ruez. « Il [Ndlr : le CTO et fondateur d’Oracle] n’a même pas évoqué violemment AWS. Il n’a pas non plus insulté ses concurrents. Est-ce que notre Larry se ramollit ? », s’amuse-t-il en introduction de la rencontre annuelle de l’association. Néanmoins, ce Larry cru 2023 n’est pas pour déplaire, en particulier lorsqu’il fait la promotion du multicloud.
Emmanuel RuezAUFO
« Pour nous, le multicloud n’est pas une découverte. Mais c’est une très bonne nouvelle que cela l’intéresse. Souhaitons que l’accord établi entre Oracle et Microsoft soit les prémices d’autres accords », espère Emmanuel Ruez.
Cette thématique l’emporte globalement en termes d’intérêt sur celle de l’IA générative, même si dans des secteurs comme le médical, l’impact de l’IA s’annonce fort, concède-t-on.
Sur les métiers de gestion, comme la finance ou les RH, « l’influence de l’IA est plus compliquée à percevoir aujourd’hui […] Dans les domaines de gestion plus classiques, l’IA me paraît plus un mot qu’une réalité opérationnelle », nuance Emmanuel Ruez.
Sur le multicloud, son soutien est donc sans ambiguïté. Concernant le numérique responsable et la RSE, l’AUFO salue également l’action d’Oracle même si pour le Shift Project, qui participait à la conférence, l’éditeur peut mieux faire au travers d’engagements plus fermes et ambitieux.
L’apaisement bienvenu sur le SaaS, sauf sur les prix
Le président de l’association apprécie aussi la fin de l’opposition entre SaaS et on-premise. Les utilisateurs de SAP aimeraient sans doute en dire autant. « Auparavant, Oracle misait à fond sur le SaaS. C’est beaucoup moins vrai à présent. J’anticipe une évolution dans les entreprises qui permettra une cohabitation pérenne entre SaaS et mode licence », avance le président de l’AUFO.
Emmanuel RuezAUFO
Emmanuel Ruez explique en partie ce constat par une inflation des coûts du SaaS, produite par l’inflation des usages. « Oracle et les autres éditeurs vont devoir trouver une réponse à cette équation : comment proposer du SaaS qui ne soit pas de plus en plus cher ? La martingale n’est pas encore trouvée. »
Yohann Garcia (Club JD Edwards) n’éprouve pas non plus de crainte quant à une hégémonie potentielle du cloud, y compris sur l’innovation et les fonctionnalités. Le représentant se réjouit des innovations régulièrement apportées aux versions on-premise de JD Edwards.
« Oracle est assez intelligent sur son offre en ne mettant pas en opposition cloud et on-prem, mais en étant plutôt là où les DSI l’attendent, c’est-à-dire une juste combinaison. C’est en tout cas notre perception. »
« Vouloir imposer le SaaS à tout prix, je me demande si ce n’est pas la guerre d’hier », réagit son confrère. Le programme Apps Unlimited d’Oracle a donc « eu un succès fou » auprès des entreprises, même si « au début, nous n’y avons pas cru. Oracle n’arrivait pas à nous convaincre que c’était une réalité. »
Le numérique responsable : une exigence et une préoccupation durable
Dans ce contexte d’écoute mutuelle, l’AUFO et le Club JD Edwards en profitent pour entériner leur rapprochement et répondre aux attentes des membres. Cela se traduit par une co-présidence. Les actions communes, elles, ne sont pas nouvelles.
« Nous avons des webinars en commun et nous réfléchissons à des synergies de plus en plus fortes entre nos clubs », annonce Yohann Garcia. Le Covid a participé à ce mouvement et la dynamique sur les webinaires reste importante depuis la pandémie, assure-t-il. Ces rendez-vous sont l’occasion d’aborder des thématiques à la fois techniques et fonctionnelles.
Yohann GarciaClub JD Edwards
Du côté de JDE, la finance demeure le sujet de prédilection. Les problématiques telles que la logistique et la supply chain trouvent aussi leur place. Et pour approfondir, les deux clubs développent sur des journées entières des formats ateliers.
« Au moins 50 % des échanges sont consacrés à la mise en commun entre les utilisateurs de bonnes pratiques afin de pouvoir capitaliser ensemble sur les réussites, mais aussi sur les points d’alerte », poursuit son président.
La présence – non systématique – d’Oracle lors de ces réunions est l’opportunité de nourrir la discussion avec l’éditeur. Les ateliers constituent donc une évolution plébiscitée par les membres des deux clubs. En 2022, 42 rendez-vous (tous formats confondus) ont été organisés. Début octobre 2023, ce chiffre était de 32.
Emmanuel Ruez est bien décidé à maintenir la cadence. Car ces échanges sont largement plébiscités et les « clubs se portent très bien. »
Deux thématiques transverses sont amenées à prendre de l’importance au niveau interclubs : l’intelligence artificielle et ses usages, ainsi que le numérique responsable.
Ce sujet était d’ailleurs, pour la deuxième année consécutive, le thème principal de la conférence. Les présidents des clubs se défendent de tout opportunisme ou tentation de verdir les débats. « Nous abordons des thématiques qui correspondent aux besoins de nos utilisateurs. Et si nous devons le traiter cinq années de suite, nous le ferons. C’est une conviction comme pour nos membres. Nous ne cherchons pas à être dans l’effet de mode », insiste le responsable de l’AUFO.
Même sentiment du côté du club JDE. « C’est un fil rouge et il y a de multiples bonnes pratiques à partager. Les entreprises y sont de plus en plus sensibilisées. Nous nous devons d’être des relais sur ce sujet du numérique responsable. »