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Avec la 2023.1, Tableau mise sur la collaboration
La première mise à jour de l’année 2023 de Tableau donne accès à Data Stories dans Server après avoir été initialement lancée uniquement dans Tableau Cloud. En outre, la mise à jour comprend des intégrations améliorées avec Slack.
Tableau a dévoilé mercredi la version 2023.1 de sa plateforme analytique, qui comprend une plus grande disponibilité des Data Stories et une intégration améliorée avec Slack.
La version 2023.1 arrive un peu plus de deux mois après le départ d’un certain nombre de collaborateurs dans le cadre de la vague de licenciement orchestrée par sa maison mère, Salesforce (8 000 licenciements au total). Cela fait également un peu plus de trois mois que Mark Nelson a quitté son poste de CEO. Le responsable avait révélé que Tableau ne dépendrait plus d’une direction indépendante.
Depuis son rachat en 2019 par Salesforce, Tableau a conservé sa précédente structure de gestion. Maintenant, les équipes produits et ingénierie dirigées par Mark Nelson – et avant cela par Adam Selipsky, actuel PDG d’AWS – sont intégrées dans l’organisation Salesforce.
Tableau et Slack renforcent (encore) leurs intégrations
En septembre 2021, Tableau avait dévoilé l’intégration de sa plateforme avec l’outil collaboratif Slack, racheté en juin de la même année. À l’époque, cette intégration permettait aux utilisateurs des deux plateformes d’utiliser les outils Einstein Discovery, Ask Data et Explain Data, ainsi que les notifications dans Slack pour collaborer pendant le processus de prise de décision.
Tableau 2023.1 met à jour cette interconnexion. L’objectif ? Faciliter la recherche des données, puis la prévisualisation et le partage de tableaux de bord dans des messages directs et des canaux.
Et comme les décisions commerciales sont rarement prises par une seule personne, David Menninger, analyste chez Ventana Research, salue la mise à jour opérée par Tableau.
« Je suis un grand défenseur de l’analytique collaborative. L’intégration avec Slack est une grande victoire de mon point de vue », déclare-t-il. « Le secteur doit trouver de meilleurs moyens d’intégrer, de rechercher, de partager les données et les analyses dans l’environnement des activités quotidiennes des métiers ».
Data Stories dans Tableau Server
En plus de l’intégration améliorée avec Slack, la mise à jour de la plateforme BI rend Data Stories disponible pour les utilisateurs de Tableau Server, alors qu’elle n’était jusqu’alors disponible que pour les usagers de Tableau Cloud.
Pour rappel, Data Stories est l’outil automatisé de narration de données de Tableau.
L’éditeur a acquis Narrative Science, un spécialiste du « data storytelling » (l’art de raconter des histoires à partir des données, en français), en décembre 2021. En mai 2022, Tableau a réorganisé les capacités de Narrative Science pour les rendre compatibles avec Tableau et a dévoilé une préversion de Data Stories. Un mois plus tard, il annonçait la disponibilité générale de la fonctionnalité dans Tableau Cloud.
Le data storytelling consiste à traduire les données en langage courant, afin que les utilisateurs puissent assimiler une narration sur leurs données plutôt que de consulter une feuille de calcul ou un rapport qui doit être interprété. Et comme de nombreuses organisations s’efforcent de convertir les métiers à l’analytique, cette pratique devrait gagner en traction.
En 2021, Gartner a prédit que d’ici à 2025, le data storytelling deviendra l’un des moyens les plus répandus pour les métiers de consommer de l’analytique. Le cabinet d’études prévoit que 75 % des récits de données seront générés par des outils automatisés tels que Data Stories.
David MenningerAnalyste chez Ventana Research
En rendant Data Stories disponible dans Tableau Cloud (ex Tableau Online) avant Tableau Server, l’éditeur montre qu’il donne la priorité à sa suite basée sur le cloud, insiste David Menninger.
« Cela suggère que l’entreprise se concentre sur ses produits cloud, mais qu’elle n’abandonne pas ses clients Tableau Server », nuance-t-il.
À l’avenir, Tableau risque de se concentrer sur son offre cloud. Dans une démonstration réalisée lors d’un point presse, Tableau a dévoilé sa « vision » pour intégrer EinsteinGPT dans Tableau Cloud. Il s’agirait d’utiliser le modèle d’IA générative pour rendre les indicateurs, obtenus habituellement à l’aide d’Ask Data et de Data Stories, au niveau d’un tableau de bord local après une demande en langage naturel, à travers le moteur de recherche de Tableau Cloud. Il y aurait donc la volonté de développer un mécanisme de fédération de requêtes auprès des modules pour ensuite « discuter » avec Einstein GPT du résumé, du diagramme, des suggestions mis à la disposition de l’utilisateur. « Ce qui est important ici, c’est que le contenu produit par ce moyen reste dynamique », envisage un porte-parole de Tableau auprès du MagIT. Tableau et Salesforce se veulent prudents et précisent que ce sont des pistes encore à explorer.
Les autres fonctionnalités de Tableau 2023.1
En attendant que l’IA générative chamboule la manière d’expliquer les données, Tableau 2023.1 comprend également :
- le mappage des données qui permet aux clients d’utiliser un accélérateur – des tableaux de bord préconstruits fournis par Tableau – ou un autre tableau de bord disponible, et de le reconfigurer pour qu’il corresponde à leurs sources de données uniques sans avoir à utiliser des outils tiers ;
- les fonctions attributs utilisateurs qui permettent de filtrer les flux de travail analytiques intégrés afin que les métiers ne voient que les données qui leur sont utiles ;
- et les administrateurs peuvent maintenant grouper des identités et donner accès aux tableaux de bord, via un authentifiant OpenIDConnect, à des invités qui ne seraient pas enregistrés dans Active Directory.
« Même si elles ne sont pas très attrayantes, les fonctions de mappage des données constituent un moyen très pratique d’accélérer l’accès aux données et leur préparation », signale David Menninger. « C’est toujours la partie la plus chronophage d’un processus analytique ».
Une (petite) vague d’optimisations
Tableau assure par ailleurs qu’il a amélioré les jointures inter bases de données. Auparavant, les extrémités des jointures étaient effectuées dans le moteur in-memory Hyper. « Si les tables jointes étaient de grande taille, les entrées/sorties du réseau pouvaient avoir un impact notable sur la performance de la requête », admet Tableau dans sa documentation. Le nouvel outil ne déplace plus systématiquement les données. Au lieu de ça, les jointures sont réalisées localement au niveau du plus grand ensemble de données « quand cela améliore les performances ». Quant aux vues, Tableau propose un système de recommandation pour accélérer les vues dont le chargement dépasse 2,5 secondes.
Un nouveau connecteur JDBC vers BigQuery doit lui aussi accélérer la création et l’actualisation des extraits utilisés dans Tableau. Pour cela l’éditeur utilise l’API de stockage du datawarehouse cloud. En outre, il est possible d’accéder aux fichiers et lecteurs partagés dans Google Drive depuis la plateforme BI.
Par ailleurs, Tableau permet d’effectuer des jointures entre des bases de données Snowflake, tout comme l’éditeur le fait déjà pour BigQuery.
Les clients de Data Cloud, ex Genie (plus précisément Data Cloud dénomme la fusion de la CDP de Salesforce avec sa couche lakehouse Genie), pourront indifféremment utiliser Hyper ou Trino pour effectuer leurs requêtes fédérées… Et évaluer si la technologie open source accélère la visualisation des données.
L’intelligence décisionnelle, un trou dans la raquette de Tableau, selon Ventana Research
À l’avenir, David Menninger aimerait que Tableau ajoute des fonctions qui favorisent l’intelligence décisionnelle.
Alors que la BI est l’utilisation des données pour éclairer les décisions, l’intelligence décisionnelle est l’utilisation de l’analyse augmentée et de l’apprentissage automatique pour mettre en évidence des informations que les humains n’auraient jamais pu découvrir autrement et utiliser ces informations pour alimenter les décisions et les actions.
La précédente mise à jour de la plateforme introduisait une intégration avec Salesforce Flow, qui doit permettre aux utilisateurs de déclencher des actions directement à partir de leurs tableaux de bord. Il s’agit d’économiser le temps nécessaire pour basculer entre leur environnement de BI et d’autres applications de travail. Cela fluidifierait la prise d’action en toute fin d’un processus analytique.
David MenningerAnalyste chez Ventana Research
Tibco a présenté en avant-première un outil similaire en juin, et Qlik dispose déjà de fonctionnalités équivalentes, alors que de plus en plus d’éditeurs soulignent l’importance d’intégrer l’action dans le processus analytique, au même titre que la génération d’informations et la prise de décision.
Des fournisseurs tels que Pyramid Analytics et Tellius ont fait de l’intelligence décisionnelle une partie importante de leurs plateformes.
Selon David Menninger, la majeure partie du travail de prise de décision et de déclenchement d’actions demeure entièrement à la charge des personnes qui consomment les données.
« Nous devons aller au-delà de l’analytique pour soutenir la prise de décision et mettre en œuvre les actions résultant de ces décisions », martèle David Menninger. « La plupart des éditeurs, y compris Tableau, laissent encore une grande partie de l’exercice à l’usager ».
L’analyste aimerait que Tableau et ses concurrents se penchent davantage sur la simulation de scénarios « what-if », en vue de prendre des choix éclairés par les analyses et les prédictions IA/ML.
« Le secteur de la BI doit davantage aider les décideurs à développer et à évaluer différents scénarios », poursuit l’analyste. « Ce n’est qu’à cette condition que nous pouvons prendre des décisions en toute connaissance de cause. Une fois qu’une décision est prise, nous devons soutenir le processus de mise en œuvre de cette décision en établissant de meilleures connexions avec les applications où ces décisions seront exécutées ».