JT Jeeraphun - stock.adobe.com
ERP : IFS ne veut pas se disperser
L’éditeur d’ERP, IFS réitère sa volonté de jouer sur ses forces et de ne cibler que six secteurs pour mieux concevoir des fonctionnalités qui leur conviennent. Son positionnement dans le FSM et l’EAM pourrait aussi payer à l’heure de la « servicisation ».
Lors de son évènement IFS Unleashed, qui s’est tenu à Miami ce mois-ci, l’éditeur d’origine suédoise d’ERP a réaffirmé sa volonté de suivre sa stratégie à la lettre et de se concentrer sur les industries où il se sent fort.
IFS ne se dispersera pas non plus dans les solutions. Il entend approfondir sa profondeur de gamme dans les applications qu’il propose déjà avec IFS Cloud : l’ERP, la gestion d’actifs matériels (Enterprise Asset Management), la gestion des services sur le terrain (FSM)… sans oublier le CRM ou le SIRH.
Pour mémoire IFS cible six secteurs : l’aérospatiale et la défense, l’énergie et les services publics, la fabrication, la construction et l’ingénierie, les télécommunications et les services.
Toujours plus de fonctionnalités, mais ciblées sur ses verticaux
Les nouvelles fonctionnalités seront incluses nativement dans les applications, et pas ajoutées en tant que personnalisation sur mesure, assure le PDG d’IFS, Darren Roos.
« Très souvent, on me demande – y compris des membres de notre conseil d’administration – quand nous allons sortir des choses en dehors de ces verticaux, et ma réponse est “nous ne le ferons pas” », lance-t-il. « La raison est qu’il y a encore des choses à développer et à améliorer pour ces secteurs, et ce sont ces améliorations et cette profondeur fonctionnelle qui apporteront de la valeur à nos clients ».
IFS est un des éditeurs de référence du FSM et de l’EAM, se félicite Darren Roos. Mais la stratégie du PDG de capitaliser sur ses points forts ne l’amènera pas pour autant à négliger ou abandonner certaines « briques » où il est moins avancé, comme les RH ou le CRM, s’engage-t-il.
Les outils d’IFS dans ces domaines ne sont peut-être pas aussi riches que ceux de Workday ou de Salesforce, mais ils le sont suffisamment pour satisfaire sa base de clients – qui souhaiterait par ailleurs ne pas perdre du temps à les intégrer à IFS, et donc les choisir chez IFS directement.
Une stratégie, une communication et des évolutions cohérentes
Lors de sa conférence, l’éditeur a aussi dévoilé la version 22R2 d’IFS Cloud – qui sortira dans le courant du mois d’octobre – avec plus de 200 fonctions qui s’inscrivent dans cette stratégie. Par exemple un système simplifié de soumission et de reporting des dépenses (lié au SIRH), un nouveau modèle d’analyse de la planification de la trésorerie pour planifier les éventuels problèmes en amont (gestion financière), et des fonctionnalités de mesures, de détection et de télémétrie par ondes lumineuses sur des appareils mobiles pour permettre aux techniciens de prendre des mesures plus précises sur le terrain (FSM).
Le message d’IFS a, semble-t-il, trouvé un écho très favorable auprès de ses clients lors de l’évènement, en particulier chez les acteurs de l’industrie manufacturière. Même si certains décideurs veulent encore en savoir un peu plus sur les implications du cloud (feuille de route et technologie sous-jacente).
Il n’y a rien de particulièrement nouveau dans le message d’IFS, mais ce n’est pas une mauvaise chose, constate Cindy Jutras, présidente de la société de conseil Mint Jutras.
Pour elle, IFS est cohérent dans ce qu’il a fait. « Les évolutions technologiques d’IFS ne sont pas faites pour le simple plaisir de faire de la technologie », souligne-t-elle. « Il n’y a rien de révolutionnaire ou qui peut faire la une de la presse IT, mais le tout forme une dynamique positive depuis que Darren Roos est arrivé comme PDG [en 2018]. Il les a poussés vers le cloud. C’était nécessaire parce qu’IFS était considérablement à la traîne… mais ce n’est plus le cas. »
L’analyste considère aussi que la volonté de ne pas se disperser n’est pas un manque d’ambition ou une limite. Au contraire. « Le marché des industries qui ont beaucoup d’actifs à gérer est énorme », avance Cindy Jutras. « C’est intelligent de se concentrer là-dessus ».
Pour Vinnie Mirchandani, consultant IT et fondateur de Deal Architect, la stratégie très FSM d’IFS devrait être gagnante avec la « servicisation » de l’industrie. À mesure que les entreprises vendent du service en plus de leurs produits, elles auront en effet besoin de gérer des interventions sur le terrain et les compétences pour le faire – avance l’analyste. Pour lui, ce positionnement d’IFS est en train de payer. « C’est ce qui les différencie de beaucoup d’autres éditeurs », ajoute-t-il.
S’il fallait retenir deux bémols, le premier serait sur le « midmarket ». Si IFS séduit les grands groupes, il a plus de mal avec les ETI et PME, la faute à une concurrence plus diverse et très présente.
Le second bémol viendrait du cloud, avec des migrations qui progressent, mais qui restent encore timides, selon Vinnie Mirchandani. Mais cet état de fait concerne peu ou prou tous les éditeurs d’ERP.