HPE fait passer GreenLake pour un cloud virtuel
Le programme de vente par souscriptions GreenLake permet à présent d’acheter des équipements HPE, des solutions tierces et des services issus des hyperscalers. Un peu comme la console d’AWS, mais sans vrai cloud derrière.
GreenLake, le programme de vente des équipements HPE par souscriptions, prend une coloration beaucoup plus cloud, en permettant d’acheter plus de produits d’infrastructures comme on souscrit à des services IaaS sur le store d’un AWS ou d’un Azure. Il s’enrichit également d’une console GreenLake For Private Cloud Business Edition qui doit faciliter la préconfiguration de clusters dHCI (sortes d’infrastructures hyperconvergées, mais désagrégées) en cloud privés.
La facture GreenLake peut à présent inclure :
- La location de clusters VMware Cloud Foundation, préconfigurés et préinstallés chez un hébergeur ou autre prestataire de service
- La location de clouds privés à base de clusters dHCI, préconfigurés et préinstallés dans 9 datacenters en colocation de la chaîne Equinix
- Des licences pour les distributions Kubernetes d’AWS (Amazon EKS Anywhere) ou de Red Hat (OpenShift) à installer sur des serveurs HPE
- Des licences de la pile logicielle de Machine learning Ezmeral à installer sur un cluster de puissants serveurs HPE avec, en option, l’utilisation d’un moteur GreenLake for LLM destiné à créer une sorte de ChatGPT entraîné sur les données internes d’une entreprise
- La location d’équipements réseau Aruba
- L’utilisation de ressources virtuelles (VM, stockage, mais aussi services Kubernetes…) chez AWS, Azure, ou GCP, préconfigurées avec les mêmes règles que celles des ressources physiques internes
- L’utilisation de la console SaaS d’administration automatisée OpsRamp (rachetée plus tôt cette année) qui pilote aussi bien les infrastructures physiques sur site que virtuelles en cloud
- L’utilisation d’une console SaaS GreenLake Sustainability Dashboard qui dresse un bilan carbone de toutes les ressources achetées via un contrat GreenLake
- La location d’un PC virtuel équipé de l’environnement de développement HPE NonStop DE à installer dans une VM chez AWS
- L’utilisation du logiciel SaaS HPE Fraud Risk Management qui détecte les fraudes dans les flux de données (et qui est hébergé chez AWS)
- La prise en charge des bases de données RDS d’AWS et des clusters Kubernetes EKS d’AWS dans le logiciel de sauvegarde en SaaS HPE GreenLake for Backup and Recovery
- Des services de conseils supplémentaires pour intégrer toutes les fonctions AWS précédemment citées
Dans tout ce qui précède, la location équivaut à un forfait mensuel calculé selon la taille des ressources réservées, tandis que l’utilisation correspond à un prix mensuel calculé selon la quantité de ressources utilisées.
Lors de son événement HPE Discover 2023 qui s’est tenu la semaine dernière à Las Vegas, le constructeur a expliqué que toutes ces offres étaient idéalement conçues pour les prestataires de services. Elles doivent leur permettre de bâtir simplement une grande variété d’offres de type cloud hybride, qu’ils revendront ensuite aux entreprises, avec leurs propres tarifs.
L’enjeu de faire passer un contrat commercial pour un cloud virtuel
Selon Brent Ellis, analyste chez Forrester Research, ces nouvelles offres assimilent le contrat commercial GreenLake à une offre de cloud virtuel. « Virtuel » dans le sens où HPE n’héberge lui-même aucun cloud, mais il commercialise ses produits comme s’ils étaient tous des services en cloud.
Brent EllisAnalyste, Forrester Research
« Les géants de l’informatique qui vivaient auparavant de la vente de matériels pour les datacenters des entreprises – typiquement HPE et Dell – transforment leurs offres pour rattraper la flexibilité et la rentabilité des géants du cloud. Ce faisant, ils visent une clientèle qui veut bénéficier d’une infrastructure aussi malléable que celle d’AWS ou Azure, mais qui, pour une raison ou une autre, souhaite que cela reste dans un cloud privé », commente-t-il, au micro de nos confrères de TechTarget USA.
Trois semaines plus tôt, Dell avait lui aussi démultiplié les produits – ses équipements ou des services en cloud public – achetables via son contrat par souscriptions mensuelles Apex.
Brent Ellis observe qu’en fédérant toute une kyrielle d’offres internes et tierces, ces contrats servent aux constructeurs à limiter la fuite de leurs clients vers les opérateurs du cloud. À l’inverse, ces derniers démultiplient des offres d’infrastructures sur site, pour que les entreprises puissent basculer sereinement sur leurs offres virtuelles tout en ayant l’assurance de conserver une partie privée dans leur parc de ressources informatiques.
Toutes ces offres commerciales, qui vendent ensemble une sélection de services en cloud public et d’infrastructures sur site, portent le nom de multicloud, voire celui de cloud hybride. Chaque fournisseur s’efforce de faire croire à ses clients que le multicloud serait en réalité une technologie d’interconnexion de pointe, qu’il implémenterait mieux que les autres.
Brent Ellis note toutefois des paradoxes pour une cette soi-disant technologie d’interconnexion de pointe. Par exemple, HPE revend désormais dans son catalogue « multicloud » GreenLake la fonction de NAS de Vast Data. En pratique, il s’agit juste d’installer VastOS dans des containers sur les baies de stockage physiques Alletra de HPE. Ce qui n’a déjà rien à voir avec le cloud. VastOS permet de partager les contenus des tiroirs de disques en NFS, en SMB et en S3. Mais dans GreenLake, il n’est pas possible d’acheter – donc d’activer – le partage S3 de VastOS. HPE revend en revanche celui de Scality.