Cet article fait partie de notre guide: Stockage : guide de la stratégie de NetApp

NetApp se lance sur le segment du stockage bloc à petit prix

NetApp Insight 2023. Reprenant la formule de ses baies NAS économiques, les AFF de Serie C, NetApp décline ses récentes baies SAN en modèles ASA de Série C à 50 centimes le Go.

Un cran plus loin dans le stockage en mode bloc. NetApp dévoile cette semaine la déclinaison économique, alias « Série-C », des baies SAN ASA A250, A400 et A800 qu’il a lancées au début de l’été. À l’instar des baies NAS AFF qui ont également connu une déclinaison en Série-C en février dernier, il s’agit de remplacer les SSD TLC très rapides en écriture par des SSD QLC qui offrent une meilleure capacité à prix équivalent.

Le tarif est fixé à 50 centimes par Go de capacité brute, soit, à capacité équivalente, à peine 20 % plus cher que les baies FAS pourvues de disques durs.

« Nous pouvons nous flatter de commercialiser aujourd’hui les baies de stockage en mode bloc qui présentent le meilleur équilibre du marché en termes de performances et d’économie. Vous pouvez enfin doter votre VMware ou votre SAP/HANA des performances des SSD NVMe, au prix des disques durs », a lancé, euphorique, Harv Bhela, le directeur des produits chez NetApp, lors de l’événement annuel NetApp Insight, qui se tient cette semaine à Las Vegas.

L’ASA 250C, en boîtier 2U, supporte une capacité maximale de 735 To bruts. L’ASA 400C, en 4U avec un tiroir de SSD optionnel en 2U grimpe à 1,46 Po brut. L’ASA 800C, également en 4U et avec trois tiroirs de SSD optionnels de 2U, atteint 3,7 Po bruts. Ces baies sont dotées d’un dispositif de réduction des données à la volée d’un facteur 4, ce qui porte leur capacité utile à, respectivement, 2,9, 5,9 et 14,7 Po. De plus, ces trois baies peuvent être déployées en un cluster de six nœuds, pour atteindre, respectivement, 17,5, 35,5 et 88 Po de capacité utile.

Les connectiques proposées comprennent NVMe/TCP, NVMe/FC, FC et iSCSI.

Prendre des parts de marché à Pure Storage

Toute ressemblance avec les FlashArray//C, les baies de stockage en mode bloc à base de SSD QLC de Pure Storage (C50 en 3U pour 482 To bruts, C70 en 6U pour 1,3 Po brut et C90 en 9U pour 2,3 Po), serait fortuite. Selon NetApp.

« Il faut rétablir une vérité. Nous ne sommes pas des suiveurs sur le marché des baies de stockage en mode bloc. Cela fait des années que nos baies AFF offrent du mode bloc. Depuis tout ce temps, nous avons 20 000 clients qui utilisent ce mode sur nos AFF. Et même 5 000 d’entre eux qui n’utilisent que ce mode-là », intervient Simon Decarpentries, directeur des projets cloud pour NetApp France, lors d’une discussion avec LeMagIT.

« Toutes nos baies, AFF comme ASA, fonctionnent sur le même système OnTap. Elles sont complémentaires et c’est bien plus simple à gérer pour les DSI qui exploitent à la fois des NAS et des SAN. »
Mathieu JametIngénieur solutions, NetApp France

« Avec la gamme ASA, nous n’inventons rien de nouveau. Il s’agit juste pour NetApp de se positionner différemment sur le marché, pour rassurer les entreprises qui ne connaissent pas NetApp quant à ses compétences en mode bloc », ajoute-t-il.

« Et concernant le concurrent auquel vous faites référence, force est de constater que nous remportons des contrats face à lui. Non pas parce que l’on compare nos offres matérielles, mais parce que toutes nos baies, AFF comme ASA, fonctionnent sur le même système OnTap. Elles sont complémentaires et c’est bien plus simple à gérer pour les DSI qui exploitent à la fois des NAS et des SAN », dit Matthieu Jamet, ingénieur solutions chez NetApp France.

Un récit que confirme Olivier Morel, directeur des alliances stratégiques chez l’intégrateur Cyllene : « récemment, nous sommes intervenus chez un grand compte pour remplacer ses baies NAS et SAN de marques différentes. Alors que ce client achetait historiquement ses baies SAN chez un fournisseur au logo orange [Pure Storage, donc, N.D.R.], il a cette fois-ci pris des baies ASA, parce qu’il a estimé qu’il était dans son intérêt de consolider les environnements d’administration de ses SAN et de ses NAS, ces derniers étant en l’occurrence des AFF sous OnTap. »

Olivier Morel précise que ce client ne voulait pas pour autant réunir sur les mêmes baies à la fois du mode bloc et du mode fichier, comme peuvent le faire les baies AFF de NetApp. « Une baie entièrement dédiée au stockage en mode bloc offre des performances exceptionnelles. Et c’est tout l’intérêt des baies ASA lancées depuis cette année. »

Les mêmes fonctions de haut niveau pour tous les cas d’usage

La console de pilotage unique s’appelle OnTap One. Intégralement revue dans son ergonomie en février dernier, elle ne se contente pas de réunir toutes les fonctions d’administration des baies OnTap dans une seule interface. Selon NetApp, elle intégrerait surtout des fonctions de haut niveau qui passent d’ordinaire par l’achat de logiciel tiers.

Pêle-mêle, citons SnapMirror qui permet de répliquer le contenu des baies sur d’autres, en local ou en cloud. SnapCenter qui constitue une solution de sauvegarde incrémentale complète, avec de multiples choix de restauration. Ou encore SnapLock, qui rend certaines sauvegardes immuables : personne, ni un administrateur ni un ransomware, ne peut les effacer ou les modifier avant une certaine date.

NetApp peut par ailleurs se targuer de disposer d’une offre de baies OnTap virtuelles chez chacun des hyperscalers : FSx for NetApp OnTap sur AWS, NetApp Files sur Azure et NetApp Volumes chez GCP. Si OnTap One permet déjà de gérer ces services de stockage en ligne comme s’il s’agissait de baies OnTap sur site, NetApp propose également une console en ligne, BlueXP, qui sert à répartir les contenus et les fonctions entre les différentes ressources.

« Dans les couches basses, vous achetez des baies différentes. Mais dès que vous montez dans les couches fonctionnelles, vous avez pléthore de services de données permettant à la même équipe de gérer des baies aux vocations différentes. »
Simon DecarpentriesDirecteur des projets cloud, NetApp France

Surtout, BlueXP propose une API pour s’interfacer avec des outils d’administration tiers, typiquement vCenter de VMware. LeMagIT a pu assister à une démonstration, lors de laquelle un technicien mettait en place un plan de reprise d’activité après sinistre dans le cloud, en quelques clics entre BlueXP et vCenter. En une poignée de minutes, le système vérifiait même tout seul que le PRA était fonctionnel.

Dans ces dernières évolutions, BlueXP permet notamment de définir une hiérarchie des copies de secours : le clone utilisable immédiatement, la sauvegarde prête à être restaurée ailleurs, l’archive immuable stockée sur un service peu cher.

« Nous positionnons à présent notre offre comme du stockage unifié. Dans les couches basses, vous achetez des baies différentes. Mais dès que vous montez dans les couches fonctionnelles, vous avez pléthore de services de données qui permettent à la même équipe de gérer des baies ayant des vocations différentes », explique Simon Decarpentries. En filigrane, il oppose ce stockage unifié là à celui que Dell et Hitachi Vantara ont récemment vanté, et qui consiste dans leur cas à plutôt mettre tous les modes de stockage dans une seule baie.

« Selon nous, ces services unifiés, automatisés, accessibles très simplement, deviennent nécessaires dans un contexte où la mise en production des applications et la modernisation des entreprises s’accélèrent. En proposant à nos clients un cœur technologique stable, standard, nous leur permettons d’évoluer plus rapidement », argumente-t-il.

Les partenaires emballés par la performance au meilleur prix

Selon Simon Decarpentries, la vocation des nouvelles baies ASA de série C est d’imposer NetApp comme un fournisseur majeur de solutions de stockage en mode bloc, en grappillant des parts de marché à Dell, Pure Storage et autres HPE. S’il est bien trop tôt pour juger du succès de cette stratégie, les partenaires de NetApp que LeMagIT a pu rencontrer lors de l’événement Insight 2023 sont en tout de cas très enthousiastes.

C’est notamment le cas du prestataire Trinaps, un opérateur télécom alternatif pour les entreprises qui a récemment élargi son activité à l’hébergement de serveurs et de capacités de stockage : « Les baies de série C, qu’il s’agisse des nouvelles ASA Série C, comme des AFF Série C, d’ailleurs, sont exactement calibrées pour les besoins de nos clients. Nous avons fait le choix de NetApp pour notre infrastructure, pour la cohérence de l’offre. Cependant, les baies de Série A nous paraissent trop chères et trop performantes au regard des usages que nous en avons. Quant aux baies FAS à base de disques mécaniques, leurs performances correspondent de moins en moins aux traitements actuels », explique ainsi Nicola Iung, le directeur des équipes IT de Trinaps.

« Pour nous, l’ASA Série C représente une brique supplémentaire pour pouvoir offrir de la performance à nos clients », explique, quant à lui, Olivier Morel. « Les premières baies ASA connaissent un engouement fort de la part des grands comptes. Mais il manquait un produit performant pour les entreprises qui choisissent plutôt des baies économiques. »

« Outre VMware et les bases de données SQL, il y a une multitude d’applications qui ont besoin de performances en mode bloc. Nos clients utilisent ces applications dans leurs datacenters et, nous-mêmes, quand nous leur proposons du cloud privé, nous avons besoin de proposer des infrastructures très performantes au meilleur prix. En ce sens, les baies ASA de série C correspondent exactement à nos attentes », conclut-il.

(En photo en haut d'article : George Kurian, PDG de NetApp lors de l'événement NetApp Insight 2023, à Las Vegas)

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