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ESG et sobriété numérique : sujets majeurs pour les Clubs utilisateurs Oracle
L’Association des Utilisateurs Francophones d’Oracle (AUFO) et le Club utilisateurs JD Edwards ont placé leur événement phare de 2022 sous l’égide d’une innovation technologique qui respecte « l’innovation sociale, sociétale & environnementale ». Les présidents des deux associations – Emmanuel Ruez et Yohann Garcia – expliquent ce choix.
Lors de leur Journée Utilisateurs 2022, Emmanuel Ruez (président de l’Association des Utilisateurs Français d’Oracle - AUFO) et Yohann Garcia (Club utilisateurs JD Edwards) ont échangé avec LeMagIT sur les grandes problématiques de l’écosystème Oracle et plus largement, sur les thèmes IT majeurs de l’époque. En premier lieu la nécessité de faire évoluer les comportements personnels et les pratiques IT pour sauver la planète, et améliorer ses critères ESG.
LeMagIT : Quelle a été la dynamique de l’AUFO sur les années 2021 et 2022 ?
Emmanuel Ruez (président de l’AUFO) : Elle a été très bonne. Nous progressons de 5 à 10 %, aussi bien en nombres de sociétés adhérentes qu’en nombre de membres. Notre association compte aujourd’hui une centaine d’entreprises adhérentes et environ 400 membres [N.D.R. : l’inscription à l’AUFO se fait par entreprise et offre le droit à plusieurs employés d’être membre, à la différence de l’USF où les inscriptions se font par personne].
Paradoxalement, cette dynamique s’explique plus par les confinements que par une actualité particulière d’Oracle. Nous avons décidé de mettre en place des webinaires, d’une heure ou une heure trente (pas plus), tôt le matin, sur plein de thèmes… et cela a plu !
Aujourd’hui, nous continuons à organiser ces webinaires, sur des thèmes du moment, avec des argumentations fortes et des intervenants forts. Un « bouche à oreille » se fait autour de cela et de nouvelles sociétés nous contactent, directement, pour nous rejoindre.
LeMagIT : Avec ces webinaires, vous souhaitez apporter de la valeur à vos membres sur l’utilisation ou le contexte des produits Oracle. Vous fixez-vous d’autres missions ? Comme de peser sur les pratiques commerciales et les décisions de l’éditeur ?
Emmanuel RezPrésident AUFO
Emmanuel Ruez : Notre ADN c’est, effectivement, le partage d’expériences entre utilisateurs pour utiliser les produits le mieux possible et pour en tirer la meilleure rentabilité.
Le combat contre l’éditeur n’est pas la finalité de l’AUFO… Cela étant dit, s’il y a des problèmes avec Oracle, on s’explique. Et s’il faut s’expliquer durement, on s’explique durement.
Nous avons par exemple eu les mêmes problèmes de contractualisation que ceux de l’USF avec SAP. Nous avons monté des sessions spécifiques. Pendant deux ans, tous les deux mois, un groupe de travail interne échangeait sur nos difficultés contractuelles. Nous ne parlions pas des prix entre nous – nous n’en avons pas le droit – mais on échangeait sur les augmentations ou sur les audits. À la clef, nous avons conçu des sessions sur la préparation des audits. On a même fait venir un ancien d’Oracle qui a monté sa société dans ce domaine.
Et vis-à-vis d’Oracle, nous avions endossé un rôle de représentation en étant à l’époque porteurs des revendications de nos membres auprès du Directeur général Oracle France
Nous avons eu des conflits assez durs sur ce sujet, mais aujourd’hui cette période de transformation des contrats est un peu derrière nous.
LeMagIT : Essayez-vous aussi d’influer sur les produits d’Oracle ?
Emmanuel Ruez : Oui, nous sommes aussi porteurs des retours des utilisateurs français. C’est nécessaire parce qu’Oracle est une société technologique. Ses produits sortent souvent un peu tôt et il y a une vraie problématique de qualité sur les produits nouveaux.
Emmanuel RezPrésident de l'AUFO
L’autre chose, c’est que les membres de l’AUFO sont beaucoup sur l’ERP, et nous ne sommes pas des sociétés anglo-saxonnes. Nous avons des comptabilités particulières et il est indispensable qu’Oracle intègre dans ces produits des choses qui sont importantes pour nous.
Or si vous regardez bien, il y a 150 000 salariés Oracle dans le monde et 1 500 en France, comme l’indiquait Christophe Negrier. C’est 1 %. Il faut que la France pèse, mais si elle pèse pour un centième [en interne], elle ne pèsera pas suffisamment. Donc il faut que nous, l’AUFO, nous portions aussi cela auprès d’Oracle.
Et pas seulement auprès d’Oracle France, ce n’est pas suffisant. Donc nous nous sommes associés aux autres clubs utilisateurs européens et mondiaux. On se rencontre régulièrement (tous les trois mois environ pour nos homologues européens). Le but est de voir si nos problèmes sont particuliers ou s’ils sont partagés par d’autres pays.
Et puis nous nous déplaçons, notamment à l’Oracle Cloud World pour faire entendre la parole de la France auprès de la direction générale de l’éditeur… ce qui a forcément un effet sur la direction d’Oracle France.
LeMagIT : Diriez-vous qu’Oracle vous entend ?
Emmanuel Ruez : Je dirais que la France est traitée « moyennement », dans le sens où elle n’est pas « mal traitée », mais où elle n’est pas « super bien » traitée non plus.
Mais oui, notre parole est entendue. Et Oracle a été présent à notre événement en tant que partenaire. Ils n’arrivent pas en terrain conquis, comme l’a d’ailleurs dit Christophe Negrier, avec humilité.
LeMagIT : Quelles sont vos grandes problématiques aujourd’hui ?
Emmanuel Ruez : La première problématique de fond, c’est l’évolution des produits dans le SaaS.
Nous nous assurons que ce qui est livré dans chaque version, plusieurs fois par an, correspond au marché français. Mais aussi que le marché français connaît ce qui sort. Cela ne sert à rien qu’Oracle nous fournisse des fonctionnalités que personne ne connaîtrait.
Emmanuel RezPrésident de l'AUFO
La deuxième problématique majeure, sans surprise, c’est la BI. Nous allons mettre en place des ateliers autour des différentes solutions BI d’Oracle. Il y en a plein ! C’est compliqué pour nous de nous y retrouver. Et Oracle crée encore de nouveaux produits. Par exemple FAW [N.D.R. : Fusion Analytics Warehouse] qui se colle à l’ERP SaaS.
Je pense que l’on va parler de la transformation de la BI chez Oracle pendant un an ou deux… et une transformation, qui, je l’espère, aille dans le bon sens. C’est à dire vers le prédictif et de l’information supplémentaire, et pas juste des fichiers Excel ou du descriptif. Dans un monde inflationniste et instable, il est difficile de prévoir le futur. Les entreprises ont besoin de ces outils pour se préparer.
Et sur les grands sujets transverses – comme la partie réglementaire et fiscale (dématérialisation des déclarations et des factures, etc.) –, nous allons de plus en plus travailler avec des partenaires comme l’USF.
LeMagIT : Vous avez placé votre journée utilisateurs 2022 sous le signe du Green IT, de l’écologie et de la RSE/ESG. Est-ce un choix qui émane des préoccupations de vos membres (qu’elles soient le fruit d’une prise de conscience personnelle ou imposées par la réglementation) ? Ou l’avez-vous fait pour, au contraire, éveiller les consciences de manière proactive ?
Emmanuel Ruez : Déjà, nos clubs apprécient la prise de position de Christophe Negrier concernant l’impact RSE des solutions proposées par Oracle. Ce sujet important sera traité en 2023 dans le cadre d’un groupe de travail dédié.
Ensuite, dans notre monde, la vie personnelle et la vie professionnelle s’imbriquent de plus en plus. Les confinements Covid ont été des accélérateurs de ce mouvement de fond. Notre éthique personnelle accepte de moins en moins des exigences professionnelles qui s’y opposeraient.
Emmanuel RezPrésident de l'AUFO
Les futures contraintes réglementaires autour du Green IT nous permettent d’aborder les thèmes environnementaux dans nos organisations. Peu s’en plaignent.
Nous voulions dresser une photo de cette prise de conscience et comprendre comment Oracle devait et pouvait nous accompagner, nous, les utilisateurs. Le comité de pilotage des clubs a donc convergé unanimement vers cette thématique qui devient une préoccupation grandissante.
Au-delà d’une prise de conscience, la question est aussi de savoir comment on peut agir intelligemment et efficacement, et ce que l’on peut faire à l’échelle des projets et des organisations.
Le rôle des clubs de proposer des retours d’expériences d’entreprise travaillant sur des approches de sobriété numérique et de numérique responsable avait vraiment du sens. Cette approche, faite de retours d’expériences et de « présentation de modèles », œuvre également pour la sensibilisation.
Loin d’avoir épuisé la thématique, le sujet devrait continuer d’accompagner les clubs lors de prochains événements.
Le Club Utilisateurs JD Edwards
Si le club utilisateur de PeopleSoft a été intégré à l’AUFO en 2021 (son nombre d’adhérents était en forte réduction), le Club Utilisateurs JD Edwards, lui, reste dynamique et bien actif, même si son nombre d’adhérents est stable.
Tout comme l’AUFO – avec lequel il collabore sur plusieurs actions et événements (dont celui de ce mois d’octobre à Paris) –, sa mission première est le partage d’expériences autour de l’ERP d’Oracle dédié aux PME et aux ETI : JD Edwards.
Pour le président du club, Yohann Garcia, la bonne dynamique de l’association est le reflet du produit, qu’Oracle continue de développer et de moderniser en parallèle de NetSuite.
« Il y a quelques années nous avons eu peur que JDE ne bénéficie plus autant de l’attention de d’Oracle », se souvient Yohann Garcia. « Cependant sa roadmap a su nous rassurer sur ses intentions pour l’écosystème JDE ».
Aujourd’hui, JDE est très « user friendly » avec des « choses très visuelles », se réjouit Yohann Garcia. « La road map est dynamique […] aussi bien sur l’UI que sur la partie fonctionnelle » voire « très soutenue », ajoute-t-il. À tel point qu’une autre mission de l’association est d’être le Sherpa de ces nouveautés et d’expliquer comment les utiliser au mieux quand elles sont déployées par un membre (JDE n’existe pas en mode SaaS avec montée de version automatique. Néanmoins, sans être un produit « full Saas », JDE est disponible sur la plateforme OCI Oracle Cloud Interface).
Quant à NetSuite, Oracle n’aurait, semble-t-il, pas poussé outre mesure ses clients historiques vers son second ERP cloud.