Stockage : Pavilion Data dépose le bilan
Le petit constructeur américain avait mis au point la baie HFA, véritable petit bolide parmi les solutions de stockage. Il ferme vraisemblablement ses portes faute d’avoir trouvé un repreneur.
Pavilion Data ne sera donc jamais le nouveau Pure Storage. Ce petit constructeur américain, qui rêvait de devenir un acteur de premier plan du stockage avec ses petites baies de SSD HFA ultra-performantes, vient d’annoncer qu’il déposait le bilan. Cette annonce a été faite la veille d’une rencontre prévue de longue date avec LeMagIT à l’occasion d’un événement IT Press Tour, qui se tient cette semaine dans la Silicon Valley.
Selon nos confrères britanniques de Block and Files, Pavilion Data n’aurait pas fermé par manque de liquidités – il avait réussi à lever 45 millions de dollars de financements lors d’un tour de table en janvier de cette année. Vraisemblablement, l’équipe dirigeante aurait préféré jeter l’éponge après avoir échoué à revendre l’entreprise pour un prix satisfaisant. Pour autant, 96 des 100 salariés de l’entreprise viennent de se voir signifier leur licenciement avec pour toute compensation financière le strict minimum légal aux USA : deux semaines de salaire. Les quatre dirigeants partiront avec ce qui reste sur le compte en banque.
Un vrai bolide
Le design de sa solution, l’Hyper-Parallel Flash Array ou baie HFA, consistait à mettre dans un boîtier de seulement 4U de haut jusqu’à 72 SSD NVMe pilotés par 20 contrôleurs montés en parallèle. Soit cinq fois plus de contrôleurs que dans une solution de stockage traditionnelle avec autant de SSD. Chaque contrôleur possède son propre processeur Intel.
Ce déploiement de puissance permettait à la baie HFA d’atteindre des débits record de 120 Go/s en mode SAN, 90 Go/s en NAS et 80 Go/s en objet. En termes d’accès par seconde, les chiffres étaient à l’avenant : 20 millions d’IOPS en bloc (SAN), 4,5 millions d’IOPS sur les fichiers (NAS). Tout comme la latence : 100 microsecondes en mode bloc, 170 microsecondes en mode fichiers.
Lors d’une précédente interview, Costa Hasapopoulos, en charge des partenariats chez Pavilion, avait déclaré : « nous proposons tous les protocoles de stockage sur notre machine. Si l’on compare la puissance délivrée par U, nous avons 7 à 50 fois plus d’IOPS, 7 à 10 fois plus de Go/s et 2 à 7 fois plus de capacité en mode bloc que Dell EMC, NetAPP et Pure Storage. Sur les fichiers, nos accès en lecture sont 7 fois plus rapides et nos écritures sont 12 fois plus rapides que celles d’Isilon et Vast Data, qui se revendiquent les champions du NAS. Sur le mode objet, enfin, nos lectures sont près de 6 fois plus rapides et nos écritures près de 9 fois plus rapides que celles de MinIO ou OpenIO ».
Des défauts de jeunesse
Pour autant, la baie HFA souffrait de quelques défauts de jeunesse, que LeMagIT s’attendait justement à voir corriger lors de la rencontre initialement prévue cette semaine et qui n’aura vraisemblablement pas lieu. Parmi ces défauts, citons que la baie multifonction n’était en définitive utilisable que soit en mode bloc, soit en mode fichier, soit en mode objet, mais pas tous en même temps. De plus, la répartition des accès semblait améliorable, dans le sens où cette baie était finalement plus un cluster de plusieurs baies indépendantes dans le même boîtier.
Accessoirement, la baie HFA était l’une des premières à être accessible depuis les serveurs (en mode SAN) via les protocoles NVMe/TCP et NVMe/RoCE. Ces protocoles, qui permettent de maximiser les vitesses sur un réseau Ethernet moins cher que l’Infiniband, ont entretemps été adoptés par tous les grands constructeurs de baies de stockage. Ceux-ci travaillent par ailleurs à condenser toujours plus de puissance et de capacité dans un minimum d’espace.