vectorfusionart - stock.adobe.co

Gaia-X engagée dans une ouverture calculée et « de confiance » des données

Pour favoriser les échanges de données en Europe, Gaia-X réunit les entreprises autour d’une architecture technologique de confiance et des standards. Dawex a ainsi participé à la définition des contours du Trust Framework et aux spécifications liées aux Data Exchange Services.

L’émergence et la croissance d’espaces de données européens constituent des enjeux stratégiques pour les participants de Gaia-X. La création des Data Spaces s’aligne ainsi sur l’ambition de la Commission européenne en faveur d’une économie des données incarnée par le Data Act et le Data Governance Act.

Grâce à ces nouvelles règles, l’Europe espère dégager 270 milliards d’euros de PIB supplémentaires pour les États membres d’ici à 2028. Les données sont, en quelque sorte, le patrimoine IT du Vieux-Continent, face à des hyperscalers qui règnent sur les infrastructures cloud.

Data Exchange Services : Gaia-X pivote vers les standards d’échanges de données

Pour ne pas échouer sur ce front, les entreprises européennes doivent s’entendre sur un cadre de confiance pour échanger des données. C’est aujourd’hui la priorité de Gaia-X qui a effectué un pivot depuis ses débuts, plus axés sur l’infrastructure souveraine.

« Gaia-X s’est recentré autour de la notion fondamentale de data exchange. C’est une grande évolution par rapport au projet initial », note Frédéric Bellaiche, vice-président Technologie et Recherche de Dawex, éditeur français spécialisé dans ce domaine. En 2022, le CTO Office de Gaia-X a créé un nouveau groupe de travail, le Data Exchange Services.

Dawex intervient au sein de ce groupe en tant que « lead », suite à la demande de Gaia-X. La mission de ses membres est de concevoir les spécifications de Gaia-X en matière d’échange de données.

Les nouvelles spécifications ont été publiées au 4e trimestre 2022, parmi lesquelles « l’architecture document » de Gaia-X, le document fondation du projet. L’Architecture de référence constitue la première brique.

Qu’est-ce que le Trust Framework de Gaia-X ?

La seconde est le « Trust Framework », sur un plan technique « la pierre angulaire de la conformité avec Gaia-X. Comme son nom l’indique, il définit un cadre de confiance », explique Frédéric Bellaiche.

L’identification des acteurs, via des certificats, est une couche de base « maîtrisée depuis longtemps. C’est le minimum ». Le Trust Framework va donc « au-delà de la preuve d’identité en apportant d’autres preuves […] qui peuvent être vérifiées par un tiers pour confirmer la conformité ».

« Le Trust Framework est l’ensemble des règles qui définissent la base minimale pour faire partie de l’écosystème Gaia-X. Ces règles garantissent une gouvernance commune et des niveaux d’interopérabilité de base entre les différents écosystèmes, tout en laissant aux utilisateurs le plein contrôle de leurs choix », définit officiellement l’association Gaia-X.

Pour sa part, Dawex a participé, dans une démarche collective, à la dernière itération du cadre de confiance et aux spécifications des services d’échange de données. Cependant, « il était important de ne pas s’arrêter à la spécification », souligne le porte-parole de l’éditeur.

L’enjeu n’est pas seulement celui des standards communs. Il est aussi concurrentiel. Dawex a donc implémenté les spécifications Gaia-X – « et en particulier les Verifiable Credentials » – dans sa propre technologie, afin « d’affirmer son leadership » sur le créneau des Data Exchanges.

« L’implémentation nous permet de respecter les exigences définies dans Gaia-X en matière de transparence et de sécurité pour bâtir dans un cadre de confiance et in fine favoriser l’économie de la data », déclare Frédéric Bellaiche. Et Dawex de revendiquer son avance avec la publication en open source de son implémentation.

Cette ouverture permet « de démontrer notre conformité par le code », dans l’attente d’un véritable processus de certification (de type « testbed »), prévu en principe pour le premier trimestre 2023. « Nous avons voulu faire cet effort. À cette heure, nous sommes les premiers à avoir implémenté le Trust Framework [N.D.L.R. l’interview a été réalisée le 9 décembre 2022]. »

Une confiance portée par Gaia-X, mais autonome

Les standards sont essentiels à l’émergence des espaces de données européens, comme Agdatahub dans l’univers agricole. La confiance constitue un second composant incontournable, qu’elle soit garantie par Gaia-X ou non.

« La fédération est une notion centrale. Les places de données ne sont pas isolées et doivent pouvoir interopérer avec tout un écosystème, et aussi entre elles. »
Frédéric BellaicheVice-président Technologie et Recherche, Dawex

« Les Verifiable Credentials (VC) sont déjà un standard W3C. Ils sont là pour durer », précise le vice-président Technologie et Recherche.

Des preuves donc (au travers des VC), tout comme l’interopérabilité, sont clés dans l’économie des données, en plus d’être fondamentales dans Gaia-X. « La fédération est une notion centrale. Les places de données ne sont pas isolées et doivent pouvoir interopérer avec tout un écosystème, et aussi entre elles. »

Si Dawex revendique une avance sur ses concurrents, il reconnaît aussi son intérêt à dynamiser le marché. Gaia-X et la régulation européenne peuvent participer à cette dynamique. Ce qui explique la réponse positive de l’éditeur à la demande du CTO Office de piloter son groupe de travail Data Exchange.

« Nous y mettons beaucoup de notre compétence et de notre connaissance », confirme Fabrice Tocco, co-CEO et co-fondateur de Dawex. « Cela fait partie du jeu. Néanmoins, nous contribuons aussi à la maturité du marché. Notre défi consiste à conserver notre longueur d’avance, tout en partageant nos compétences et notre vision du futur pour en faire des standards. »

Imposer des exigences élevées est aussi un moyen d’établir des barrières (saines) à l’entrée. « Ce que nous voulons absolument éviter, c’est qu’une transaction de données se fasse avec deux bouts de ficelle et que n’importe qui puisse prétendre au statut de “transaction de confiance”, insiste le dirigeant.

Des standards low cost ne “feraient pas un marché, ni ne tireraient la catégorie vers le haut” et ne permettraient pas de créer “la confiance dont le secteur a besoin », avertit Fabrice Tocco.

Pour approfondir sur Réglementations et Souveraineté