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Auristor, la startup qui veut partager des données sans passer par le cloud

L’éditeur voit dans l’émergence des objets connectés et des applications au format container un nouveau relais de croissance pour sa solution, née d’un protocole universitaire inventé par IBM en 1991.

Partager des fichiers à l’international, mais aussi des applications en containers et des mises à jour pour les objets connectés, le tout sans passer par le cloud. Telle est la promesse d’Auristor, une startup qui commercialise sa propre implémentation du protocole AFS, à savoir un protocole NAS qui fonctionne entre des ordinateurs sans que ceux-ci fassent forcément partie du même réseau local.

« Nous travaillons avec des laboratoires de recherche, des centres de simulations qui manipulent des données sensibles et qui ne souhaitent pas les déposer sur des ressources détenues par des tiers et éventuellement accessibles par n’importe qui », lance Jeffrey Altman, le PDG de la startup.

Son ambition, lorsqu’il s’entretient avec la presse, à l’occasion d’une rencontre organisée dans le cadre de l’événement IT Press Tour, est de convaincre un éventail d’entreprises plus large que la niche des chercheurs. Un vœu qui tarde néanmoins à s’exaucer.

Une technologie qui remonte à 1991

Le protocole AFS a été inventé en 1991 par IBM, puis mis en Open source en 2000. Restreint au milieu universitaire pendant tout ce temps, il finit par susciter l’intérêt d’une banque en 2003. Elle y voit la possibilité de déployer depuis un datacenter régional des mises à jour système vers les postes de ses agences.

Les quelques cas d’usage qui s’en suivent permettent de packager AFS en une solution clés en main. L’année 2007 voit ainsi arriver une distribution Open source, OpenAFS, et sa déclinaison commerciale, AuristorFS, toutes deux maintenues par Auristor, l’entreprise créée pour l’occasion par Jeffrey Altman et d’autres anciens d’IBM. AuristorFS a des fonctions en plus, notamment un logiciel client qui permet d’accéder à un partage AFS depuis macOS et Windows, la version Open source ne fonctionnant que sous Linux. Par ailleurs, le serveur local, qui fait office de cache pour lire ou écrire plus rapidement des fichiers créés à l’autre bout de la planète, exécute jusqu’à 16 flux en parallèle sur la version commerciale, contre un seul sur la version Open source.

« Ce fonctionnement direct permet en théorie de travailler entre plusieurs sites sur des fichiers dont la taille peut atteindre 16 exaoctets. »
Jeffrey AltmanPDG, Auristor

Depuis lors, le système n’a vraiment tracé sa route qu’à côté des supercalculateurs, pour partager les résultats des simulations avec des collaborateurs éclatés aux quatre coins du globe.

Mais Jeffrey Altman veut croire que la situation va changer. « Vous avez à présent des éditeurs sur le marché qui proposent aux entreprises la même chose que nous : Nasuni et Ctera. Mais leur solution est imparfaite, dans le sens où il s’agit de télécharger des fichiers entre les serveurs de différents sites et de les repartager localement en NFS ou SMB, avec de nouvelles métadonnées recréées pour chaque site. Avec notre solution, les fichiers conservent les mêmes caractéristiques – les mêmes auteurs, les mêmes dates de création – entre tous les sites », dit-il.

« Ce fonctionnement direct permet en théorie de travailler entre plusieurs sites sur des fichiers dont la taille peut atteindre 16 exaoctets ! Bien entendu, personne ne travaille avec des fichiers de pareille taille. Néanmoins, il est d’usage que nos utilisateurs s’échangent des fichiers de 5 à 50 To, ce qui est impossible à faire avec les solutions de nos concurrents. D’autant qu’eux ne fonctionnent bien qu’avec du partage Windows », défend-il, en suggérant par exemple des usages chez les producteurs de vidéos. 

Sortir de l’anonymat avec les PRA, les objets connectés et les containers

Jeffrey Altman mesure qu’il va néanmoins lui falloir faire plus d’efforts marketing pour faire connaître sa solution. « Nous implémentons à présent dans notre produit une solution de backup, qui vous permet sans frais supplémentaires de ménager un site de secours. Notre système s’interface directement avec les solutions d’archivage sur bandes Spectrum Protect d’IBM. Et nous allons dans les prochaines semaines étendre cette fonction avec une plateforme complète de reprise d’activité après sinistre », promet-il.

« Avec AuristorFS, il vous suffit simplement de poster vos mises à jour sur un serveur local pour que, automatiquement, toutes vos filiales y aient accès. »
Jeffrey AltmanPDG, Auristor

Parmi les autres cas d’usage auxquels il croît fort, il cite les objets connectés. Une entreprise pourrait les mettre à jour depuis son siège sans passer par le cloud, d’autant que le noyau Linux de ces appareils implémente depuis des années le protocole AFS.

Mais le domaine qui, selon lui, est le plus porteur serait celui de la distribution de logiciels au format containers : « Le format container a cette particularité que les mises à jour sont beaucoup plus fréquentes, car vous pouvez n’améliorer qu’une fonction. Sauf qu’il est compliqué de suivre le rythme d’envoyer régulièrement à vos filiales de nouvelles versions. Avec AuristorFS, il vous suffit simplement de poster vos mises à jour sur un serveur local pour que, automatiquement, toutes vos filiales y aient accès. »

Selon Jeffrey Altman, Red Hat devrait ainsi prochainement annoncer une intégration d’AuristorFS dans OpenShift.

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