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Akamai devient fournisseur de cloud IaaS de proximité
Le géant des caches Internet, qui servent à accélérer localement l’accès aux contenus, ajoute des serveurs de calcul à ses points de présence pour exécuter des applications d’IoT et d’IA au plus proche des utilisateurs.
Akamai, le numéro un du cache de proximité pour les diffuseurs de contenus sur Internet, se lance dans une nouvelle activité : la fourniture d’IaaS, à savoir des serveurs virtuels et du stockage en cloud public. L’enjeu ? Proposer aux entreprises d’utiliser sa présence sur les liens des opérateurs pour exécuter leurs applications web au plus proche de leurs utilisateurs, avec une latence réduite par rapport aux applications hébergées dans les centres névralgiques des hyperscalers habituels.
« Nous n’avons pas vocation à rivaliser avec les hyperscalers, ni avec les américains AWS, Azure, GCP, ni avec les français OVHcloud ou Scaleway, car nous ne proposons pas autant de services qu’eux. En revanche, nous représentons une véritable alternative à leurs offres de serveurs virtuels et de stockage de données pour exécuter des applications qui ont un besoin de latence minimale. Or, ces applications sont en train d’exploser : ce sont celles de l’IoT et de l’intelligence artificielle », explique Jérôme Renoux, le directeur général d’Akamai en France.
Jusqu’à présent, les serveurs de cache d’Akamai ne savaient proposer que du contenu passif : les copies locales des vidéos, des articles ou des bandes-son proposés par les diffuseurs de médias, mais aussi des « salles d’attente » virtuelles qui temporisent pendant quelques fractions de seconde l’accès à un site d’e-commerce hébergé dans un autre région. Selon Akamai, le besoin existait pour mettre aussi en cache du contenu interactif.
« L’e-commerce, notamment, nous demandait de pouvoir utiliser nos infrastructures pour exécuter du JavaScript au plus proche des internautes. Le monde des médias avait une demande similaire pour installer des moteurs de transcodage des vidéos à une distance réduite des spectateurs qui ont besoin de tel ou tel transcodage. Le besoin d’un IaaS local existait et il n’était pas couvert par les hyperscalers », ajoute notre interlocuteur.
Au-delà de la faible latence, l’avantage d’un téléchargement moins cher
Outre la latence, l’offre CDN d’Akamai, qui se constitue essentiellement de capacités de stockage, présente un intérêt tarifaire. L’egress, c’est-à-dire le téléchargement des données depuis les services de stockage en ligne vers les postes des utilisateurs, ne coûte aux entreprises que de 10 à 20% du prix habituellement proposé par les grands hyperscalers.
Pour un diffuseur de vidéos, il deviendrait ainsi plus intéressant de télécharger une fois une vidéo depuis sa base hébergée chez AWS vers un serveur de cache Akamai, au prix fort, puis de distribuer plusieurs versions de sa vidéo, chacune transcodée dans un format particulier, uniquement depuis les serveurs d’Akamai. Encore fallait-il que les serveurs d’Akamai deviennent capables d’exécuter le code de transcodage et qu’ils ne se contentent plus de mettre uniquement à disposition les médias finaux.
Pour répondre à la demande, Akamai a racheté Linode pour 900 millions de dollars l’année dernière. Linode est fournisseur de cloud IaaS public américain. Loin de proposer autant de services que compatriotes AWS, Azure et GCP, Linode se spécialise dans les serveurs virtuels sous Linux. Leurs performances sur les processeurs et les GPUs sont similaires aux autres hyperscalers, mais leurs prix sont plus avantageux.
Des datacenters locaux et beaucoup de bande passante chez les telcos
« Notre objectif est donc à présent d’installer ces serveurs de calcul sur nos points de présence », résume Jérôme Renoux. L’offre CDN d’Akamai étant supportée à l’heure actuelle par 350 000 machines installées dans 4200 datacenters autour du globe, le déploiement prendra nécessairement un peu de temps.
Au moment où nous écrivons ces lignes, Akamai a déjà installé des serveurs Linode à Paris, Washington D.C. et Chicago. Dans les jours qui viennent, il devrait faire de même à Seattle et Chennai (en Inde). « Nous aurons équipé 24 datacenters d’ici à la fin de l’année », promet Jérôme Renoux, en citant une installation prochaine à Marseille.
Cela dit, il est possible qu’Akamai n’ait pas un besoin si urgent de peupler tous ses points de présence de serveurs Linode. La faible latence n’est en effet pas seulement due à l’installation géographique des serveurs d’Akamai dans des datacenters excentrés. Elle repose aussi sur le fait que ses serveurs sont directement connectés aux infrastructures réseau de 1100 opérateurs télécoms. Akamai y dispose d’une bande passante réservée, qu’il lui arrive même de refacturer aux hyperscalers quand leur trafic nécessite d’être accéléré.
Un savoir-faire dans le routage, le stockage et la sécurité
En France, le trafic des services Akamai passe ainsi directement par les réseaux des quatre opérateurs nationaux et par ceux d’une douzaine d’autres opérateurs B2B. Akamai est aussi client (et fondateur) de France-IX, la structure indépendante en France qui opère et commercialise une multitude de nœuds d’interconnexion et de fibres entre les datacenters du territoire.
« Nous avons un savoir-faire dans le routage du trafic Internet et l’accès à un réseau que n’ont pas les hyperscalers. Quant à nos serveurs Linode, ils sont compatibles avec toutes les applications, notamment les applications modernes sous Kubernetes qui sont conçues, comme notre CDN, pour maintenir le trafic même en cas de pic de charge », conclut Jérôme Renoux.
À ce sujet, on note qu’Akamai a également racheté en début d’année la startup Ondat (ex-StorageOS). Celle-ci, qui développe un système de stockage en mode bloc, est pressentie par les analystes comme l’étoile montante des acteurs du stockage sur Kubernetes.
Par ailleurs, Akamai a lourdement investi ces dernières années dans des services de cybersécurité. Initialement censés mieux protéger les copies locales des données, en générant aujourd’hui des revenus supérieurs au service de CDN lui-même, ils permettent au nouveau service d’IaaS de présenter les mêmes garanties que ceux des hyperscalers.