Boomi se lance (lui aussi) dans l’intégration propulsée à l’IA générative
Les nouvelles fonctionnalités du spécialiste de l’iPaaS visent à accroître l’efficacité en permettant aux clients de créer des pipelines et de gérer les données en utilisant le langage naturel plutôt que le code. Des capacités pour l’instant limitées aux intégrations les plus simples.
L’éditeur a dévoilé Boomi GPT lors de son Boomi World Tour Silicon Valley, un événement en présentiel pour les utilisateurs qui s’est tenu à Menlo Park, en Californie.
Boomi, basé à Chesterbrook, en Pennsylvanie, est un fournisseur de solutions d’intégration de données dont la plateforme d’intégration à la demande (iPaaS) promet aux usagers de combiner des données provenant de sources disparates et de les préparer pour l’analytique. En outre, l’éditeur offre des capacités de découverte de données, un data catalog ainsi que des outils de préparation de données résultant de l’acquisition d’Unifi Software en 2020.
Ses concurrents sont Informatica, MuleSoft de Salesforce et Talend de Qlik.
Boomi était une filiale de Dell jusqu’en 2021, date à laquelle Dell a vendu le spécialiste de l’iPaaS à Francisco Partners et TPG Capital pour 4 milliards de dollars.
En mai, l’éditeur a présenté Boomi AI, un portefeuille de fonctionnalités d’IA générative. En exploitant Boomi AI, les clients doivent pouvoir développer des intégrations en s’appuyant sur les meilleures pratiques fournies par l’éditeur, optimiser les opérations avec des informations « augmentées » et construire des processus en manipulant des prompts générées automatiquement qui interprètent l’intention des usagers, selon Boomi.
Boomi GPT est la première fonctionnalité en disponibilité générale dans ce portfolio. Il s’agit d’une « expérience conversationnelle » propulsée par l’IA générative. Selon l’entreprise, le modèle sous-jacent a été entraîné sur 200 millions de métadonnées d’intégrations réalisées par 20 000 clients.
Les utilisateurs doivent pouvoir simplement taper une commande en langage naturel, qui est instantanément traduite en code qu’un système informatique peut comprendre et exécuter.
« Boomi GPT réduit les étapes nécessaires pour connecter les applications, les données, les processus, les personnes et les objets. Vous pouvez décrire votre objectif métier en langage courant, puis personnaliser ce que Boomi GPT intègre et automatise pour répondre à vos besoins », indique la documentation de Boomi.
Boomi GPT, ou l’IA générative pour assister les intégrations les plus simples
L’outil, uniquement disponible en anglais, nécessite d’avoir les accès pour réaliser des opérations d’intégration en lecture et en écriture, pour compiler des composants d’API et pour recourir aux connecteurs depuis l’iPaaS.
Boomi GPT permet d’écrire des prompts simples en langage naturel comme « connecte Salesforce à Netsuite », mais l’éditeur ne considère pas que cette indication soit assez précise.
Ainsi, l’outil suggère des prompts qui offriraient aux utilisateurs le résultat désiré. Pour l’instant, Boomi GPT peut répondre à quatre types de requêtes : la connexion à deux systèmes explicitement nommés, la liaison à deux types de systèmes (par exemple le CRM à l’ERP), la construction d’une intégration pour un processus métier (« crée un processus pour la création d’un compte SAP ») ou d’un sous-processus, comme une notification par e-mail.
Par ailleurs, l’éditeur fournit une liste d’exemples de prompts afin que l’utilisateur précise sa demande, comme « crée un processus pour lire des données depuis Google Sheets ».
À ce jour, Boomi GPT prend en charge 36 connecteurs et types de connecteurs, dont SAP, Salesforce, Workday, Zuora, Boomi Atom, Amazon S3, Google Sheets, JDBC ou encore Google Storage.
Les composants créés sont sauvegardés dans le fichier BoomiAI. La limitation tient dans le fait que les intégrations ne sont réalisables qu’entre deux systèmes et qu’il n’est pas possible de s’appuyer sur les connexions préalablement créées manuellement. En outre, il se peut que Boomi GPT ne sache pas relier deux sources de données entre elles.
Néanmoins, l’éditeur assure que la solution peut accélérer le déploiement des intégrations dans les entreprises.
Au-delà de l’efficacité, un autre avantage de cette solution serait de permettre à un plus grand nombre de personnes au sein des organisations de manipuler des données. Selon une étude menée par le cabinet Eckerson Group, pendant des décennies, seul un quart des employés des organisations ont eu l’expertise réclamée pour exploiter les données dans leur travail quotidien. Le cabinet d’analystes liste deux freins principaux : la nécessité d’apprendre à programmer et à maîtriser les structures de données.
D’après Boomi, le NLP et le NLG réduisent ces deux besoins, permettant aux utilisateurs professionnels non seulement d’interroger et d’analyser les données, mais aussi d’exécuter certaines requêtes et de développer des pipelines de données rudimentaires de manière autonome.
Boomi GPT s’inscrit dans cette tendance. Il s’agit donc d’une nouvelle fonctionnalité importante pour les clients, selon David Menninger, analyste chez Ventana Research.
« Tout ce qui facilite l’intégration et la préparation des données profitera grandement aux clients », déclare-t-il. « C’est toujours la partie du processus analytique qui prend le plus de temps. Boomi GPT s’attaque directement à ce problème en utilisant le traitement du langage naturel pour créer des pipelines d’intégration de données ».
Boomi sur les mêmes marches que ses concurrents, selon les analystes
Bien qu’elle soit probablement la bienvenue pour les clients de Boomi, Boomi GPT n’est pas unique sur le marché.
Au cours des 11 mois qui ont suivi la publication de ChatGPT par OpenAI, la plupart des éditeurs ont fait de l’IA générative une priorité. Par exemple, MongoDB a récemment dévoilé une capacité NLP/NLG, Informatica, Dremio, Qlik, Salesforce, Mulesoft, entre autres, ont présenté des fonctionnalités similaires.
David MenningerAnalyste, Ventana Research.
« Presque tous les éditeurs d’outils de gestion de données, d’intégration et d’analytique travaillent sur les moyens d’incorporer l’IA générative dans leurs produits », explique David Menninger. « C’est une course effrénée pour savoir qui sera le premier à mettre ces fonctionnalités sur le marché. Nous n’en sommes qu’au tout début, mais je m’attends à une avalanche d’annonces pendant le reste de l’année ».
Cela n’enlève rien à l’importance de Boomi GPT pour les clients de Boomi, selon Kevin Petrie, analyste chez Eckerson group. Il considère que Boomi GPT leur permet d’obtenir les mêmes gains de productivité que ceux promis aux clients d’autres fournisseurs qui investissent dans l’IA générative. « Boomi GPT s’inscrit dans la tendance du secteur à aider les usagers à dialoguer avec leurs outils, en réduisant leur besoin de script et en augmentant leur productivité », affirme Kevin Petrie.
Du fait de sa large base d’utilisateurs, ce Boomi a sûrement plus de métadonnées que bien d’autres éditeurs pour guider les modèles d’IA et les applications, selon l’analyste. « Toutes ces métadonnées constituent une riche base pour la construction et l’intégration des éléments qui relient les données, les modèles et les applications », poursuit-il. « Cela lui prodigue une longueur d’avance par rapport aux startups qui ont moins de métadonnées au vu de la taille restreinte de leur base installée ».
Au-delà de Boomi GPT, les objectifs de Boomi en matière d’IA générative sont similaires à ceux de ses concurrents, observe David Menninger, analyste chez Vantana Research.
Par exemple, Alteryx a dévoilé en mai Aidin, un moteur d’IA générative en préversion qui fait automatiquement apparaître des idées et génère des résumés de flux de travail et de métadonnées, entre autres choses.
De même, Claire GPT d’Informatica est un outil d’IA générative qui vise à automatiser les processus et à simplifier le développement.
« L’activité est si intense et le marché évolue si rapidement qu’il est difficile d’affirmer qu’un éditeur en particulier a une longueur d’avance », souligne l’analyste de Vantana Research. « Les capacités annoncées de Boomi AI sont un point de départ raisonnable et certainement très utile pour les clients. Elles les rendront plus efficaces et réduiront le temps nécessaire à la collecte et à la préparation des données pour d’autres activités au sein de l’entreprise ».
M. Petrie considère également qu’une fois entièrement disponible, le portefeuille de Boomi AI consistera en un ensemble solide d’outils d’IA générative.
En particulier, il note que les capacités qui permettront aux clients d’anticiper les incidents et de prendre des mesures proactives pour assurer la stabilité de leurs intégrations et de leurs pipelines seront essentielles.
« Boomi a raison d’utiliser l’IA pour optimiser les implémentations… pour prédire, dépanner ou prévenir les problèmes liés aux intégrations ou aux ressources sous-jacentes », estime Kevin Petrie. « C’est un besoin critique pour les entreprises qui luttent avec des éléments présents dans des environnements hétérogènes ».