Oodrive sort son alternative à Office 365
Le spécialiste de la gestion des documents sensibles, Oodrive se dote d’une brique souveraine d’édition de contenus. Avec Tixeo et Olvid, l’éditeur propose une suite collaborative « classique » de bout en bout, qu’il entend étoffer régulièrement.
Oodrive a officiellement lancé, en ce début juillet, une alternative « sécurisée aux suites d’éditions américaines », comme la définit Irène Strajnic, Head of Product & Strategy de l’éditeur. Autrement dit, un concurrent à Office 365 et Google Workspace. « C’est tout à fait en phase avec notre positionnement », ajoute-t-elle.
Une suite d’édition avec Collabora
Cette suite se compose d’un traitement de texte, d’un tableur, et d’un outil de présentation. Le tout est aujourd’hui disponible en mode SaaS public et pas encore dans l’offre SecNumCloud d’Oodrive « pour des raisons de mises en production. Mais nous allons bientôt pouvoir le faire », assure Irène Strajnic qui rappelle que « chez Oodrive, ce que nous mettons dans le SaaS [en premier] arrive en SNC quelques mois plus tard ». Dans les deux cas, Oodrive gère ses propres datacenters.
Irène StrajnicOodrive
Techniquement, les outils d’éditions qui ont été intégrés à Work sont le fruit d’une collaboration avec Collabora (un des contributeurs importants à LibreOffice). « C’est un partenaire intelligent dans sa manière de concevoir sa solution » vante la responsable de la stratégie. « Nous avons fait beaucoup d’ateliers de co-construction ensemble. C’est un vrai partenariat. […] Ils ont une démarche produit très saine, avec beaucoup de tests. Ils interrogent leurs partenaires pour leur roadmap ».
« On collabore vraiment avec Collabora », conclut-elle dans un sourire.
Oodrive proposait déjà d’éditer les documents dans son SaaS, mais en s’interfaçant avec des outils tiers, non souverains, comme Office Online, ce qui cassait la chaîne de la confidentialité. Dans son offre SecNumCloud, Oodrive déployait par ailleurs une instance « sur site » de Microsoft Office dans son cloud privé – une pratique pas forcément des plus simples (et pas forcément appréciée par Microsoft) qui ressemblait à une solution de contournement. Collabora – sur une base LibreOffice – vient, en quelque sorte, rationaliser techniquement ces fonctionnalités en les affranchissant d’Office.
Une suite pour les contenus sensibles… mais qu’est-ce qu’un contenu sensible ?
Avec ses outils d’éditions dédiés aux documents critiques, Oodrive s’adresse à sa base traditionnelle : grands groupes, OIV, OSE, « mais aussi les PME qui touchent à du contenu sensible », ajoute la responsable de la stratégie. Seule nouveauté avec cette offre, Oodrive – qui parle traditionnellement aux RSSI et aux DSI – parle désormais aussi aux directions métiers (marketing, RH, commerciale).
Irène StrajnicOodrive
Ce qui n’est pas sans poser un nouveau défi. Les métiers seraient en effet moins sensibilisés à cette notion de contenus critiques, constate Irène Strajnic qui les définit comme « tout contenu dont l’indisponibilité ou la fuite pourrait porter préjudice à l’entreprise ».
« Il y a un enjeu d’éducation », admet la responsable tout en soulignant que les entreprises savent de plus en plus classifier leurs données (C1, C2, C3, C4, C5, diffusion restreinte, etc.).
Autre défi, connexe au premier : l’accompagnement. Les utilisateurs professionnels sont tellement habitués à Office « qu’il y a une grosse conduite du changement à mener », confie Irène Strajnic.
« Nous avons une équipe conséquente sur le sujet en interne… Et à nous, aussi, de faire en sorte que le produit soit le plus intuitif possible pour que l’on ait besoin du moins d’accompagnement possible », glisse-t-elle. « Il faut une expérience utilisateur sans couture, qui soit plaisante et qui prouvera une bonne fois pour toutes que la sécurité n’est pas un frein à la collaboration ».
L’édition de document en complément de Tixeo et d’Olvid
L’intégration de Collabora dans Work s’inscrit également en parallèle du consortium « souverain » formé par Oodrive avec Tixeo (visio SecNumCloud) et Olvid (messagerie instantanée ou IM certifiée CSPN par l’ANSSI).
Le but général d’Oodrive est de proposer « un écosystème collaboratif complet dédié aux contenus sensibles », résume Irène Strajnic. Plusieurs études – dont certaines menées par Oodrive – montreraient que « les entreprises [françaises] cherchent toutes une chose assez similaire : “une suite collaborative de confiance”… mais complète ! », insiste-t-elle.
Pour y arriver, Oodrive est donc entré dans une logique de plateforme, c’est-à-dire de socle sur lequel viennent s’interfacer des outils tiers pour constituer une offre de bout en bout (création, partage, archivage, etc.). Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celles de Box ou d’OpenText dans la volonté de devenir une « fondation » numérique des entreprises.
« Nous avons une stratégie de plateforme d’intégration », confirme Irène Strajnic. « Tout en développant nos solutions natives, nous allons intégrer de plus en plus de partenaires – toujours de notre écosystème de confiance – pour apporter des briques nécessaires, et à l’échelle, dans la collaboration ».
Mail, whiteboard et vers d’autres intégrations dans le collaboratif
Avec la gamme d’Oodrive (stockage, partage, signature, etc.), la visio, l’IM et l’édition de documents, la suite est d’ores et déjà presque complète pour le collaboratif classique. Il ne lui manque que le mail (une brique qu’Oodrive pourrait également proposer d’ici 2024 ou 2025).
Irène StrajnicOodrive
Mais Irène Strajnic veut aller plus loin et adapter en continu l’offre. « Les usages ne cessent d’évoluer. Dans les métiers que l’on cible, il y a par exemple la nécessité d’éditer des fichiers de type Photoshop. Et de plus en plus, on voit du travail à plusieurs sur des tableaux blancs », illustre-t-elle comme autant de pistes de futures intégrations avant d’évoquer également le ticketing.
La responsable de la stratégie souhaite par ailleurs proposer plusieurs partenaires pour chaque usage et étendre ainsi le marché potentiel, mais en restant strict sur la sécurité (Oodrive évoque par exemple un « no go » sur OnlyOffice) et sur la RSE – l’empreinte carbone du numérique devenant un sujet majeur.
Le but est d’être « composable », c’est-à-dire de « laisser le client composer sa suite en fonction de ses besoins et de l’expérience qu’il souhaite avoir (y compris en ne prenant pas certaines briques) », conclut Irène Strajnic.
En 2024, Oodrive prévoit d’ajouter deux à trois partenaires par trimestre à son écosystème. En 2025, le rythme devrait passer à trois par mois.
Objectif 30 %, puis 80 % ?
L’offre d’édition de documents est tarifée par palier de volume, de manière dégressive, à partir de 1,8 € par utilisateur et par mois. Le coût s’ajoute aux tarifs des autres solutions avec lesquelles elle est, par nature, intimement liée.
Pour Oodrive, l’offre sera un succès si elle séduit 30 % du parc de Work début 2024. Mais la responsable de la stratégie ne cache pas son envie d’atteindre les 70 % à 80 % et d’en faire une option « de l’ordre du par défaut » pour le parc installé.