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Réseau : Cisco lance enfin ses nouvelles puces Silicon One
Après deux ans de pénurie sur la production de circuits en Asie, Cisco peut enfin reprendre la commercialisation de ses ASICs réseau surpuissants. Le dernier G200 supporte une bande passante de 51,2 Tbit/s.
Cisco renoue avec le matériel ! L’équipementier vient de débuter la livraison à une poignée de clients de deux nouvelles puces Silicon One, baptisées G200 et G202. Elles doivent servir à fabriquer des switches et des routeurs de petite taille, mais extrêmement performants. La puce G200 route les communications sur 512 liens Ethernet de 100 Gbit/s chacun (soit une bande passante de 51,2 Tbit/s), tandis que la puce G202 gère 512 liens en 50 Gbit/s.
« Avoir 512 ports Ethernet de 100 Gbit/s sur un seul routeur signifie que vous pouvez assembler un cluster de 32 nœuds GPUs disposant chacun d’une connectique 400 Gbit/s en utilisant 40% de switches en moins et 50% de câbles en moins. Cela vous fait économiser 9 millions de kWh par an, soit l’équivalent de 6000 tonnes de CO2 selon le gouvernement américain », argumente Rakesh Chopra, ingénieur hardware de Cisco dans un billet de blog.
Comparativement à la précédente puce G100 de Cisco, la nouvelle G200 consommerait deux fois moins d’énergie tout en offrant deux fois moins de latence. Toutefois, la puissance électrique délivrée par lien ne permet de maintenir un débit de 100 Gbit/s que sur 4 mètres de câble en cuivre 26 AWG. Au-delà, des fibres optiques sont nécessaires.
Dans les faits, la puissance réelle de la puce tient dans sa faculté à suivre 435 milliards de paquets par seconde. Installée aux points névralgiques d’un réseau, elle détecte ainsi plus rapidement les congestions et est censée pouvoir rerouter les flux avant que les serveurs ne perdent des paquets.
Le retour du hardware chez Cisco
Annoncées fin 2019, les puces Silicon One sont des ASIC de routage réseau qui devaient initialement permettre à Cisco de conserver sa clientèle d’hébergeurs et autres géants du web. Ces prestataires, qui orchestrent d’immenses salles informatiques pour fournir leurs services en ligne, ont en effet tellement d’équipements à déployer qu’il leur apparaît désormais économiquement intéressant de les fabriquer eux-mêmes, plutôt que d’acheter des modèles de série chez les constructeurs habituels.
Faute de pouvoir vendre ses switches et ses routeurs à AWS, Azure, GCP et autres Facebook, Cisco a ainsi eu l’idée de leur fournir le composant le plus difficile à fabriquer : un contrôleur réseau performant. Les efforts de R&D investis dans cette activité devaient accessoirement permettre à Cisco de vendre aux entreprises des routeurs et des switches de nouvelle génération qui surpasseraient de très loin les produits concurrents.
Hélas, la pandémie de Covid-19 a gelé cet élan, mettant à l’arrêt, puis retardant la production des circuits et des composants nécessaires dans les usines asiatiques. Les dernières puces Silicon One G200 et G202 sont enfin fabriquées avec une finesse de gravure de 5nm sur les chaînes du Taiwanais TSMC, après que celles-ci ont été mobilisées pendant un an et demi pour produire les derniers processeurs d’Apple, d’AMD et de Nvidia.
La pénurie de composants a été si préjudiciable pour l’activité de Cisco que celui-ci s’est vu contraint de basculer entretemps sur une stratégie uniquement logicielle. Ses derniers événements annuels Cisco Live ont ainsi été entièrement dédiés à une nouvelle plateforme de monitoring, FSO. Fait exceptionnel pour un équipementier, le dernier salon Cisco Live de Las Vegas n’exposait même plus aucun matériel sur ses stands.