luchschen_shutter - Fotolia
Benchmark : les serveurs Bare-Metal d’OVHcloud face à ceux d’AWS
Le cabinet d’études Cloud Mercato a chronométré les performances de nouveaux serveurs physiques qu’OVHcloud facture à l’usage, une offre a priori conçue pour les déploiements Kubernetes.
Toutes petites, mais assez rentables, sauf pour le réseau. Telle est, en filigrane, la conclusion que tire le cabinet d’études Cloud Mercato après avoir passé au banc d’essais les nouvelles instances IaaS à la fois « Bare-Metal » et « Cloud native » d’OVHcloud.
Le fournisseur de cloud français, qui n’a de cesse de vouloir rivaliser avec l’offre des grands hyperscalers américains, a lancé en janvier une nouvelle gamme de machines en ligne dans son catalogue des infrastructures de cloud public. Surprise, celles-ci sont des instances Bare-Metal, c’est-à-dire des serveurs absolument pas virtuels, mais bien physiques, que l’on trouve d’ordinaire dans les offres de cloud privé.
Des serveurs Bare-Metal pour publier des applications web ?
Les instances Bare-Metal sont plus chères que les machines virtuelles ; dans cette nouvelle offre, OVHcloud facture par exemple 1,45 €/heure un serveur physique de 32 threads (soit 16 cœurs physiques en multithread), contre 0,99 € pour une machine virtuelle avec 32 vCPUs. En revanche, puisqu’elles ne reposent pas sur une couche de virtualisation qui partage comme elle peut la puissance de calcul, les instances Bare-Metal délivrent de meilleures performances et – surtout – un niveau de performances fixe. Selon les tests menés par Cloud Mercato, une instance Bare-Metal est ainsi entre 1,13 et 1,2 fois plus rapide qu’une VM selon la quantité de cœurs que l’application hébergée parvient à utiliser en même temps.
L’un dans l’autre, Cloud Mercato calcule fort logiquement que les instances virtuelles d’OVHcloud sont plus rentables que ses instances Bare-Metal. D’ailleurs, jusqu’à la fin de l’année dernière, OVHcloud ne proposait d’instances Bare-Metal qu’au forfait mensuel, un tarif moins cher que la facturation horaire, mais qui ne convient qu’aux usages du cloud privé : le client paie, qu’il utilise ou non son instance, mais il n’a pas à recharger toutes ses applications et toutes ses données à chaque fois qu’il s’en sert.
Pour autant, les instances Bare-Metal facturées à l’usage ont récemment gagné un intérêt avec la popularisation de Kubernetes.
Kubernetes est plus efficace que les VMs pour déployer très rapidement des applicatifs web au fur et à mesure que des utilisateurs se connectent, ou que les développeurs publient des mises à jour. Mais il ajoute une couche de containerisation au-dessus de la couche de virtualisation. Cela pose le risque que les performances de l’application web oscillent de plus en plus entre « imprévisibles » et « dégradées », obligeant en définitive les clients à démultiplier le nombre d’instances virtuelles pour que chaque container applicatif dispose de suffisamment de puissance.
Anthony MontheResponsable de l’étude, Cloud Mercato
Exécuter plus de containers sur moins d’instances non virtualisées (Bare-Metal, donc) peut ainsi s’avérer plus rentable au regard de la facture finale. Sauf si ces instances Bare-Metal sont facturées au forfait mensuel, puisqu’elles sont louées comme si on s’en servait tout le temps, alors qu’elles ne sont nécessaires qu’au moment où les utilisateurs de l’applicatif web se connectent. D’où l’idée de commercialiser des instances Bare-Metal à l’heure.
« Les nouvelles instances Bare-Metal/cloud native d’OVHcloud apportent une tarification horaire, mais aussi la connexion vers toute une série de services en ligne qui ne sont d’ordinaire disponibles qu’aux instances virtuelles du cloud public. On peut ainsi programmer dynamiquement leur activation via un système d’Infrastructure as Code, souscrire à des services de stockage. Il manque à l’heure actuelle une offre avec Kubernetes préinstallé, mais il est probable qu’elle arrive bientôt », commente Anthony Monthe, le responsable de l’étude chez Cloud Mercato.
Un meilleur rapport prix/puissance de calcul chez OVHcloud
OVHcloud n’est pas le premier à proposer des instances Bare-Metal facturées à l’heure. Dans son étude, le cabinet Cloud Mercato a décidé de comparer les nouvelles instances intitulées BM-L1 (32 threads, 128 Go de RAM), BM-M1 (16 threads, 64 Go de RAM) et BM-S1 (8 threads, 32 Go de RAM), à l’instance m6i.metal d’AWS (128 threads, 512 Go de RAM).
« Oui, l’instance d’AWS a des caractéristiques quatre fois plus importantes que l’instance la plus importante d’OVHcloud. Mais nous avons choisi l’offre m6i.metal d’AWS parce qu’elle fait aujourd’hui office de référence sur le marché et que, dans cette catégorie, AWS ne propose pas de versions avec moins de cœurs », commente Anthony Monthe.
Et d’expliquer : « il faut considérer que les offres Bare-Metal sont moins flexibles que les offres de VMs, puisqu’elles correspondent nécessairement au modèle de serveur physique que l’hébergeur de cloud a décidé d’installer dans son datacenter. Pour autant, le nombre de cœurs livrés au minimum ne change rien quand on compare les rapports prix/performance. »
Anthony Monthe Responsable de l’étude, Cloud Mercato
Sur le papier, l’instance m6i.metal est facturée, depuis les datacenters parisiens d’AWS, environ 6,60 €/heure, c’est-à-dire 4,5 fois le prix d’une instance BM-L1 alors qu’elle a des caractéristiques seulement 4 fois meilleures. À l’inverse, l’instance BM-S1 a des caractéristiques 16 fois inférieures à celle d’AWS, mais son prix horaire de 0,50 € fait qu’elle coûte seulement 13,5 fois moins cher, c’est-à-dire 20 % plus cher par cœur. L’argument d’OVHcloud est que moins une instance a de cœurs, plus elle offre de la granularité : si l’activité pendant une heure ne demande que quelques cœurs en plus, autant les acheter 0,50 € que 6,60 €.
Voilà pour la théorie. Mais quel est le différentiel réel des performances entre les offres ? C’est à cette question que répondent les tests de Cloud Mercato. Selon eux, les offres d’OVHcloud sont les plus rentables dans 100 % des cas. Avec un indice de vitesse de calcul global de 5156,2 contre 46134,2, la petite instance BM-S1 d’OVHcloud a un rapport performances/prix environ 1,47 fois meilleur que l’instance m6i.metal d’AWS. Ce rapport est environ 1,45 fois meilleur pour la BM-M1 et 1,4 fois meilleur pour la BM-L1.
« Selon moi, l’offre d’AWS est moins optimisée, car ses serveurs bare-metal sont en fait les mêmes que ceux utilisés pour exécuter ses offres de machines virtuelles, alors qu’OVHcloud a manifestement conçu des designs spécifiques selon les cas d’usage, avec même un design par taille d’instance », commente Anthony Monthe.
La machine m6i.metal d’AWS repose sur deux Intel Xeon Platinum 8375C à 32 cœurs (modèle de 2021, réservé à AWS) dont la fréquence oscille entre 800 MHz et 3,5 GHz. Côté OVHcloud, la BM-L1 repose sur un AMD Epyc 7371 à 16 cœurs (modèle de série, lancé en 2018), dont la fréquence oscille entre 3,1 et 3,8 GHz. La BM-M1 repose sur un Intel Xeon E-2288G à 8 cœurs (modèle de 2019) dont la fréquence oscille entre 3,7 et 5 GHz. Enfin, la BM-S1 repose sur un Intel Xeon E-2274G à 4 cœurs (modèle de 2019) dont la fréquence oscille entre 4 et 4,9 GHz.
Mais AWS définitivement meilleur sur le réseau
Sur le rapport prix/puissance des instances Bare-Metal en cloud public, OVHcloud semble donc sortir gagnant du match contre AWS. Mais l’analyse n’est pas aussi simple. Les caractéristiques de part et d’autre favorisent en réalité différents cas d’usage.
« L’offre d’OVHcloud est d’autant plus avantageuse que ses serveurs Bare-Metal sont livrés avec un stockage interne de 960 Go sur des SSD NVMe. Chez AWS, comme d’habitude, il faut souscrire en plus à du stockage EBS, qui se trouve sur des baies externes », précise Anthony Monthe. De fait, les vitesses d’accès en mode bloc, qui importent sur les bases de données, n’ont rien à voir. Alors que l’instance m6i.metal d’AWS plafonne à 16 556 IOPS, celles d’OVHcloud oscillent entre 600 000 et 650 000 IOPS, soit près de 40 fois mieux !
En revanche, les serveurs d’AWS ont un avantage indéniable sur tous leurs concurrents : la vitesse de leur réseau. Alors que deux instances Bare-Metal communiquent chez OVHcloud, au mieux en 2 Gbit/s, celles d’AWS s’échangent des informations en 22 Gbit/s, soit 11 fois plus rapidement. Or, il est probable que pour un déploiement Kubernetes, c’est-à-dire avec des applications qui passent leur temps à communiquer en réseau, la vitesse du réseau importe plus que celles des disques.