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Stockage : Tiger adresse désormais l’imagerie médicale
L’éditeur bulgare a développé un système pour travailler sur des documents stockés en ligne comme s’il s’agissait de fichiers locaux. Une offre qui séduit les secteurs verticaux qui peinent à migrer vers le cloud.
Tiger Technology, la startup bulgare qui présente sur un poste Windows des fichiers stockés en cloud comme s’il s’agissait d’un document local, vient de trouver un nouveau relais de croissance dans l’imagerie médicale.
« Nous nous sommes rapprochés des fabricants de scanners médicaux, dont Philips, pour implémenter dans leurs produits un module qui discute avec notre API. Et, subitement, ces fournisseurs ont pu proposer à leurs clients une dimension cloud. C’est-à-dire que les médecins qui utilisent ces scanners dans leurs hôpitaux peuvent à présent directement partager leurs images avec des spécialistes ailleurs dans le monde », explique Alexander Lefterov, le PDG de Tiger Technology.
« Un autre point intéressant est que ces images qui ont des millions de pixels de côtés doivent être conservées pendant des années, alors qu’elles peuvent occuper chacune 2 Go de capacité. En les sauvegardant dans le cloud, sur un service d’archivage peu cher, vous évitez d’investir dans une capacité de stockage locale hors de prix. »
En l’occurrence, Tiger facture lui-même ce stockage en cloud, actuellement pour un prix de 5 € par To et par mois.
Des documents en cloud qui fonctionnent comme des fichiers Windows
La technologie de Tiger s’appelle Tiger Bridge. Elle présente sur le bureau de Windows des icônes de fichiers, comme s’ils étaient stockés sur le disque local. En vérité, ces icônes sont des liens symboliques vers des documents hébergés en cloud. L’intérêt premier est que les fichiers ne consomment pas d’espace disque sur la machine locale, pour autant on y accède aussi facilement que s’ils s’y trouvaient.
Comparativement, Box, et autres DropBox synchronisent les fichiers locaux avec une copie de sauvegarde en cloud, ce qui n’économise nullement l’espace de stockage de la machine de l’utilisateur. Quant aux services de stockage en ligne comme GDrive ou OneDrive, s’ils ne stockent rien sur le disque dur, ils imposent néanmoins de passer par leur interface web pour récupérer – télécharger plutôt – les documents. Cette manipulation est non seulement lourde pour l’utilisateur, mais, de surcroît, elle empêche aussi l’ouverture directe des documents depuis des applications locales.
Tiger Bridge fait passer le document en ligne pour un fichier directement manipulable par Windows et ses applications. Le point techniquement intéressant est surtout qu’il sait gérer une sorte de cache dynamique pour accéder au contenu du fichier de manière rapide. Lorsqu’un document est créé puis fermé, Tiger Bridge déplace en tâche de fond ses octets vers le cloud.
Lorsque ce document est rouvert, Tiger Bridge le récupère par petits morceaux. Dans le cas d’une vidéo, il ne télécharge pas le film entier avant de l’ouvrir, mais uniquement les parties que l’utilisateur visionne, ce qui accélère la disponibilité à l’écran. Pour les images gigantesques des scanners médicaux, il ne télécharge que les pixels affichables à l’écran, puis ceux nécessaires quand l’utilisateur effectue un zoom.
En pratique, tous les scanners médicaux sont capables de sauvegarder leurs images sur un NAS Windows. C’est sur ce NAS qu’est installé Tiger Bridge. L’API que les fabricants de scanners sont invités à utiliser permet à leurs logiciels de demander en temps réel à Tiger Bridge les pixels sur lesquels ils doivent zoomer. Les pixels récupérés restent sur le disque jusqu’à ce que l’image soit refermée. Ou plus longtemps selon des règles tiering que l’utilisateur peut définir.
Cibler des marchés de niche
Alexander LefterovPDG, Tiger Technology
Fondé en 2005, Tiger revendique aujourd’hui 10 000 utilisateurs à travers le monde. Après avoir réussi à vendre son produit à différentes administrations bulgares, dont l’armée, y compris dans des sous-marins, l’éditeur a connu un certain succès à l’international auprès des studios de montage et de production vidéo. Son ambition est de devenir le spécialiste du stockage distant rapide pour un maximum de secteurs verticaux.
« Les secteurs verticaux sont par définition très spécialisés et sont ceux qui éprouvent le plus de difficulté à migrer vers le cloud, alors qu’ils ont conscience que le stockage en ligne pourrait leur permettre de réaliser d’importantes économies. Nous venons donc pour faire tomber les barrières qui se mettent en travers de leur chemin : en l’occurrence la perte de rapidité et de simplicité d’accès à leurs données », argumente Alexander Lefterov.
Pour autant, la solution de Tiger a une limite : elle ne fonctionne que depuis des machines Windows. « Nous maîtrisons cette technologie, sur laquelle notre produit est très efficace. Pour autant, on nous sollicite régulièrement sur des déploiements Linux, voire macOS. Nous y travaillons », conclut le PDG.