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OVHcloud : les résultats 2022 confirment la transformation en cours du cloudiste européen

Plus de cloud public, plus de PaaS, plus de grands comptes, plus international. OVHcloud ne dévie pas de sa ligne. Et malgré un résultat net négatif en 2022, il promet de continuer à investir pour tirer parti du multicloud et des besoins de souveraineté des données. Et devenir d’ici 2025 un cloud à plusieurs milliards d’euros de revenus.

OVHcloud a connu une croissance de presque 19 % en 2022 (18,8 %), avec un chiffre d’affaires de 788 millions d’euros. Il anticipe une progression de 14 % à 16 % sur l’année à venir – ce qui devrait l’amener à tutoyer les 900 millions d’euros en 2023 – un seuil en adéquation avec ses objectifs affichés précédemment.

Pas d’impair sur le PaaS

Le cloud privé (Bare Metal Cloud et Hosted Private Cloud) représente la plus grosse part de l’activité d’OVHcloud (485 millions soit 60 % des revenus).

Le cloud public est encore derrière l’activité d’hébergement web (126 millions € contre 177 millions €), avec « seulement » 16 % du revenu total. Mais il connaît la croissance la plus forte : +34 % (contre +22 % pour le cloud privé et une demande quasiment étale pour l’hébergement web).

« Les services PaaS, tant en Beta que récemment commercialisés, continuent de montrer des signes positifs d’adoption », se félicite l’entreprise qui souligne ainsi sa transformation vers un fournisseur de services cloud (gestions de données, IA, etc.) au-delà de la seule infrastructure à la demande. « Le renforcement de l’offre, avec 81 services IaaS et PaaS à fin août 2022, permet aux clients d’OVHcloud d’avoir accès à des services complets, au plus près de leurs besoins ».

Le nombre de ces services a doublé en un an. OVHcloud nomme cette stratégie le « Move to PaaS ».

OVHcloud : plus de revenus à l’international qu’en France

Le Directeur général d’OVHcloud, Michel Paulin, confirme que le moteur de l’expansion du cloudiste nordiste vient « tout particulièrement [de] l’enrichissement rapide [du] portefeuille de produits », avant d’ajouter immédiatement le rôle du « développement de nos clients à l’international ».

Le « reste du monde » (175 millions €) et l’Europe hors France (224 millions €) ont en effet dépassé la barre symbolique des 50 % de revenus d’OVH.

Mieux, dans sa stratégie pour devenir un acteur international, ces deux zones progressent plus vite que la France (respectivement +36 % et +16 %, contre +14 % localement). Aux États-Unis, OVHcloud revendique même une croissance de +80 %, fruit de ses investissements dans des data centers nord-américains (dont celui de Vint Hill), mais il ne précise pas le revenu généré sur les terres des hyperscalers.

Michel Paulin souligne par ailleurs que « notre modèle opérationnel intégré et notre offre de confiance nous permettent d’absorber avec succès la volatilité de l’environnement actuel ». En clair, OVH ne dépend pas des marchés russes et ukrainiens, et il n’externalise pas à des prestataires dans ces pays.

Grandes entreprises : Arianespace et Alstom sur OVHcloud

Le troisième axe de transformation d’OVHcloud est d’arriver à cibler les grandes organisations.

Sur le quatrième trimestre, le cloudiste met donc sans surprise en avant des « news wins » qui confirment cette volonté : Mastercard, Alstom, ou encore Arianespace.

OVHcloud souligne également qu’il est désormais partenaire de grandes ESN et des intégrateurs internationaux comme Capgemini, Accenture ou Sopra Steria (trois noms qu’il cite particulièrement) et que le nombre de ses partenaires ne cesse de croître.

« En atteignant une part de 54 % du chiffre d’affaires sur l’année, en progression de deux points par rapport à l’année précédente, le segment Entreprise confirme sa bonne performance », se félicite OVHcloud.

C’est également dans ce cadre que la société a travaillé pour se rapprocher de SAP – qu’elle utilise en interne – et qu’il a obtenu en 2021 la certification « Cloud and Infrastructures Operations ».

Cette certification atteste que SAP valide la qualité des services du nordiste pour héberger ses solutions sur les instances IaaS et de cloud privé en France, en Allemagne et au Royaume-Uni du cloudiste. La première concrétisation majeure de cette certification est arrivée ce mois d’octobre : une offre « de bout en bout » pour déployer SAP S/4HANA sur OVHcloud.

Cette offre vise les acteurs du secteur public, mais l’USF ne cache pas l’intérêt de ses membres.

Un résultat net 2022 négatif

Ces bons résultats commerciaux n’empêchent cependant pas OVHcloud d’afficher un résultat opérationnel dans le rouge (-20 millions €) et de terminer l’année avec une perte de 29 millions €.

La société justifie cette situation par l’impact négatif de 52 millions € de trois éléments de 2022 : les frais liés à son introduction en bourse, les rachats pour renforcer son offre (notamment ForePass en avril), et la suite des conséquences de l’incendie de Strasbourg en 2021.

À lui seul, cet accident a pesé sur les comptes d’OVH à hauteur de 13 millions € en 2022 : 5 millions € de dépréciation accélérée de serveurs endommagés, 4 millions € de gestes commerciaux et 4 millions € liés aux surprimes d’assurance.

OVHcloud : l’opérationnel amélioré grâce à SAP

Reste que le cloudiste dispose d’une capacité d’autofinancement encore confortable de plus de 260 millions €, dont il laisse entendre qu’il devrait s’en servir.

Sur 2023, OVHcloud anticipe une amélioration de son efficacité opérationnelle « notamment grâce à SAP, mis en place en décembre 2021 », souligne particulièrement OVH, comme pour sceller encore un peu plus l’accord avec l’éditeur allemand.

Toujours sur 2023, le groupe confie par ailleurs qu’il sera amené à augmenter ses tarifs pour préserver ses marges face aux variations des coûts de l’électricité. Mais il promet que ces hausses seront « progressives ».

30 clients sur l’offre SecNumCloud d’OVHcloud

À l’horizon 2025, OVHcloud cible une accélération de sa croissance aux alentours de 25 % par an. Soit un revenu d’environ 3 milliards €.

Un objectif qu’il juge atteignable grâce à son virage vers le PaaS, vers l’international et vers les grands groupes, donc, mais aussi en surfant sur la vague du multicloud et sur l’appétence grandissante des Européens pour la souveraineté de leurs données. OVH compte « plus de 30 clients pour son offre SecNumCloud, en forte progression sur le quatrième trimestre », indique-t-il d’ores et déjà.

Ces résultats et ces perspectives de transformation majeure d’OVHcoud ont été bien accueillis par les analystes et par le marché. À la publication de cet article, l’action du groupe d’Octave Klaba et de Michel Paulin progressait de +6 %.

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