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Fondation Eclipse : Microsoft rejoint les groupes de travail Jakarta EE et MicroProfile
Le 14 juillet, Microsoft a annoncé avoir rejoint les groupes de travail Jakarta EE et MicroProfile au sein de la Fondation Eclipse. Deux nouveaux engagements qui montrent l’attachement du géant du cloud à Java et aux workloads des entreprises.
L’annonce de Microsoft intervient un peu avant la disponibilité « imminente » de Jakarta EE 10.
Pour rappel, Jakarta EE est une spécification qui enrichit Java SE de bibliothèques logicielles destinées aux applications des entreprises, une version open source de Java EE. MicroProfile, lui, est un projet pour définir un modèle de programmation afin de développer des applications établies sur des microservices dans un environnement Java d’entreprise.
Microsoft gagne des droits au sein de la Fondation Eclipse
Plus précisément, la firme de Redmond devient un membre entreprise au sein du groupe de travail Jakarta EE, tout comme Red Hat.
« Les entreprises membres sont généralement des organisations qui considèrent la technologie Java d’entreprise comme un élément essentiel de leurs opérations commerciales », indique la charte de la Fondation Eclipse. « Ces organisations souhaitent soutenir le développement et l’évolution de l’écosystème de la technologie Java d’entreprise ».
Moyennant une contribution à la Fondation Eclipse, cela lui donne la possibilité de candidater aux sièges alloués aux membres entreprises dans les comités de direction, de spécification et marketing. Coût de l’adhésion annuelle pour Microsoft : 50 000 dollars. De manière plus générale, ce rôle lui ouvre des droits plus importants pour lancer des initiatives open source ou réaliser des analyses de propriété intellectuelle dans son code. Microsoft était déjà membre solution, ce qui lui donnait déjà un droit de vote au conseil représentatif, un regard sur les règles de la Fondation ou encore un accès à des programmes marketing.
Au sein du groupe de travail de MicroProfile, Microsoft prend une place de membres corporate au côté d’IBM, de Red Hat, de Fujitsu, d’Oracle ou bien d’Hazelcast.
« Les membres corporate sont des organisations qui considèrent les normes et technologies de communication technique ouvertes comme stratégiques pour leur organisation et qui investissent des ressources importantes pour soutenir et façonner les activités du groupe de travail MicroProfile », renseigne la Fondation.
Cela lui donne de facto un siège au comité de direction du projet moyennant une souscription annuelle de 10 000 dollars.
« Notre objectif est de contribuer à l’avancement de ces technologies afin d’obtenir de meilleurs résultats pour nos clients Java et la communauté au sens large. Nous nous engageons à préserver la santé et le bien-être de l’écosystème Java », justifie Julia Lianson, présidente de la division développeur chez Microsoft, dans un billet de blog.
Officialiser des efforts entamés de longue date
De fait, les spécifications Jakarta EE et MicroProfile infusent la plupart des services IaaS, CaaS et PaaS dévolus aux environnements Java de Microsoft.
« Nous sommes ravis qu’une organisation ayant l’influence et la portée de Microsoft rejoigne le groupe de travail Jakarta EE », déclare Mike Milinkovich, directeur exécutif de la Fondation Eclipse. « Microsoft a largement adopté tout ce qui concerne Java dans son portefeuille de produits et de services, en particulier Azure ».
Justement, Julia Lianson rappelle les « investissements importants » de Microsoft dans ses produits résultant de partenariats avec VMware autour de Spring Cloud, avec Red Hat concernant Jboss EAP et Azure Red Hat OpenShift (ARO). Le fournisseur de cloud s’est associé avec Oracle et IBM pour accueillir WebLogic et WebSphere sur des VM, AKS et ARO.
Selon Mark Little, vice-président de l’ingénierie logicielle chez Red Hat, Microsoft œuvrait déjà au développement de Jakarta EE et MicroProfile. « L’entreprise était impliquée depuis longtemps dans ces efforts [Jakarta EE et MicroProfile N.D.L.R.] de manière informelle », affirme-t-il dans l’article de blog de Microsoft.
Microsoft s’est engagé depuis 2016 auprès de la Fondation Eclipse et pousse de longue date une stratégie open source.
Toutefois, la firme entretient des relations en dent de scie avec les communautés, des relations dictées par une politique d’ouverture à géométrie variable. Dernièrement, Microsoft a fait grincer des dents les développeurs .Net en rendant propriétaire l’extension C# dans Visual Studio Code.
À l’opposé, le géant du cloud a présenté en mai 2021 « la build Microsoft d’OpenJDK », une fork sous licence MIT de l’OpenJDK, la version libre de Java SE maintenue par Oracle. Malgré la présence de Microsoft dans le groupe de travail Adoptium de la Fondation Eclipse, la build en question ne rassemble que quatre contributeurs, dont trois de ses employés.
Attirer les entreprises et leurs applications Java vers Azure
Ce type d’initiative et le renforcement de ses liens avec la Fondation Eclipse apparaissent alors comme des moyens de convaincre les entreprises et les développeurs de choisir les offres IaaS, CaaS et PaaS estampillées Java sur Azure.
En ce sens, le géant du cloud a récemment mis à jour sa documentation, en listant un ensemble de recommandations pour migrer des applications développées avec différents frameworks compatibles Java vers son cloud.
L’enjeu commercial semble évident. Si Microsoft Azure administre en interne plus de 500 000 JVM (Java Virtual Machine), il ne semble pas encore le fournisseur de prédilection des entreprises pour leurs applications Java, selon une étude de JRebel.
Entre octobre 2021 et janvier 2022, l’éditeur a mené un sondage auprès de 876 développeurs. Environ 31 % des sondés utilisent l’offre PaaS Java d’AWS, tandis que 11 % emploient les services GCP et 14 % ceux disponibles sur Microsoft Azure.
Julia LiansonPrésidente de la division développeur, Microsoft
L’état de l’écosystème Java publié par New Relic en avril 2022 (réalisé à partir de données recueillies en janvier 2022) semble confirmer cette deuxième position derrière AWS. Amazon Coretto, la distribution AWS de l’OpenJDK, est utilisée par 22,04 % des sondés, contre 34,48 % pour l’OpenJDK d’Oracle et 11,48 % pour Eclipse Adoptium.
Auprès de la Fondation Eclipse et de ses membres, Microsoft joue la carte de l’expérience.
« Nous pensons que notre expérience de l’exécution de charges de travail Java dans le cloud sera précieuse pour les groupes de travail », affirme Julia Lianson.
« Nous espérons que la participation de Microsoft apportera l’expérience de ses nombreux utilisateurs et partenaires qui ont développé et déployé des applications Java d’entreprise sur Azure depuis plusieurs années », renchérit Mark Little.