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NUMSPOT : un nouveau « cloud de confiance » en 2023
Fruit d’une collaboration entre Docaposte, Dassault Systèmes, Bouygues Telecom et la Banque des Territoires, NUMSPOT sera à la fois souverain et « de confiance ». Il ciblera le secteur public et la banque. L’État et le Cigref l’accueillent favorablement.
Docaposte (filiale numérique du groupe La Poste), Dassault Systèmes (maison mère d’Outscale), Bouygues Telecom et la Banque des Territoires créent un consortium industriel « 100 % français » pour développer une « offre complète de services européens de cloud » (sic).
NUMSPOT (le nom du futur cloud) reposera physiquement sur Outscale. De facto, il sera donc SecNumCloud, HDS, souverain et conforme au label « cloud de confiance » et au futur EUCS européen.
L’offre sera disponible dès 2023, promettent les quatre acteurs. Elle s’adressera « prioritairement aux acteurs économiques et institutionnels français qui ne trouvent pas actuellement de solutions répondant à leurs besoins », explique le communiqué de l’alliance. NUMSPOT ciblera trois secteurs : financier, de la santé et du secteur public (État, collectivités locales, opérateurs). Dans un second temps, le consortium partira à la conquête du marché européen, anticipe-t-il.
D’un point de vue technologique, l’alliance complétera l’offre Outscale avec un PaaS et un SaaS. C’est en tout cas son ambition. Toujours dans cette optique, NUMSPOT veut développer « un écosystème européen de référence » avec des éditeurs, des ESN et des startups.
Bruno Le MaireMinistre de l’Économie, des Finances, et de la Souveraineté industrielle et numérique
L’annonce a été immédiatement saluée par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, désormais chargé de la Souveraineté industrielle et numérique, et par le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, Jean-Noël Barrot.
« Le lancement de cette nouvelle offre de “cloud de confiance” s’inscrit dans la lignée des annonces que j’ai formulées le 12 septembre dernier à Strasbourg en faveur d’une souveraineté industrielle et numérique », se réjouit Bruno Le Maire. « J’appelle de mes vœux l’ensemble des administrations et des entreprises à se saisir des offres souveraines et de qualité, dont fera partie NUMPOST, afin de protéger nos données les plus sensibles ».
« Notre objectif est clair et consiste à faire émerger des champions européens du cloud », complète Jean-Noël Barrot. « Le maintien de notre souveraineté réside dans la capacité de nos entreprises à développer des solutions innovantes en matière d’infrastructures numériques. Je salue donc la création de NUMSPOT qui en est un exemple concret ».
Les deux ministres se félicitent par ailleurs que la stratégie nationale pour le cloud – soutenue financièrement par le Plan d’investissement France 2030 – ait pu favoriser la collaboration entre des acteurs locaux. Ils avancent également que cette offre renforcera la concurrence dans ce secteur. Ce qui reste à démontrer en l’absence d’une politique publique d’achat IT claire sur ce sujet (Bpifrance sur AWS, l’épisode Health Data Hub sur Azure, etc.).
De son côté, le Cigref a accueilli favorablement NUMSPOT « comme toute initiative [qui permet] de renforcer la capacité des entreprises et des administrations à protéger leur patrimoine informationnel sensible – tant vis-à-vis de la cybercriminalité que des activités de renseignement », écrit l’association des DSI des grands groupes français.
Le cloud souverain de confiance : un marché pour 20 % des données
Le Cigref rappelle que, d’après ses études, 20 % à 25 % des utilisateurs d’une suite collaborative SaaS, comme Microsoft 365 ou Google Workspace, auraient besoin d’une solution de confiance. De même, 20 % des données et des traitements associés ne pourraient pas être hébergés chez un opérateur de cloud public qui ne soit pas « de confiance ».
Il existerait donc bien un marché pour ces offres souveraines – NUMSPOT, mais aussi OVHcloud, Scaleway, Cloud Temple, etc. et de manière moins sûre juridiquement Bleu et S3NS. Mais là encore, au-delà des mots et des chiffres, reste à savoir si les membres Cigref seront effectivement séduits par ces clouds de confiance. Ou pas.