kirill_makarov - stock.adobe.com
Intelligence artificielle : SAP met du Watson dans ses solutions
SAP et IBM ont entamé un nouveau partenariat pour infuser Watson dans un assistant numérique qui chapeaute les applications métiers de l’éditeur allemand. Les cas d’usages restent à déterminer. La collaboration devrait s’étendre à l’IA générative.
Assistant virtuel – SAP et IBM viennent de passer un nouveau partenariat dans l’intelligence artificielle pour intégrer Watson dans SAP Start, l’interface de recherche des applications cloud de SAP et de S/4HANA Cloud.
Cette intégration a pour but affiché « d’augmenter la productivité des utilisateurs » grâce à la compréhension du langage naturel (NLP) et à des informations prédictives, explique dans un communiqué le PDG de SAP, Christian Klein, sans rentrer plus avant dans les détails.
L’assistant numérique devrait aider les utilisateurs à répondre à leurs questions et à automatiser (ou accélérer) les tâches courantes, ajoute l’éditeur.
SAP dans le train de l’IA
Ce n’est pas le premier partenariat entre SAP et IBM. SAP essaie déjà de tirer parti de Watson, comme le montre par exemple TripIt, une application de Concur qui utilise « la technologie d’IBM [pour donner accès à] des informations météorologiques dérivées de l’IA pour faire des choix plus durables avant et pendant les voyages[d'affaires] ».
Avec ce nouveau partenariat, SAP explore aujourd’hui d’autres pistes, note R. « Ray » Wang, fondateur de Constellation Research.
« C’est le moment clef où SAP va essayer de tirer parti de l’IA générative tout en essayant de répondre aux questions autour des usages possibles de l’IA au sens large dans ses solutions », estime l’analyste. Et pour cela, « pourquoi ne pas faire appel à l’un de [ses] plus grands partenaires, qui fait cela depuis un certain temps », ajoute-t-il.
L’annonce est aussi un message aux investisseurs : SAP est bien à bord du train de l’IA.
Pour Joshua Greenbaum, directeur d’Enterprise Applications Consulting, il n’en reste pas moins qu’il ne s’agit pas forcément d’une priorité pour les clients de SAP. Pour appuyer son propos, l’observateur cite un récent sondage de l’ASUG. Les membres de l’équivalent américain de l’USF ont placé l’IA et le machine learning en onzième position seulement sur la liste des technologies les plus importantes pour eux.
« Ils (NDR : SAP) feront certainement beaucoup d’annonces en matière d’IA au prochain SAPPHIRE. Mais il s’agit aussi d’un message pour faire savoir à Wall Street qu’ils en font », résume-t-il. « C’est un peu la “blockchain again”. Cela ne va pas changer les lignes de revenus de SAP ou la vie de ses clients ; il s’agit de faire en sorte que SAP fasse bonne figure auprès des investisseurs ».
IBM Watson doit faire ses preuves
Watson a été conçu au départ comme un système NLP généraliste et de modélisation de tout type de connaissances. Il a fait ses grands débuts médiatiques en 2011 dans le jeu télévisé Jeopardy ! où il a battu deux anciens champions. IBM l’a ensuite lancé commercialement dans une version adaptée au domaine du monde de la santé. Avec un succès mitigé.
Pour Jon Reed, cofondateur de Diginomica, IBM aurait surestimé les capacités de Watson à fournir les réponses dont les chercheurs avaient besoin dans des domaines comme le cancer.
IBM a ensuite développé des usages pour les prévisions météorologiques, la préparation fiscale ou encore la publicité. « IBM a eu une première approche très large et très ambitieuse, puis en prenant du recul ils ont commencé à travailler sur des cas plus pratiques », estime l’observateur.
Cette deuxième approche n’a pas empêché Watson d’acquérir une réputation d’IA complexe à mettre en œuvre et plutôt chère.
« Même si IBM a connu des difficultés avec Watson, il travaille dessus depuis longtemps ce qui lui a permis d’atteindre un bon niveau de maturité pour certains outils », tempère aujourd’hui Jon Reed.
Par exemple, IBM Watson est utilisé dans des applications RH auxquelles il fournit une interface de libre-service qui permet, grâce au NLP, de simplifier des tâches comme le onboarding, illustre-t-il.
La logique de self-service devrait être la même pour le vaste univers d’outils de SAP.
« Certains trouveront utile d'avoir un front-end interactif au-dessus de ces applications, d’autres moins. Cela dépendra des préférences des uns et des autres ; et aussi de la qualité des fonctionnalités de recherche dans telle ou telle entreprise », entrevoit Jon Reed. « C’est certainement là où SAP voit des opportunités d’optimisation [avec Watson] pour rendre plus simple la navigation avec SAP Start ».
Aussi une collaboration SAP - IBM dans l’IA générative
Au-delà de l’intégration des capacités de Watson dans les solutions SAP, SAP et IBM soulignent qu’ils coopèrent sur l’IA générative et les grands modèles de langages (LLM).
L’IA générative sera d'ailleurs certainement un des sujets principaux de SAPPHIRE. Lors d’un échange sur les résultats financiers du premier trimestre 2023 de SAP, en avril, Christian Klein a laissé entendre que l’éditeur pourrait faire des annonces en rapport avec ChatGPT lors de la conférence.