Chambardement à la tête de Workday

Vers un seul PDG chez Workday

Chano Fernandez était un ancien d’Infor et de SAP. Il co-dirigeait Workday depuis Londres.

Carl Eschenbach, lui, a passé 14 ans chez VMware (il en a même été le président). Depuis 2016, il était associé dans un des plus anciens fonds de capital-risque de la Silicon Valley, Sequoia Capital.

C’est donc un profil plus « investisseur » et plus américano-centré qui prend la tête de Workday, avec effet immédiat.

En plus de son activité chez Sequoia, Carl Eschenbach était membre du board de Workday depuis quatre ans. Il siège également à ceux de Zoom, de Snowflake, de UiPath, de ThousandEyes, ou encore de Cohesity (liste non exhaustive).

En janvier 2024, il deviendra seul et unique PDG de Workday, mettant fin par là même à la direction bicéphale de l’entreprise de l’ère Chano Fernandez / Aneel Bhusri.

Chano Fernadez, un CEO populaire

Cette décision de passer à un seul PDG est prise en accord avec le co-fondateur Aneel Bhusri. Celui-ci continuera d’assumer un rôle à temps plein en tant que président exécutif à partir de cette date.

Aneel Bhusri restera également président du conseil d’administration.

Ironie de l’histoire, une semaine avant son départ, Chano Fernandez avait été classé deuxième dans la liste des CEO préférés de leurs employés dans le secteur de l’IT.

Carl Eschenbach a immédiatement réagi à sa nomination (mais sans un mot pour son prédécesseur). Une semaine après avoir quitté ses fonctions, Chano Fernandez, n'a fait aucune déclaration pour son successeur et ne s’est toujours pas exprimé pour préciser les raisons de son départ (volontaire ou contraint).

Un changement d’ère pour Workday, selon les analystes

Avec ce changement de PDG, « Workday entre dans une nouvelle séquence, une nouvelle ère de son histoire », estime Liz Herbert, analyste chez Forrester Research.

Selon elle, Workday était déjà passé d’un développement très homogène d'un ensemble de produits à une volonté d'expansion de sa plate-forme par le biais d’acquisitions. L’expérience d’Eschenbach dans le monde du capital-risque pourrait aider Workday dans cette stratégie d’acquisitions et accélérer le développement d’un portefeuille de fonctionnalités plus large.

Chano Fernandez « a fait du bon travail au milieu du contexte commercial particulier de la pandémie », ajoute Ray Wang, fondateur et analyste chez Constellation Research. Mais, ajoute-t-il en accord avec Liz Herbert, les besoins de l’éditeur après cette pandémie sont différents.

Ray Wang voit en effet Workday ajouter davantage de fonctionnalités back-office à son offre pour l'étendre encore plus. Pour lui, « des compétences en matière de négociation et d’investissements dans le portefeuille [de produits] seront utiles, alors que les clients vont devoir se serrer la ceinture et qu’ils concentreront de plus en plus leurs dépenses sur un plus petit nombre de fournisseurs ».

Or « Carl Eschenbach peut apporter cela sur la table », avance l’analyste évoquant aussi une approche plus large des ventes.

Bien que la direction globale et les actions en interne que prendra Carl Eschenbach restent confidentielles « le fait que Workday ait fait venir quelqu’un de l’extérieur suggère que l’on peut s’attendre à du changement dans l’entreprise », prédit Trevor White, analyste chez Nucleus Research.

Le profil de Carl Eschenbach en fait donc, pour les analystes, un choix logique pour Workday. Aucun d'entre eux, en revanche, ne se risque à expliquer la soudaineté de la fin de mission de Chano Fernandez.

Article publié le 21/12/22, mis à jour le 30/12/2022 notamment avec les réactions des analystes