Stockage : DataCore vendra plus de Swarm que de SANsymphony
En à peine deux ans, le système objet de l’éditeur a connu un succès tel que ses ventes sont désormais supérieures à celle du produit amiral SANsymphony. Swarm permet aussi à DataCore de renouer avec les grands comptes.
Changement d’approche pour le fournisseur de systèmes de stockage DataCore. Selon les prévisionnels qui remontent actuellement de toutes ses filiales européennes, le logiciel Swarm, qu’il a racheté à Caringo il y a à peine deux ans, serait en passe de devenir la locomotive de ses ventes, à la barbe de SANsymphony, son produit amiral depuis plus de 20 ans.
« Au départ, SANsymphony avait apporté à toutes les entreprises la virtualisation du stockage. Puis, au fil du temps, comme il s’agissait d’un système autonome, nos ventes se sont plutôt recentrées sur les PME », commente Pierre Aguerreberry, le patron de DataCore pour l’Europe du Sud. « Aujourd’hui, Swarm nous ouvre à nouveau les portes des très grands comptes, avec des contrats très importants. Au point que, dès le prochain trimestre, les ventes de Swarm représenteront 50% de notre chiffre d’affaires », ajoute-t-il, manifestement encore étonné de la nouvelle.
Swarm est un système de stockage objet au standard S3, tandis que SANsymphony est un SDS, comprendre un système de stockage en mode bloc qui simule une baie complète à partir des disques présents dans des serveurs génériques. Les deux produits adressent des usages différents. Le premier est plus adapté aux données froides qui ont une valeur documentaire, alors que le second constitue la couche technique du stockage primaire.
Outre ces deux produits, DataCore propose un système de stockage pour Kubernetes, Bolt, des appliances d’appoint pour des segments particuliers, dont l’appliance MatrixStore pour le monde de la production vidéo.
Swarm, un produit très différent de SANsymphony
SANsymphony pilote les disques très rapides à partir desquels démarrent les systèmes d’exploitation et les applications, ou sur lesquels les bases de données écrivent de manière intensive les résultats de leurs transactions. Révolutionnaire en son temps, SANsymphony a néanmoins subi au fil des ans la concurrence des systèmes de stockage qui ont petit à petit accompagné les solutions de virtualisation, dont vSAN, le SDS de VMware.
Selon plusieurs observateurs, l’équation économique de SANsymphony serait plus intéressante que celle de vSAN sous un certain seuil de licences VMware, d’où son succès sur les installations d’appoint des PME. Pierre Aguerreberry préfère justifier que SANsymphony a moins de connecteurs avec les infrastructures VMware que vSAN, ce qui limite ses usages dans les déploiements complexes.
« Swarm ne joue absolument pas dans la même catégorie. C’est une solution de stockage économique. Les grands comptes l’adoptent, car il permet de déplacer des données qui prennent beaucoup de place sur les baies primaires, très chères, vers des baies secondaires, qui sont bien meilleur marché », argumente Pierre Aguerreberry. En clair, Swarm n’est pas meilleur que SANsymphony, il adresse juste un besoin désormais plus important.
« À l’heure actuelle, dans les entreprises françaises, 80% des données stockées sur des baies de SSD NVMe haut de gamme n’ont rien à y faire ! Swarm vous permet de les déplacer sur des disques durs SATA, animés par des serveurs génériques de seulement quatre à huit cœurs » détaille Saïd Boukhizou, le directeur technique de DataCore. « Le prix est aux antipodes de ce que vous devriez payer si vous étendiez votre stockage primaire fait de baies propriétaires. »
Raffinement supplémentaire, les serveurs n’ont même pas besoin d’être préconfigurés par la DSI : il suffit de les installer dans le cluster pour qu’ils téléchargent l’image du système Swarm et se synchronisent avec les autres nœuds. Pour les équipes techniques, l’investissement est minimal lorsqu’il s’agit d’augmenter la capacité de stockage totale du cluster.
Se différencier parmi les autres solutions de stockage objet
Sur le papier, Swarm est loin d’être unique : les éditeurs Cloudian, Scality, MinIO et autres OpenIO (entretemps racheté par OVHcloud) proposent aussi des systèmes de stockage objet S3. Sans oublier les solutions vendues directement par les fournisseurs d’infrastructure : StorageGRID de NetApp, ObjectScale de Dell, ou encore Ceph de Red Hat avec sa passerelle Object Gateway. Mais DataCore avance des caractéristiques exclusives.
« Swarm a trois avantages que nous ne voyons pas parmi les autres solutions de stockage objet que nous intégrons », témoigne Ian Caupène, PDG de l’intégrateur Interga Systems à Limoges. « Il permet d’emblée de stocker des données de manière immuable, ce qui est important dans un contexte de ransomwares. Il propose des pointeurs logiques grâce auxquels les utilisateurs ont toujours l’impression que leurs données sont stockées sur les NAS de production, ce qui leur évite de changer leurs habitudes. Enfin, il économise l’énergie. »
Cette dernière particularité serait due à un algorithme baptisé Darkive qui, au sein du système, met en veille les disques durs les moins utilisés. Darkive serait d’autant plus efficace que le nombre de disques durs est élevé. D’où l’intérêt de Swarm dans les datacenters des grandes entreprises.
Concernant le pointeur NAS, il s’agit en réalité de la fonction d’un produit tiers, FileFly, qui n’est pas développé par DataCore, mais qu’il fournit systématiquement avec Swarm. FileFly intègre par ailleurs une calculatrice assez spectaculaire qui prédit les économies réalisées par le déménagement des données d’un NAS primaire vers un cluster Swarm.
« Cette calculatrice fait son petit effet lorsque nous présentons le produit. Je pense que nous lui devons notre retour dans les discussions préliminaires chez certains très grands groupes », confie Saïd Boukhizou.