OBS : « Nous travaillons à devenir intégrateur de bout en bout »
Inauguré par sa nouvelle directrice générale, l’événement Orange Business Summit 2022 s’est voulu le point de départ d’une stratégie, qui doit permettre au prestataire d’être plus une ESN qu’un installateur d’infrastructures.
Orange Business Services veut vendre moins de lignes téléphoniques et plus de cloud aux entreprises. Tel a été le discours d’Aliette Mousnier-Lompré (en photo), la nouvelle Directrice générale de l’ESN d’Orange, lors de l’ouverture de l’Orange Business Summit qui se tenait cette semaine à Paris.
« Nous réalisons aujourd’hui 57 % de notre CA sur des offres historiques : des lignes fixes pour les entreprises, des liens MPLS… Sauf que notre rentabilité décroît depuis 2021, tandis que nos ventes dans les services cloud augmentent de 15 % et celles dans les services de cybersécurité de 13 %. Notre métier d’ESN ne représente donc que 43 % de notre CA aujourd’hui. Notre volonté est qu’il représente à partir de maintenant une part majoritaire », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.
La stratégie pour y parvenir serait selon elle qu’OBS se positionne sur l’intégration de solutions de bout en bout. « Quand une entreprise a une application critique qui tombe en panne, il est très compliqué pour les équipes techniques de savoir d’où vient le problème. Et pendant qu’ils investiguent, une partie des salariés est au chômage technique. »
« Il est donc important pour les entreprises d’être accompagnées par un intégrateur unique, qui comprend toute la chaîne, qui maîtrise tous les rouages, qui orchestre toute la transformation digitale. C’est le seul moyen de réduire les incidents », assure-t-elle.
Aliette Mousnier-LompréDirectrice générale, Orange Business Services
Pourquoi OBS serait-il plus compétent que les autres ESN pour intégrer toute la chaîne technique d’une solution ? Parce qu’OBS s’est donné les moyens de connaître tous les sujets pointus : rachat de Business & Décision sur la transformation digitale des métiers et le décisionnel, partenariat avec Netskope sur la sécurisation des accès du edge au cloud public, partenariat avec Capgemini sur le cloud souverain Bleu. Et, surtout, OBS, Orange oblige, a une maîtrise hors pair des réseaux.
« Le réseau est vital dans tous les projets. Il est aussi important que l’électricité. Nous maîtrisons le SD-WAN sur des réseaux virtualisés de très grande envergure. Aucune autre ESN n’a cette expertise », lance Aliette Mousnier-Lompré.
Les grands comptes séduits par le modèle de prestataire unique
A priori, les clients sont convaincus par le modèle de l’intégrateur unique.
« Nous avons des données absolument critiques – dans le domaine de la Défense – pour lesquelles nous avons besoin de solutions d’hébergement souveraines prêtes à l’emploi. En revanche, sur nos activités aérospatiales, nous manipulons des données confidentielles, mais non critiques. Nous avons donc besoin d’un catalogue hybride. Et pour ce faire, nous avons besoin d’un partenaire qui puisse nous aider à classifier tous nos types de données, avec tous types de solutions », témoigne, sur scène, Frédéric Verger, le DSI Safran.
« Nous essuyons des milliers de cyberattaques par jour », intervient Christophe Harrigan, le DG de La Mutuelle Générale. « Nous avons bien évidemment besoin de solutions de cybersécurité robustes. Mais cela ne suffit pas. Pour nous protéger, nous devons entraîner nos équipes. Nous avons besoin que notre partenaire sur les solutions nous accompagne aussi sur des tests, en permanence », dit-il, en soulignant que les tests seront d’autant plus efficaces s’ils mettent à l’épreuve les infrastructures et les usages. Or, qui serait plus indiqué qu’un spécialiste de la cybersécurité qui aurait aussi intégré lui-même ces infrastructures et ces usages ?
À La Poste, son Président Philippe Bajou a fait le chemin inverse : il a d’abord fait appel à OBS pour qu’il prenne en charge son réseau téléphonique interne, qui interconnecte 20 000 sites. Puis il a découvert que le prestataire pouvait l’accompagner sur tout le reste de sa transformation : « OBS a greffé sur notre réseau téléphonique un réseau informatique, puis des outils collaboratifs. Ils nous ont aidés à nous transformer », dit-il, en détaillant l’ampleur du défi. Entre 2010 et aujourd’hui, la poste a vu fondre 6 milliards de recettes. Et il a fallu qu’elle se trouve un métier autre que le courrier. « Pendant qu’OBS s’occupait de toute notre infrastructure, nous avons pu nous focaliser sur notre cœur de business. »
Un intégrateur unique pour avoir l’impression de rester sur la même infrastructure
Franck Morales, le patron de la connectivité Cloud chez OBS, apporte une argumentation technique à ce modèle d’intégrateur unique : « Quand vous êtes client d’OBS, toutes les solutions d’hébergement que vous pouvez utiliser passent par notre cœur de réseau. C’est un petit peu comme si vous ne quittiez jamais nos infrastructures. »
À ce propos, l’un des stands sur l’Orange Business Summit consistait à montrer comment OBS connecte ses clients à différents clouds – dont AWS, Azure et Google – et comment il les interconnecte au sein de ces clouds. Via toute une suite de rouages qui commencent en bout de chaîne par l’installation d’un SD-WAN. L’offre s’appelle Flexible SD-WAN.
Franck MoralesVP Evolution Platform, Orange Business Services
« La transformation digitale repose sur une chaîne logistique. Et cette chaîne logistique doit être un tout cohérent pour bien fonctionner. Et pour être moins chère : le fait que tout soit intégré par nous réduit le coût d’un projet de 20 % en moyenne par rapport à une configuration où vous faites appel à plusieurs prestataires. »
Selon Franck Morales, les entreprises veulent pouvoir proposer un catalogue de services en 24/7 à leurs clients, étendre leur activité à l’international et mener leurs affaires en ayant la garantie qu’elles ne sortiront pas du cadre réglementaire. OBS aurait la plateforme, le réseau qui serpente en Europe jusqu’à s’interconnecter aux infrastructures américaines et asiatiques, et il aurait l’expertise de la souveraineté.
« Ce qui est saillant chez OBS c’est que nous pouvons vous proposer la même sécurité, le même accompagnement ; que vos applications aient besoin d’être hébergées dans vos datacenters, dans les nôtres, ou que nous vous connections aux applications hébergées ailleurs. »
Il donne un exemple. « Nous avons un client qui a 80 sites dans le monde avec des données sensibles et qui devait utiliser pour ses besoins applicatifs les services d’Azure. Nous étions les seuls à savoir installer des infrastructures hyperconvergées Azure HCI sur chacun de ses sites et les interconnecter pour reproduire un Azure privé à son échelle. Nous y sommes parvenus sur le plan technique, grâce à notre infrastructure réseau, mais aussi parce que nous sommes en capacité de mesurer les éléments de sensibilité et de souveraineté. »
Un hébergeur de cloud qui ne se présente pas comme tel
Paradoxalement, OBS a ses propres clouds. Flexible Engine propose d’héberger en mode privé (infogérance, machines dédiées…) ou public (tarif à la consommation, selon la disponibilité des ressources…) des machines virtuelles Linux ou Windows et des containers Kubernetes. Il fonctionne depuis les trois data centers d’Orange en France, ou via une myriade de points de présence dans divers datacenters sur le territoire national, en Europe et dans le monde.
Cloud Avenue, qui est présenté comme un nouveau cloud privé « rétrocompatible avec les applications historiques du data center », est en fait l’équivalent chez OBS des offres de machines virtuelles VMWare que l’on trouve déjà chez AWS, Azure et Google. Cloud Avenue promet donc de fonctionner en mode cloud hybride entre tous ces hébergeurs et le l’IT des entreprises, du moment que toutes les applications sont au format VMware. A priori, Cloud Avenue devrait être disponible, au fur et à mesure, partout où les infrastructures de Flexible Engine sont déjà installées.
Franck MoralesVP Evolution Platform, Orange Business Services
Bleu, enfin, co-dirigé avec Capgemini, sera fondé d’ici à l’année prochaine pour décliner en 2024 Azure en cloud souverain ; selon le modèle de « cloud de confiance » imaginé par le gouvernement français pour héberger les applicatifs et les données les plus critiques.
Mais, manifestement, OBS ne veut pas mettre autant en avant ces ressources cloud que ne le font les trois grands hébergeurs français, dont ce n’est que le métier (OVHcloud, Scaleway et 3DS Outscale). « Nous sommes une ESN qui a ses propres ressources, mais nous restons une ESN qui accompagne ses clients dans tous les cas de figure qui répondent à leurs besoins », insiste Franck Morales.
Il explique qu’à 95 %, les entreprises sont déjà consommatrices d’infrastructures en cloud, chez un hébergeur ou un autre. « Ces entreprises n’ont pas besoin de remplacer les ressources en ligne auxquelles elles sont déjà abonnées. Elles ont besoin d’un accompagnement. L’intérêt d’OBS est de pouvoir mettre à leur disposition 3 000 experts en hyperscalers et 10 000 sur les clouds en général. »
OBS revendique une clientèle d’un millier de grands comptes étrangers et de cent mille entreprises en France. Il se présente comme le troisième intégrateur français. Pour l’instant.