Cisco fusionne AppDynamics et ThousandEyes dans sa Full-Stack Observability

En juin, l’équipementier proposera l’interconnexion universelle des interfaces de toutes ses solutions, pour mieux déployer, surveiller et dépanner l’IT quand les entreprises s’étendent dans le cloud.

Cisco fusionne ses solutions de monitoring AppDynamics et ThousandEyes au sein d’une plateforme logicielle baptisée Full-Stack Observability (FSO), laquelle sera commercialisée dès juin prochain. C’est du moins le résumé des intentions que l’équipementier vient de présenter à un public de 5 000 clients et partenaires, à l’occasion de son salon européen Cisco Live qui se tenait cette semaine à Amsterdam.

« Nous avons développé tout un ensemble d’interfaces logicielles en OpenAPI pour connecter nos consoles entre elles. Cela marche ainsi : vous ouvrez classiquement AppDynamics pour visualiser votre flotte de logiciels en production, parce que c’est la cartographie la plus parlante. Vous voyez un point rouge qui indique un problème quelque part. Vous cliquez et, hop, cela ouvre la console de ThousandEyes qui vous indique que vous avez tel goulet d’étranglement sur tel équipement réseau », explique, sur un stand du salon, Karl Chatterton, architecte technique chez Cisco.

AppDynamics est la solution d’APM historique de Cisco ; les développeurs s’en servent normalement pour diagnostiquer les problèmes de ralentissement dont peuvent souffrir leurs utilisateurs. ThousandEyes est à l’origine un service en ligne qui rapporte des informations de trafic sur Internet.

« Le premier point est que ThousandEyes rapporte à présent aussi les informations du réseau local. Évidemment, nos équipements réseau, des routeurs Catalyst aux bornes Meraki, le faisaient déjà, mais les entreprises peuvent maintenant visualiser, ensemble, le bon fonctionnement de tels équipements sur un de leur site et celui de telles applications SaaS chez tel hyperscaler », commente Bruno Caille, le directeur technique de Cisco France.

« Le cas d’usage pour l’instant le plus répandu est celui des communications. Au sein de FSO, nous raccrochons même nos solutions collaboratives WebEx. Les banques s’en servent ainsi pour identifier si un problème lors d’une réunion vient du poste de l’utilisateur, de son réseau, d’un serveur, ou du service de partage en ligne. La puissance de l’outil est que l’on ne se limite pas à l’observation. On peut choisir qu’il nous conseille un moyen de réparer le problème ou qu’il le répare lui-même en reconfigurant automatiquement l’infrastructure et les services », ajoute-t-il.  

Dans le même ordre d’idées, FSO peut aussi s’interfacer avec Intersight Workload Optimizer qui administre les infrastructures hyperconvergées HyperFlex pour, par exemple, détecter que les machines virtuelles ou les containers consomment trop de ressources. Et, de la même manière, en partant d’une cartographie AppDynamics, utiliser les fonctions OpenAPI de Cisco pour changer à la volée la taille de la RAM ou la quantité de CPU attribués à telle ou telle instance.

Aller au-delà des consoles existantes

Cisco revendique avoir planché pendant trois ans sur le développement des interconnexions Open API entre tous ses produits pour arriver à une telle cohésion.

« Aujourd’hui, sur Kubernetes, avec des applications SaaS, plus personne ne sait maîtriser les ports de communication. Les entreprises veulent donc des outils […] pour simplifier les opérations. »
Bruno CailleDirecteur technique, Cisco France.

« Tous les produits Cisco – matériels, solutions logicielles, services en ligne – sont concernés. Mais OpenAPI étant un standard ouvert, il est possible de greffer à FSO n’importe quel produit tiers. C’est déjà le cas pour la solution de ticketing ServiceNow », intervient Karl Chatterton.

FSO doit aussi intégrer les innovations présentées en avant-première en juin dernier, lors du salon Cisco Live américain. Notamment WAN Insights, un moteur d’intelligence artificielle qui prédit plusieurs jours à l’avance les prochains engorgements du réseau. Et qui peut soit empêcher automatiquement qu’ils surviennent, soit indiquer les marches à suivre pour les éviter. Autre module désormais en version finale, Panoptica identifie quant à lui les problèmes au niveau des communications API entre les containers d’un cluster Kubernetes.

« Il faut comprendre qu’en s’étendant en cloud, notamment avec des services cloud-native, l’infrastructure des entreprises s’est extraordinairement complexifiée. Pour les décideurs, le problème vient toujours du réseau. Les DSI savaient le corriger quand ce réseau n’était que des ports et des adresses IP. Mais aujourd’hui, sur Kubernetes, avec des applications SaaS, plus personne ne sait maîtriser les ports de communication. Les entreprises veulent donc des outils qui automatisent, mais aussi de l’IA qui pousse des recommandations, pour simplifier de manière drastique les opérations », argumente Bruno Caille.

La plateforme en attendant les équipements

Cisco explique avoir une nouvelle approche commerciale qui consiste à vendre aux grands comptes la plateforme, avec plus ou moins de fonctions selon les cas d’usage, et l’installer derrière les équipements systèmes et réseau qui supporteront ces fonctions. Ainsi, vendre une plateforme FSO qui intègre Panoptica va idéalement de pair avec la vente de Calisti, le routeur d’APIs dans un cluster Kubernetes (dit « réseau Mesh »), qui est lui aussi arrivé en version finale et doit permettre à Cisco de concurrencer des produits comme Gloo Platform de Solo.io.

« L’approche historique qui consiste à vendre des équipements et des logiciels au-dessus, pour leur apporter des fonctions programmatiques, existe toujours. Mais nous observons qu’elle ne concerne plus que les cas d’usage traditionnels, limités au datacenter, sans extension dans le cloud », dit Bruno Caille.

Toujours est-il que la commercialisation de FSO n’est pas très claire. S’agit-il d’un produit avec des modules ? D’une nouvelle marque représentant une famille de solutions pouvant être vendues ensemble, car elles sont interconnectables ? Ou finalement est-ce juste un concept marketing qui n’aura aucune incidence sur les tarifs pratiqués quand on achète plusieurs solutions à la fois ? Personne chez Cisco n’est parvenu à donner de définition précise.

Précisons tout de même que cette édition européenne de Cisco Live n’aurait peut-être pas mis autant FSO au premier plan de ses annonces si l’équipementier ne souffrait pas encore des pénuries sur les composants. Le calendrier initial devait voir le lancement de nouvelles gammes de routeurs et de switches particulièrement économiques en énergie. En faisant exécuter les opérations de routage et de filtrage par des ASICs déclinés de Silicon One plutôt que par des logiciels sur des processeurs x86, ces machines devaient consommer jusqu’à 95 % d’électricité en moins que les modèles lancés avant la pandémie.

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