HN Services : quand modernisation et COBOL font bon ménage

Le COBOL encore et toujours

L’ESN familiale affiche une croissance insolente de +20 % en 2022. Sur l’année, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 123 millions d’euros (contre 102 en 2021) et vise la barre symbolique des 200 millions à l’horizon 2026, confie Antoine Hennache, son Directeur général.

Elle emploie aujourd’hui plus de 1 700 personnes, dont 700 à l’étranger. Sur 2023, elle prévoit 600 embauches.

Spécialisée dans les services financiers (elle y réalise 75 % de son CA contre 25 % dans l’industrie et les services), l’entreprise fait « de la transformation numérique depuis 1983, et l’époque des mainframes », plaisante Antoine Hennache.

La boutade est cependant une demi-plaisanterie. Car côté résultats, HN Services fait encore – et toujours – 30 % de ses revenus grâce à Cobol. Signe que ce langage et les mainframes sont indémodables et indétrônables dans de très nombreux SI.

L’existant historique reste et les changements se font petit bout par petit bout, résume le DG.

Une forte demande pour des développements spécifiques

Autre tendance dans ces résultats : une appétence toujours très forte de l’industrie financière pour les développements sur mesure. Ces spécifiques représentent le plus gros cœur de métiers de HN Services (55 % de son CA), loin devant l’assistance/maîtrise d’ouvrage, la supervision de systèmes, et le conseil.

Le langage le plus populaire pour ces spécifiques, avec Cobol, reste lui aussi intemporel : Java. JavaScript (avec React et Node.js) complète ce trio dans les usages réels sur le terrain (contrairement à l’index TIOBE qui s’appuie sur la popularité des recherches).

Cette appétence des clients pour le code « fait maison » concorde avec l’internationalisation des développements. Si le off-shore semble avoir montré ses limites, en particulier pour des clients francophones, le near-shore lui séduit les banques « qui ont toutes créé leurs captives », constate Antoine Hennache.

Précurseur, et là encore représentatif d’une évolution majeure, HN Services a ouvert des bureaux européens dès 2006. Il est aujourd’hui présent dans des villes comme Bucarest, Madrid ou Porto, où des grandes banques françaises sont venues installer des filiales IT.

Cette délocalisation est à voir comme une solution qui ne détruit pas d’emplois, face à une pénurie de compétences, assure John Modeste, directeur marketing de HN Services. L’ESN insiste d’ailleurs sur ses initiatives de formations (plus de 8 000 jeunes formés depuis 1989).

Des ESN spécialisés par domaines

L’entreprise ne tire pas pour autant tous ses revenus de technologies indémodables. Elle s’adapte et accompagne aussi les tendances de modernisations pour remodeler les SI.

Elle ne dira pas pour quel client elle a mené tel ou tel projet. Dans la finance comme dans l’industrie, HN Services cultive une forte culture de la confidentialité. « Vivons heureux, vivons cachés », glisse John Modeste dans un sourire. Mais pour illustrer ses compétences en transformation numérique, le Directeur marketing confie toutefois avoir mené l’APIfication de l’existant d’un client dans la supply chain.

En revanche, pas d’IA ou de ML, ni de NLP ou de prédictif au bilan.

« Nous ne sommes pas si interrogés que cela par nos clients sur les problématiques de données », confirme Antoine Hennache. Non pas que les banques n’en aient pas, bien au contraire. Mais elles font alors appel à des « pure players », des experts spécialisés, comme Ekimetrics ou DreamQuark. Ce qui n’a pas empêché HN Services d’être reconnue parmi les « Champions de la Croissance 2022 » des Échos, qui listent les plus gros chiffres d’affaires français ayant connu la plus forte croissance.