BI souveraine : DigDash se pose en alternative à BusinessObjects
DigDash cherche à convaincre les acteurs du secteur public. Outre son offre souveraine, il prépare kit de migration pour ses prospects souhaitant non plus compléter, mais migrer de BusinessObjects vers sa plateforme.
Le glas de BusinessObjects. Une fin pour l’instant théorique, certes. Pourtant, certains utilisateurs font face à une incertitude. Que se passera-t-il après 2027, l’année de fin de support de l’édition de BO disponible en 2024 ? L’éditeur allemand joue régulièrement la carte de la consilience, mais la porte de sortie, chez SAP, est balisée. Les utilisateurs peuvent se tourner vers SAP Analytics Cloud ou l’édition SAP BO Private Cloud, gérés par SAP lui-même sur AWS, Google Cloud, et Microsoft Azure.
« La vision de SAP par rapport à BO n’est pas très claire », affirme Antoine Buat, président et cofondateur de DigDash. « Il y a des inquiétudes dans les entreprises et dans les organisations du secteur public qui ont des patrimoines importants de BO ».
Les solutions proposées par SAP ne conviendraient pas à la moitié des clients de DigDash. L’éditeur français spécialiste de la BI a convaincu et cherche à convaincre les acteurs du secteur public, des collectivités territoriales en passant par les administrations jusqu’aux ministères.
De fait, une directive interministérielle, émise par la DINUM, doit limiter, voire empêcher, le recours aux solutions IT hébergées sur un cloud américain dans les services affiliés à l’État.
« Nous devenons un acteur leader dans le secteur public, que ce soit dans les ministères ou dans les collectivités de toutes tailles », déclare Antoine Buat. « Nous sommes l’offreur d’une des seules solutions BI à garantir la souveraineté des données. Il y a de plus en plus de solutions BI dans le cloud qui sont soumis à la problématique du CLOUD Act américain », ajoute-t-il.
Cette prise de conscience serait récente, depuis deux ou trois ans, tout au plus, selon le président.
Un kit de migration de BO vers DigDash en préparation
En revanche, la migration de solutions BI tierces vers DigDash serait plus habituelle pour l’éditeur français.
Le président évoque notamment le cas d’entreprises ayant fait le choix de DigDash au lieu de migrer de QlikView à Qlik Sense. « C’est ce qu’à fait Promod », illustre-t-il.
Historiquement, DigDash est habitué à ce que sa plateforme côtoie BusinessObjects. « Dans le secteur public, il y a beaucoup de BusinessObjects. Nos clients utilisent BO et notre solution en complément pour la visualisation de données », explique Antoine Buat.
Les « grands ministères », dont le ministère des Affaires sociales, s’engageraient davantage dans la migration de la plateforme SAP vers DigDash.
« Pour pouvoir remplacer un existant, il faut pouvoir recouvrir son périmètre fonctionnel. Nous souhaitons fournir toutes les fonctionnalités nécessaires pour remplacer BusinessObjects », insiste le président.
Fondamentalement, DigDash est un spécialiste de l’exploration de données par le truchement de la visualisation. Or BO avait pour lui un ensemble de fonctions de distribution de rapports BI. « Nous pouvons également produire et distribuer des documents au format PDF », déclare Antoine Buat.
DigDash a donc coché la case « couverture fonctionnelle » sur son cahier des charges.
Mais cette tendance serait suffisamment importante pour justifier le développement d’outils dédiés à cet effort de migration. « Nous allons proposer un kit technologique de migration d’univers. Nous allons prendre des univers BO pour les migrer vers des modèles de données DigDash. Cela accélère le processus de conversion », annonce le président.
Les univers BO et les modèles de données DigDash sont différents concepts, mais « il y a un chemin de migration possible », assure-t-il. « Notre objectif, c'est de concevoir un accélérateur pour migrer aisément 80 % du contenu d’un univers dans notre plateforme ».
Outre l’enjeu de souveraineté, Antoine Buat considère que l’équipe derrière BO « n’a pas su répondre aux problématiques d’aujourd’hui ».
Son remplaçant officiel, SAP Analytics Cloud, ne serait pas « l’héritier de BO », dixit l’ancien responsable de développement de BusinessObjects chez SAP. « SAP Analytics Cloud ne couvre pas le même périmètre fonctionnel, notamment le reporting qui est un complément, tout comme la data viz est un complément pour BusinessObjects ».
Alors que la plupart des éditeurs misent sur des interfaces de visualisation accessibles à travers une page Web, ces scénarios de distributions de rapports n’auraient pas disparu.
DigDash prétend pour autant ne pas forcer la migration. « Nous expliquons à nos prospects qu’il y a un risque et c’est à eux de choisir s’ils préparent une migration ou non ».
Si l’éditeur propose des fonctionnalités d’analytiques avancées, particulièrement des algorithmes de prédiction, des traitements en quasi temps réel, de l’analyse orientée graphes et une forme de pilotage de la BI en langage naturel, ce ne sont pas les usages les plus récurrents de sa plateforme.
Outre le souhait de répondre avant tout aux besoins des métiers, DigDash remarque que sa plateforme est également de plus en plus utilisée pour exposer des informations en externe ou auprès du grand public.
Exposer les données au grand public
« Dans un but de transparence, de plus en plus de collectivités utilisent notre plateforme pour publier des données issues de leurs applicatifs », illustre Antoine Buat. « Je pense que DigDash répond bien à ces scénarios de diffusion, car notre plateforme peut traiter de gros volumes d’informations et supporte un grand nombre d’utilisateurs concurrents ».
Le dirigeant prend l’exemple de Santé Publique France qui utilise DigDash pour afficher des indicateurs de surveillance consacrée à la pandémie de COVID-19. « Nous avons eu des pics à plus de 200 000 utilisateurs concurrents ».
Là encore, l’éditeur a su convaincre par son ancrage national. « Notre partenaire pour héberger la solution du ministère de la Santé, c’est OVHcloud dont une partie du périmètre est certifié ISO27001, HDS et qualifié SecNumCloud », précise-t-il.
D’ailleurs, la moitié des clients de DigDash aurait fait le choix du cloud, principalement celui d’OVH.
Sur ce terrain de jeu, celui de la visualisation de données publiques, un autre acteur gagne du terrain : Toucan Toco.
« Toucan Toco semble davantage spécialisée dans la communication à partir des données. Nous, nous positionnons comme un éditeur généraliste qui couvre cet aspect, jusqu’au reporting traditionnel », compare Antoine Buat.
Dans le secteur privé, DigDash s’adresse à des grands comptes, des PME bien implantées et des ETI. « Environ 80 % de notre clientèle est française », poursuit-il. De son côté, Toucan Toco affiche des ambitions internationales.
DigDash s’engage toutefois à proposer sa solution dans des pays hispanophones. « Nous commençons. C’est plus difficile qu’en France. L’argument de la souveraineté de données n’est pas aussi bien reçu en Espagne qu’en France, par exemple ».
La grande quantité de solutions BI disponibles sur le marché rend parfois difficile la différenciation. « Quand les périmètres fonctionnels sont identiques, les discussions se concentrent sur le prix », concède Antoine Buat.
Si le positionnement commercial des éditeurs américains est généralement agressif, les arguments de DigDash semblent faire mouche. « Nous avons enregistré une croissance de 40 % l’année dernière », conclut-il.