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New Relic se vend à Francisco Partners et TPG pour 6,5 mds $
Malgré une hausse de son chiffre d’affaires au premier trimestre fiscal 2024, New Relic préfère se retirer de la cotation pour, espère-t-il, mieux rebondir.
Tempête sur le marché de l’observabilité. Après avoir finalisé l’acquisition de Sumo Logic en mai dernier pour 1,7 milliard de dollars, Francisco Partners a annoncé sa volonté d’acquérir New Relic en association avec le fonds d’investissement TPG Capital. Les deux investisseurs bien connus dans le secteur IT rachèteront le spécialiste de l’APM au prix de 87 dollars par action, soit approximativement 6,5 milliards de dollars.
Ce prix d’achat représenterait « une prime d’environ 26 % par rapport au cours de clôture moyen de New Relic pondéré en fonction du volume sur 30 jours » (une mesure arrêtée au 28 juillet dernier). Ce prix à l’action intime une hausse de 30 % par rapport à la valeur moyenne du cours sur une période de douze mois. Francisco Partners, New Relic et TPG Capital prévoient de terminer l’acquisition « à la fin de l’année 2023 ou au début de l’année 2024 ».
D’âpres négociations
Après neuf ans de cotation au New York Stock Exchange, l’éditeur redeviendra une société privée, tout comme Sumo Logic. Selon les investisseurs, New Relic bénéficiera « d’une plus grande flexibilité pour continuer à investir dans sa plateforme d’observabilité », tout en répondant aux demandes de ses clients.
Dans un message diffusé sur le site Web de l’éditeur, Bill Staples, CEO de New Relic, se veut rassurant. Il déclare que le modèle de tarification à la consommation, instauré il y a trois ans, demeurera en vigueur et que ce changement de propriétaire « ne modifie pas » la stratégie de l’éditeur ainsi que ses relations avec ses clients et ses prospects.
Cette annonce effectuée le jour même de la publication de ses résultats financiers est, semble-t-il, le fruit d’âpres négociations. Le 26 mai dernier, Reuters rapportait que New Relic avait cessé les négociations avec Francisco Partners et TPG Capital. Les trois parties avaient refusé de commenter cette information auprès de l’agence de presse. Le cours de New Relic, remonté en prévision de cette annonce, avait dévissé de 5 %, faisant chuter sa capitalisation aux environs des 5 milliards de dollars, contre 5,9 milliards actuellement.
Finalement, les actionnaires majoritaires de New Relic ont pu trouver un terrain d’entente avec les nouveaux investisseurs, note un porte-parole.
« Cette transaction est le résultat d’un processus complet qui comprenait un engagement avec des parties financières et stratégiques, dirigé par un comité de transaction incluant des représentants de deux de nos plus grands actionnaires publics », indique Hope Cochran, administrateur indépendant principal du conseil d’administration de New Relic. « Le conseil d’administration est unanimement convaincu que la transaction reflète de manière appropriée l’activité innovante et solide de la société tout en maximisant la valeur pour les actionnaires ».
Une stratégie commerciale qui commençait à payer
New Relic a terminé son premier trimestre fiscal 2024 le 30 juin 2023 en engrangeant 242,6 millions de dollars, soit une hausse de 12 % de son chiffre d’affaires par rapport à l’année dernière. Les revenus liés au modèle à la consommation atteignent 213,9 millions de dollars (88 % du CA), soit une augmentation de 39 % sur la même période.
L’entreprise revendique environ 15 900 clients actifs, dont 1 241 dépensent plus de 100 000 dollars à l’année dans sa plateforme APM. Selon New Relic, la stratégie du modèle à la consommation fonctionne.
Sur un an, New Relic a vu ses pertes nettes passer de 56,2 millions de dollars à 33,3 millions. Des résultats en apparence positifs.
Pour autant, l’éditeur affiche un déficit cumulé de plus d’un milliard de dollars. Aussi, il a engagé plusieurs restructurations. La première, en août 2022, visait la réduction de ses effectifs. La deuxième, en mars 2023, a ciblé son empreinte immobilière. Au cours du premier trimestre fiscal 2024, New Relic a de nouveau annoncé le licenciement de 212 salariés, soit un peu moins de 10 % de sa masse salariale.
Technologiquement, même s’il a dû rattraper un certain retard par rapport à ses concurrents Datadog ou Splunk, New Relic a su trouver sa place sur ce marché fortement concurrentiel. Il a étoffé son offre pour cibler davantage les développeurs et les SRE, en inscrivant ses ajouts dans l’approche « shift left ». Dernièrement, il a présenté la préversion d’une solution IAST issue du rachat de la startup californienne K2 Cybersecurity. En juin, Il a présenté APM 360, une offre qui doit apporter « une vue unifiée » des données de télémétrie à travers l’ensemble de la pile technologique. Une même interface permet de visualiser et de corréler les logs, les événements, les traces distribuées et les métriques. Les tableaux de gestion des alertes et des vulnérabilités, des SLA, des SLO, ainsi que les tableaux d’examen des causes profondes peuvent être tous consultés depuis un seul environnement.
New Relic liste ses leviers de croissance
Reste à convaincre davantage d’ingénieurs et de développeurs d’utiliser sa plateforme d’observabilité. L’unification des produits et l’interface revue et corrigée en sus de la proposition d’essais gratuits et d’offres self-service doivent favoriser la croissance des usages, selon le plan esquissé par Bill Staples.
Pour le compte de ses nouveaux propriétaires, New Relic espère augmenter les types de charge de travail et les cas d’usage afin de faire grossir le panier moyen chez ses clients existants, en appliquant la fameuse technique du « land and expand ». Dans le rapport financier lié au rachat, le CEO voit là un facteur clé de réussite pour retenir les clients.
À noter que l’éditeur compte migrer entièrement sa plateforme de télémétrie sur les clouds de ses partenaires et décommissionner ses datacenters.
Pour autant, l’éditeur américain manque de visibilité à l’international. Toujours selon le rapport remis au SEC, son activité dans la région EMEA représente 18 % de ses revenus, tandis que sa présence dans la région APAC lui permet de générer 12 % de son CA du premier trimestre fiscal 2024. Afin de gagner en visibilité, New Relic prévoit de multiplier les partenariats et de renforcer ses relations avec les distributeurs, les revendeurs et les fournisseurs de services, et ce, globalement.
Ce sont trait pour trait les limites dessinées par Gartner dans son Magic Quadrant 2023 consacré aux suites APM et d’observabilité et publié le 5 juillet dernier. Si le cabinet de conseils place New Relic parmi les leaders de sa catégorie auprès de Dynatrace, Datadog, Splunk et Honeycomb, il ajoute que des difficultés subsistent en matière de gestion des modules et de leurs tarifs.
Pour sa part, la direction de New Relic se veut réaliste : elle constate les effets néfastes de la COVID-19, de la guerre en Ukraine et de la morosité du marché logiciel sur son activité. Une situation qui ne changera pas du jour au lendemain.