OVHcloud prépare lui aussi une alternative open source à Exchange
Lors de son événement Very Tech Trip, OVHcloud a dévoilé l’arrivée prochaine d’une solution d’e-mailing alternative à Microsoft Exchange, dont l’une des déclinaisons devrait être – « à terme » – certifiée SecNumCloud.
L’offre Webmail du fournisseur cloud français semble reposer uniquement sur l’hébergement de licences Exchange. Cela ne reflète pas totalement la réalité, selon Pierre Lamarche, vice-président Web Cloud chez OVHcloud.
« Historiquement, nous vous avons d’abord offert des emails basés sur des technologies open source », indique-t-il. « Certains d’entre vous ont probablement encore ces boîtes actives, car nous en comptons des millions qui tournent actuellement ».
« Puis, vous nous avez demandé de faire de l’Exchange. Alors, nous avons fait de l’Exchange. Notre service était déjà souverain en 2011, puisque nous avons déconnecté de facto tout envoi de données clients vers Microsoft. Nous sommes même devenus un des leaders mondiaux sur Exchange », affirme-t-il.
Webmail : une alternative bâtie sur Zimbra
Certains clients d’OVHcloud auraient réclamé le retour d’une alternative open source qui soit « tout aussi performante » et avec l’ensemble « des fonctionnalités “qui font le café” », selon Pierre Lamarche.
En réponse à cette demande, OVHcloud prépare une gamme de solutions Webmail s’appuyant sur les technologies Zimbra. « [La nouvelle offre] visera à vous proposer un choix supplémentaire parmi différents niveaux de services », promet le vice-président.
OVHcloud semble vouloir reproduire à l’identique les modalités de son catalogue Exchange dans cette alternative open source.
« Nous vous proposerons un panel qui va de la boîte mail la plus simple à une boîte premium qui supportera ActiveSync ainsi que des fonctionnalités collaboratives “standard” », anticipe Pierre Lamarche.
Le support de la technologie de synchronisation ActiveSync et des fonctionnalités collaboratives est déjà inclus dans trois des quatre offres Exchange actuellement disponibles chez l’hébergeur français.
Une possible déclinaison SecNumCloud
OVHcloud n’est pas le premier à proposer une alternative à Exchange établie sur Zimbra. Par exemple, Ikoula a lancé une offre similaire en 2020.
Pierre LamarcheV-P Web Cloud, OVHcloud
Le fournisseur cloud prévoit une « cerise sur le gâteau ». « Pour les besoins des plus grosses organisations et les ministères, nous proposerons une déclinaison de certifications de sécurité, allant même – à terme – jusqu’à la certification SecNumCloud pour certaines de ces nouvelles offres », promet le vice-président Web Cloud chez OVHcloud.
Pour rappel, en 2021, la Direction interministérielle du numérique (DINUM) a jugé qu’Office 365 (depuis renommée Microsoft 365), la suite bureautique hébergée sur les infrastructures de Microsoft Azure, n’était pas conforme à la doctrine de l’État « cloud au centre ». Il faudra sans doute attendre un long moment pour voir l’arrivée de cette déclinaison respectueuse des exigences SecNumCloud. L’obtention de la certification auprès d’un auditeur agréé par l’ANSSI prend environ deux ans.
OVHcloud met en avant la future plateforme collaborative de Shadow
Ce n’est pas tout. OVHcloud souhaite proposer une plateforme collaborative. « Nous travaillons actuellement avec Shadow qui a pour ambition de proposer une offre complète de collaboration et de productivité dans le cloud », déclare Pierre Lamarche.
Shadow s’appelait auparavant Blade. La société à l’origine d’un service VDI dédié au gaming avait été placée en redressement judiciaire après avoir subi des difficultés techniques (Blade voulait quitter l’infrastructure d’OVHcloud) et des conflits en interne. Elle n’avait pas su convaincre les investisseurs de l’accompagner, malgré une forte croissance affichée. En 2021, face à Illiad (Scaleway), le tribunal de commerce de Paris a retenu l’offre de reprise d’Octave Klaba, fondateur et président du conseil d’administration d’OVHcloud, à travers le bras d'investissement d'HubiC : Jezby Ventures. HubiC et Blade ont disparu au profit de la marque Shadow.
Pierre LamarcheV-P Web Cloud, OVHcloud
En sus d’une offre VDI pour les professionnels (Business Solutions), Shadow a déjà lancé Shadow Drive, une solution de stockage en cloud, développée en partenariat avec NextCloud, et présentée comme une alternative à Google Drive, Box ou DropBox.
Shadow entend compléter cette première brique avec une messagerie instantanée, des outils d’édition en ligne, ou encore un service de visioconférence. « Du fait de l’intégration avec notre offre d’email, ce sont tous les clients d’OVHcloud qui auront un accès facilité à cette future suite collaborative chez Shadow », vante Pierre Lamarche.
Pourquoi de telles annonces ? Il ne faut pas oublier que Microsoft a prévu de « soutenir » les fournisseurs cloud européens en facilitant l’hébergement de certains de ses produits. Or, OVHcloud s’était montré vigilant, car le géant américain n’a pas encore clarifié la situation concernant le partage de données, ainsi que l’hébergement de OneDrive et Office, deux briques rattachées à Microsoft 365. Les deux annonces commises lors du Very Tech Trip pourraient être considérées comme des portes de sortie en cas de durcissement des relations avec la firme de Redmond.
Disponibilité incertaine
Désormais, le fournisseur cloud semble vouloir privilégier la future plateforme collaborative de Shadow, alors que les solutions de Jamespot, Talkspirit, Tixeo, GoFAST ou encore OnlyOffice sont d’ores et déjà disponibles depuis la marketplace d’OVHcloud. Sans parler de BlueMind (dont la plateforme est hébergée, elle aussi, chez OVHcloud) et Wimi (partenaire de Scaleway).
Toutefois, OVHcloud s’est montré peu précis quant aux dates de disponibilité de son alternative à Exchange et de la suite collaborative concoctée avec son partenaire Shadow. Et à Thierry Souche, CTO d’OVHcloud, de rappeler que le fournisseur se veut ouvert, qu’il ne ferme pas la porte aux solutions concurrentes sur son propre cloud.
Par ailleurs, OVHcloud prévoit de faire évoluer son offre de téléphonie en intégrant une application softphone qui sera disponible « d’ici à quelques mois » sur Android, iOS et Windows. Le service devra proposer des fonctions de « SIP forking, de configuration des appels sortants, de renvoi d’appels, de gestion des plages horaires et des équipements, etc. », dixit le VP Web Cloud chez OVHcloud.
Le softphone devrait être compatible avec « d’autres plateformes populaires », dont Salesforce, ServiceNow, Zendesk ou encore Teams.
MAJ 16/02 : Contrairement à ce qui était indiqué précédemment dans l'article, Shadow n'est pas une filiale d'OVHcloud, mais une société reprise par le fonds d'investissement Jezby Ventures et présidée par Octave Klaba.