Nyriad : des baies de disques dopées au GPU
La startup Nyriad mise sur les GPU Nvidia pour obtenir, avec des disques durs classiques, des performances proches du Flash.
Les GPU, en particulier ceux de Nvidia, trouvent de plus en plus leur place en environnement professionnel, et pas comme accélérateurs graphiques. Rencontrée lors de la dernière édition de l’IT Press Tour, Nyriad propose une baie de stockage exploitant CPU mais aussi GPU, au niveau du contrôleur. Les baies UltraIO fonctionnent avec des disques Western Digital : « nous obtenons avec notre architecture d’excellentes performances, ce qui évite d’employer des disques SSD, même si cela reste possible », indique Adam Roberts Field CTO and Head of Product. Au contraire de GRAID, startup qui exploite aussi des GPU, mais avec des disques SSD NVMe.
Erasure coding
Les baies UltraIO exploitent le codage à effacement (erasure coding). Avec cette méthode de stockage et de protection, les données sont divisées en multiples fragments redondants répartis sur les différents supports. Par rapport au RAID, en cas de perte, la reconstruction des données est plus rapide, mais demande plus de ressources CPU. Et c’est là qu’interviennent les GPU : l’erasure coding est hautement parallélisable, et peut donc profiter des multiples cœurs d’une telle puce.
À chacun son rôle : le CPU se charge de la lecture des I/Os, le GPU de leur écriture, « ce qui donne aux baies Nyriad une architecture unique », affirme Adam Roberts. Utiliser de multiples cœurs de petite taille plutôt que de se servir d’un gros CPU offre également des avantages du point de vue environnemental selon Nyriad, avec une réduction de 60 % de la consommation électrique.
D’autres facteurs contribuent à la rapidité des baies UltraIO, notamment un emplacement optimisé où sont écrites les données. À cela s’ajoute de la mémoire NV-DIMM (DRAM non volatile) combinant la vitesse de la DRAM et la persistance de la mémoire Flash (jusqu’à 6 barrettes de 16 Go par baie). Entre 3 et 20 disques peuvent servir de disque de parité. À chaque lecture une vérification de la présence d’erreurs éventuelles est assurée, et elles sont corrigées immédiatement.
Aujourd’hui, « notre but n’est pas de remplacer le Flash, mais d’obtenir des performances assez proches pour moins cher », résume Brian Cook, Director of System Engineering. « Et question fiabilité, il faut savoir qu’il y a 10 ans, seulement 50 % des sauvegardes s’achevaient correctement. Selon IDC. Aujourd’hui, ce chiffre est remonté à 75 %, ce qui reste insuffisant pour tout business d’entreprise », ajoute Adam Roberts.
Secteurs scientifiques et de la vidéo en ligne de mire
La solution de Nyriad est particulièrement adaptée pour l’édition vidéo, le séquençage du génome et le HPC de manière générale. Autrement dit, des charges de travail auxquelles répondent mal les clouds publics courants, exigeant de multiples lectures et écritures séquentielles.
Fondée en Nouvelle-Zélande en 2014, la startup a connu des débuts difficiles. Sélectionnée pour stocker les Exaoctets provenant du radiotélescope SKA (Square Kilometer Array, le plus grand du monde), l’expérience fut un échec. Nyriad a dû revoir sa copie, tandis que les fondateurs ont dû quitter la startup.
Les baies UltraIO existent aujourd’hui en deux versions, H1000 et H2000. Elles diffèrent essentiellement par leur capacité (respectivement 0,9 à 1,6 Po ; 1,8 à 3,3 Po), vitesse de lecture (10,5 Go/s et 18 Go/s) et d’écriture (13,5 Go/s et 18 Go/s). Elles supportent les modes blocs, objets et fichiers, même si Nyriad compte améliorer ces deux derniers points dans le futur.