CloudWorld 2022 : Oracle renforce son offre serverless
Les nouvelles offres serverless d’Oracle Cloud Infrastructure visent à cacher davantage les détails complexes de l’infrastructure aux développeurs applicatifs, afin d’accélérer les flux de livraison de logiciels.
Oracle Cloud Infrastructure assumera une plus grande part de la gestion des déploiements cloud-native pour les développeurs via quatre produits serverless présentés à Oracle CloudWorld cette semaine.
Les nouvelles options serverless rejoignent une liste florissante de 105 services Oracle Cloud Infrastructure (OCI) que les développeurs peuvent – en principe – utiliser pour créer, étendre, moderniser et exécuter des applications. Elles comprennent une nouvelle capacité de nœuds virtuels pour le service managé Oracle Kubernetes Engine (OKE), des instances de conteneurs, une file d’attente de messages et une orchestration de flux de travail.
« Les améliorations d’OCI témoignent du besoin d’abstraire les exigences complexes de configuration de l’infrastructure autour de la mise en place et de la maintenance des architectures d’applications modernes comme les microservices », affirme Charlotte Dunlap, analyste chez GlobalData. « Nous verrons cette année de nombreuses solutions qui prennent en compte les capacités serverless s’ajouter aux plateformes DevOps et d’applications des fournisseurs de technologies (notamment AWS) », prédit-elle.
Bien qu’OCI soit encore dans l’ombre des trois titans du cloud, AWS, Google Cloud et Microsoft Azure, il gagne des parts de marché dans les sous-catégories IaaS et PaaS, selon un rapport de Gartner publié en février. Lorsque Oracle Cloud a été lancé en 2015, ses offres IaaS et PaaS ne représentaient que 2 % du marché, mais ce chiffre a crû de plus de 100 % en 2020 et de 80 % au premier trimestre de 2021.
Cela s’explique en partie par le fait qu’Oracle a encouragé ses clients sur site à migrer vers son cloud, grâce à des « options de licence flexibles », selon le rapport qui attribue également une partie de cette croissance au fait que davantage d’entreprises sont prêtes à envisager des déploiements multicloud. Oracle, qui a déclaré un chiffre d’affaires de 42 milliards de dollars pour son exercice 2022, compte plus de 430 000 clients, selon son site Web.
Il existe d’autres options de fournisseurs afin d’abstraire Kubernetes pour les développeurs, dont Docker Desktop et Mirantis Lens, mais la base installée d’Oracle représente pour lui un marché important.
« Bien que les développeurs aient d’autres options en matière de déploiements serverless sur Kubernetes, Oracle est en bonne position pour cibler sa large base installée de développeurs professionnels utilisant OCI », avance Charlotte Dunlap.
Les développeurs luttent avec les technologies cloud natives
Les technologies cloud natives sont populaires, mais la gestion d’une telle architecture est un défi, selon Larry Carvalho, consultant principal chez Robust Cloud LLC. Par exemple, la gestion et l’orchestration de Kubernetes mettent en lumière une courbe d’apprentissage abrupte que les développeurs doivent aborder en plus de leur charge de travail en plein essor, dans le cadre de l’approche DevOps.
Larry CarvalhoConsultant principal, Robust Cloud LLC
« L’approche serverless d’Oracle abstrait la complexité en offrant un chemin facile vers l’adoption du cloud native », avance l’analyste.
Bien qu’OCI ait eu une option pour gérer une partie de la pile au cours des trois dernières années, avec une nouvelle option de nœuds virtuels pour OKE, que les responsables d’Oracle décrivent comme un « Kubernetes serverless », Oracle gérera une plus grande partie de la pile d’orchestration de conteneurs, y compris les nœuds worker. Cela serait préférable pour les équipes de développement qui n’ont pas de compétences en gestion de Kubernetes, affirme Leo Leung, vice-président de la gestion des produits chez OCI.
Les Containers Instances d’OCI, également révélées lors d’Oracle CloudWorld 2022, ciblent les développeurs qui veulent des conteneurs, mais n’ont pas besoin de les orchestrer avec Kubernetes. Les instances de conteneurs peuvent être utilisées pour tester un service simple avant qu’il ne soit mis en production, selon Leo Leung. Elles peuvent être déployées via le CLI, les API ou la console d’OCI.
« Elles conviennent à des cas d’utilisation tels que les API, les applications Web, les pipelines CI/CD, les tâches d’automatisation, le traitement des données/médias, les environnements de développement/test, etc. », précise la documentation d’Oracle. « Cependant, elles ne remplacent pas les plateformes d’orchestration de conteneurs. Pour les cas d’usage qui nécessitent une orchestration de conteneurs, utilisez OKE ».
Il est possible d’allouer jusqu’à 128 vCPU et 1 024 Go de mémoire vive à une instance de conteneurs via les « shapes » E3/E4 Flex.
La troisième offre « serverless », OCI Queue, est un broker de messagerie (un courtier de messagerie en bon français) entièrement managé. Il doit permettre la mise à l’échelle des applications et étaler la réponse d’un service. Par exemple, un réseau social Web peut disposer d’un processeur d’images et d’un distributeur d’images ; la file d’attente est placée entre les deux applications pour aider à faire évoluer leur charge de communication pendant un pic de téléchargement d’images. Selon Leo Leung, les développeurs devaient auparavant importer leur propre système de mise en file d’attente, tel que le système open-source RabbitMQ. Ils ont désormais la possibilité d’utiliser la file d’attente intégrée d’OCI.
Enfin, disponible en bêta, Workflow d’OCI doit faciliter la conception des processus à plusieurs étapes à travers un éditeur visuel dit low-code.
« OCI Workflow fournit des primitives, telles que le traitement des erreurs, les délais d’attente, les logiques de redémarrage, le routage conditionnel, les boucles et le calcul parallèle », précise la documentation du fournisseur.
Oracle gère l’infrastructure sous-jacente, explique Leo Leung. Avant Workflow, les développeurs devaient généralement écrire le code à partir de zéro, affirme le responsable.
« L’automatisation des processus métier avec les technologies traditionnelles est lourde et prend du temps », observe Larry Carvalho. « Le moteur de workflow d’Oracle offre aux développeurs une interface graphique pour répondre à ce besoin d’automatisation ».
La sécurité des services serverless interroge
Cependant, il est à noter une absence de stratégie de sécurité serverless, qu’Oracle serait bien avisé d’articuler pour les clients, avance Charlotte Dunlap.
Charlotte DunlapAnalyste, GlobalData
« L’industrie verra une importance accrue autour des solutions de sécurité des applications, API, conteneurs et serverless cette année », anticipe-t-elle.
Oracle propose pourtant des services de sécurité pour les conteneurs. OCI Vulnerability Scanning Service (VSS) permet de scanner des images de conteneurs depuis mars 2021. Oracle Cloud Guard peut, lui, détecter si une image de conteneur est à risque en fonction de la politique établie par l’entreprise.
En outre, le fournisseur offre un WAF intégré, un outil de scan de vulnérabilités ou encore de détection de menaces sans coût supplémentaire.
Le prix des nœuds virtuels pour OKE et des instances de conteneurs dépend de la consommation de ressources de calcul et de stockage sous-jacentes. La gestion des clusters Kubernetes n’entraîne aucun coût supplémentaire. Une VM à usage général commence à environ 10 cents par heure, selon la page de tarification du cloud d’Oracle ; le stockage en bloc commence à 4,25 dollars par mois pour 100 Go et 6000 IOPS.
Les prix ne sont pas encore disponibles pour Workflow et OCI Queue, dont la disponibilité générale est prévue pour les mois à venir.