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Exploitation des données : les PME sont encore au « début du chemin »
Dans son étude annuelle, l’observatoire de la maturité Data sonde les TPE et les PME françaises. Elles aussi témoignent de freins importants à l’exploitation des données, des freins souvent liés à leur taille et au manque de connaissances.
L’Observatoire de la Maturité Data des Entreprises a publié la troisième édition de son étude annuelle. L’OMDE a fait appel au cabinet de conseil montpelliérain DataSulting. Celui-ci a interrogé 340 personnes en provenance de TPE, PME et ETI françaises.
Une prise de conscience encore difficile à matérialiser
Selon cette étude, 73 % des sondés sont convaincus de l’intérêt de mieux exploiter leurs données. Cependant, seulement 19 % d’entre eux se déclarent « être en capacité de les exploiter correctement ». C’est quatre points de plus qu’en 2021, observe l’OMDE.
OMDEÉtude 2022
Environ 76 % des répondants sont les dirigeants de leur entreprise.
La majorité (62 %) des sondés dirigent des entreprises de moins de 10 salariés, tandis que 15 % travaillent pour des organisations comptant 10 à 50 salariés, 12 % d’entre eux sont à la tête d’entreprise de 51 à 250 employés, et 6 % œuvrent pour des entreprises de 251 à 1 000 personnes.
Les trois objectifs prioritaires des répondants sont le pilotage de l’entreprise (55 %), l’optimisation de la performance opérationnelle (48 %), et l’amélioration de la connaissance et de la satisfaction de leurs clients (33 %), à égalité avec l’anticipation des ventes et des stocks.
La réduction des coûts et l’acquisition de nouveaux clients sont également des objectifs intéressants pour ces PME.
A contrario, seulement 23 % des sondés pensent que l’exploitation des données peut les aider à proposer de nouveaux produits et services, et 12 % peuvent transformer leur modèle économique.
Le DG, un chef d’orchestre débordé
Mais les freins principaux sont moins techniques que dans les grands groupes. Les PME, TPE et ETI manquent de temps (52 %), de connaissances et de compétences en interne (46 %), et de budget (24 %).
Trente-six pour cent des entreprises disposent des compétences en interne pour mener les projets data, et dix-huit pour cent cherchent d’entre elles cherche à recruter des data analysts, des data engineers et des data scientists.
Selon l’OMDE, cela s’explique aisément : « dans 29 % des cas, c’est le DG qui porte la casquette de chef de projet data ». Environ 34 % des entreprises n’ont pas de responsable désigné, tout comme en 2021.
Environ 22 % des sondés prétendent que les outils en place ne sont pas adaptés et que les données sont difficiles à obtenir, 21 % considèrent n’avoir qu’un faible volume de données à analyser.
Un peu plus de la moitié des sondés (53 %) utilisent Excel ou Google Sheets pour traiter leurs données. Alors que 45 % des dirigeants utilisent les modules analytiques embarqués dans leurs progiciels, seuls 21 % manipulent des outils BI.
Environ 42 % des répondants affirment que leur entreprise a mis en place des « actions concrètes » pour améliorer le traitement de leurs données.
Les bonnes sources de données, mais pas les outils ni les méthodes
L’OMDE donne l’exemple des Vignobles Vellas, un négociant et producteur de vins héraultais (14 millions d’euros de CA, 45 employés à Teyran).
« Nous faisions des extractions de données sous Excel via notre logiciel Prisma, mais n’avions pas de tableaux de bord prédéfinis », relate Brice Pitscheider, directeur général des Vignobles Vellas. « Nous avons adopté Power BI avec un affichage direct et intuitif des indicateurs clés : connaître le top de ventes, avoir des projections commerciales précises, adapter la production et le stock en conséquence. Maintenant il faut faire vivre cet outil, organiser des réunions avec les différents métiers pour faire bouger les lignes. »
Et comme les Vignobles Vellas, près de 44 % ont prévu un projet Data dans les 12 mois à venir, mais seulement 12 % des sondés ont centralisé les leurs dans un entrepôt et un tout petit nombre (6 %) font de la data science.
Pourtant, les PME, TPE et ETI ont accès aux trois sources principales que sont les données financières, clients et de production, qui permettent en principe de faire « de belles analyses », selon l’OMDE.
Report One, un éditeur de solutions BI membre de l’Observatoire constate que les projets « data » sont initiés par les DAF, car ce sont les premiers à souffrir du manque d’analyse des données financières. Une fois que le traitement de ces données financières est opérationnel, la culture se diffuse petit à petit à l’échelle de l’entreprise.
Or, 62 % des décideurs considèrent avoir un niveau faible de connaissance des sujets liés à la donnée, contre 69 % des collaborateurs.
Là encore, des freins émergent : seuls 39 % des entreprises considèrent la donnée comme un sujet stratégique. Surtout, l’OMDE remarque que plus le niveau de maturité augmente, plus les projets sont complexes et plus il est difficile de généraliser l’adoption.
La gouvernance de données, un sujet mal compris
L’OMDE définit cinq niveaux de maturité – 0, 1, 2, 3, 4 – selon cinq axes : le potentiel des données (richesse et diversité, non-quantité), la stratégie de l’entreprise, sa culture, la gouvernance et les compétences.
Seulement 13 % des entreprises sont au niveau 0, c’est-à-dire qu’elles n’ont aucune démarche en cours ou à venir. Quelque 39 % des TPE et PME sont au niveau 1, et 29 % au niveau 2. Le niveau 3 (16 %), le stade du déploiement des infrastructures et des outils, correspondrait à un pic de difficulté, selon les sondés. Le niveau 4, le véritable stade de la maturité, n’est atteint que par 3 % des sociétés interrogées.
Gaël PhilippePrésident, DataSulting
Logiquement, la gouvernance des données demeure un sujet mal compris par la plupart des entreprises. Pas moins de 44 % des sondés affirment que leur entreprise n’applique pas un suivi de la qualité des données. La maturité en matière de cybersécurité reste toute relative : 47 % veulent améliorer la sécurité et 31 % des entreprises n’ont engagé aucune démarche. C’est le même constat en ce qui concerne le RGPD : 36 % des sondés estiment que leur entreprise est en conformité, 27 % commencent les démarches et 35 % n’ont pas encore débuté.
Quant aux notions d’éthique des données, 62 % des sondés n’ont pas encore engagé d’actions.
« Nous ne sommes encore qu’au début du chemin pour beaucoup de PME », constate Gaël Philippe, président de DataSulting. Il résume ce manque de maturité par un faible soutien des directions, des lacunes dans la vision stratégique de l’exploitation des données, ainsi que des problèmes de méthodologies qui entraînent des enjeux de gouvernance. « Toutes les entreprises sont concernées ! », conclut-il.
Selon DataSulting, les entreprises devraient donc se cultiver, et permettre aux collaborateurs de se former. Dans un même temps, elles devraient identifier le potentiel, les technologies et les ressources de données afin d’établir un plan d’action. Ce plan d’action passe par la définition « claire » d’objectifs prioritaires pour augmenter la prise de décisions. Enfin, l’organisation et la gouvernance sont des axes clés pour mener à bien de tels projets.
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