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Allemagne : le patron du BSI menacé, après des allégations de liaisons dangereuses
Arne Schönbohm – patron de l’homologue allemande de l’Anssi française – est sous le feu des projecteurs, après des allégations de contacts potentiels avec des personnes impliquées dans les services du renseignement russes.
C’est l’émission Magazin Royale de la chaîne de télévision ZDF qui a mis le feu aux poudres, ce vendredi 7 octobre. Suggérant de possibles contacts entre le patron du BSI – l’homologue allemande de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) française – Arne Schönbohm, et les services russes du renseignement, l’émission satirique très suivie a retenu l’attention de Nancy Fäser, ministre de l’Intérieur allemand. Au point que cette dernière souhaite le départ d’Arne Schönbohm, selon nos confrères.
Au cœur du sujet se trouve le Cyber-Sicherheitsrat Deutschland e.V. Contrairement à ce que son nom peut suggérer, il ne s’agit pas d’une organisation gouvernementale, mais d’un lobby industriel. La liste de ses membres n’est plus accessible sur son site Web, à l’heure où sont écrites ces lignes.
Mais une capture de juin 2022, par Archive.org, donne quelques éléments : Acronis, AIG, Bayer, l’ambassade d’Espagne à Berlin, le ministère de la Santé, Check Point, Checkmark, Commerzbank, Continental, Cyberark, Cybereason, Deloitte, E.on, E&Y, Eset, ExtraHop, FireEye, Forcepoint, Harz Energie, Huawei, Igel, Kudelski Security, ou encore Matrix42. Une capture de novembre 2021 fait apparaître un nom central à la polémique : Infotecs. C’est l’ancien nom de Protelion – Infotecs figure encore dans une page indexée du site de Protelion.
Infotecs a été fondé en 1991 par Andrey Anatolyevich Chapchaev, un ancien des équipes de recherche du renseignement russe. Il a été nommé à « l’ordre du mérite de la patrie » en juin dernier, par décret signé de Vladimir Poutine. Outre-Rhin, et outre-Atlantique, Infotecs est devenu Protelion au mois d’avril.
La question des contacts entre le Cyber-Sicherheitsrat Deutschland e.V. et le renseignement russe n’est pas nouvelle. La rédaction de Kontraste, de la chaîne ARD, s’était déjà penchée dessus en 2019.
Dans un communiqué de presse, Hans-Wilhelm Dünn, président du Cyber-Sicherheitsrat Deutschland e.V., dénonce aujourd’hui « les actions de Protelion GmbH » et assure qu’une procédure d’exclusion « a été lancée le 30 septembre 2022 ». Et d’assurer qu’Infotecs, qui rejoint le groupe en juin 2020, n’a jamais eu d’influence sur la plateforme ou l’environnement du Cyber-Sicherheitsrat Deutschland e.V.. Hans-Wilhelm Dünn affirme n’avoir pas eu connaissance des liens entre Protelion et le renseignement russe.
L’extension de ces questions au patron du BSI reste, à ce stade, obscure. Arne Schönbohm a co-fondé le Cyber-Sicherheitsrat Deutschland e.V. en 2012. Mais il l’a quitté en 2016, au moment de sa nomination à la tête du BSI. Si sa légitimité a été fortement questionnée à l’époque – jusqu’à lui valoir le sobriquet de Cyberclown –, il a su s’attirer graduellement un solide respect dans son administration, et au-delà.