SGBD : Progress Software finalise le rachat de MarkLogic
En rachetant MarkLogic, Progress Software ajoute deux produits à son vaste catalogue : une plateforme de données et un moteur sémantique.
Le 7 février 2023, Progress Software a finalisé le rachat de MarkLogic pour 355 millions de dollars, après une première annonce effectuée au début du mois de janvier.
Fondée en 2001, la société américaine MarkLogic a développé une base de données NoSQL multimodèle capable de prendre en charge les documents XML, JSON, les objets, les données relationnelles, géospatiales ou encore les modèles graphes.
Alors que les homologues de MarkLogic se sont développés en bâtissant une communauté open source (ce qui ne les a pas empêchés de faire des pas de côté pour éviter de perdre la main face aux fournisseurs cloud), l’éditeur mise sur une solution propriétaire et défend son « Data Hub opérationnel » devenu avec le temps (et une touche de marketing) une « Data Platform » couplée à un hub d’intégration.
D’une base de données orientée documents à une « plateforme unifiée »
Dès 2018, MarkLogic a fait le pari du cloud native et d’une approche serverless. La plateforme continue d’évoluer.
En 2021 – après son rachat l’année précédente par Vector Capital –, MarkLogic a acquis Smartlogic, un spécialiste de la gestion des métadonnées et le papa de Semaphore, une couche sémantique pour créer des graphes de connaissances (knowledge graphs). Ces Knowledge graphs propulsent des cas d’usage comme de la recherche de contenus dans des documents, la gestion de catalogues de données, l’analyse des processus métier, le respect des règles de conformité telles que le RGPD, etc.
En décembre 2022, l’éditeur a présenté MarkLogic 11. Il réaffirmait alors sa volonté de renforcer les capacités de MarkLogic Server (amélioration de l’indexation des données géospatiales, interopérabilité avec les spécifications OpenGIS, optimisation de certaines jointures qui pouvaient saturer la RAM, fonctions de sécurité étendues, etc.) tout en développant de nouvelles capacités (support de GraphQL ou encore amélioration de la prise en charge de Kubernetes) en vue de proposer une « plateforme unifiée » qui combinerait le SGBD, le hub d’intégration et la couche sémantique de Smartlogic.
John AinsworthV-P et DG plateforme d'applications et de données, Progress
Dans son Magic Quadrant consacré aux SGBD publié en 2017, Gartner voyait MarkLogic comme un visionnaire. C’était toujours le cas dans le MQ consacré aux bases de données en cloud publié en décembre 2022.
« Avec sa base de données transactionnelle orientée documents, MarkLogic s’est d’abord concentré sur les cas d’usage opérationnels », écrivent les analystes de Gartner. « L’ajout d’autres fonctionnalités, telles que les graphes, le relationnel, le géospatial, l’objet, ainsi que d’autres opérations analytiques, fait de MarkLogic un bon choix pour ceux qui veulent combiner plusieurs types de données ».
Or, les analystes notent que les clients Gartner connaissent peu cette technologie, que le manque de talents formés se fait sentir et que d’autres acteurs sur le marché sont en train de rattraper l’éditeur.
Une aubaine pour Progress qui, selon Jeffrey Casale (CEO de MarkLogic), va pouvoir étendre son portefeuille DataDirect. Celui-ci « offre actuellement des solutions de connectivité de données dans le cloud et sur site pour les sources de données relationnelles, NoSQL, Big Data et SaaS ». Concrètement, DataDirect est une boîte à outils de connecteurs. Progress a davantage fait ses preuves dans la gestion et la supervision d’infrastructures, dans l’édition d’outils de développement d’UI/UX et dans la proposition d’outils DevOps.
« En élargissant nos capacités en matière de gestion de données, nos clients bénéficient d’une plus grande souplesse quant à la manière dont ils peuvent les exploiter », avance John Ainsworth, vice-président et directeur général de la plateforme d’applications et de données de Progress, dans un communiqué de presse. « Dans le même temps, les clients de MarkLogic ont accès à un leader mondial ayant fait ses preuves dans le domaine de l’infrastructure logicielle ».
Une nouvelle source de revenus pour Progress
L’enrichissement du portefeuille n’est pas la raison principale évoquée par Progress quand il présente cette acquisition aux investisseurs. « L’acquisition devrait ajouter plus de 100 millions de dollars de revenus annuels et contribuer à des flux de trésorerie importants, créant ainsi une valeur significative pour les actionnaires de Progress », écrit l’éditeur dans un communiqué de presse.
Communiqué de Presse de l'éditeur Progress
« La transaction devrait avoir un effet positif sur le bénéfice par action non GAAP et sur le flux de trésorerie, à partir du deuxième trimestre 2023 », anticipe-t-il. Dans son bilan financier du quatrième trimestre 2022, publié en janvier 2023, Progress prévoit de « dépasser largement les 700 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel » cette année.
Depuis 2019, l’éditeur au plus de 100 000 clients a acquis une entreprise par an. Après IpSwitch (transferts de données sécurisés et surveillance réseau), Progress a mis la main sur Chef (gestion de configuration), puis Kemp (load balancing) et enfin MarkLogic.
De possibles synergies dans le domaine de la cybersécurité
Pour autant, cela ne veut pas dire que l’éditeur se contentera de tirer des revenus des IP existantes. Par exemple, le rachat de Chef a donné lieu au lancement d’une stratégie CSPM (Cloud Security Posture Management).
Dernièrement, Progress a mis en avant Flowmon ADS, une solution NDR (de détection et de réponse réseau). De son côté, MarkLogic vantait au mois de janvier les capacités de sa plateforme dans le cadre de l’analyse des cybermenaces. Cette possible synergie pourrait influer sur la feuille de route de MarkLogic. Une interrogation demeure : les employés de MarkLogic doivent-ils craindre une restructuration ? La période post-acquisition avait été « mouvementée » pour les équipes de Chef.