Stockage : StorCentric se déclare en faillite
Le fournisseur qui rachetait toutes les startups de stockage en difficulté est en redressement judiciaire. Officiellement, par la faute du Covid. Officieusement, sa stratégie posait question.
StorCentric, ce fournisseur qui comptait révolutionner le marché du stockage en agglomérant des solutions rachetées à plusieurs startups en faillite, se déclare à son tour en cessation de paiement. Il n’a cependant pas encore déposé le bilan, puisque la loi américaine lui a permis de se mettre sous la protection du « chapitre 11 ». Celui-ci revient peu ou prou à un redressement judiciaire : la justice accorde à l’entreprise le droit de ne plus rien payer tant qu’elle n’a pas réussi à renouer avec les revenus.
Dans la foulée, Drobo, sa filiale qui vend également des NAS, mais pour le grand public, a aussi obtenu la protection du chapitre 11.
Victime de la pandémie
Selon l’analyste Christopher Steffen, du cabinet de conseil Enterprise Management Associates, cette faillite n’est guère étonnante dans le sens où StorCentric n’a pas pu vendre les produits des entreprises qu’il avait rachetées juste avant la pandémie de Covid-19, faute du gel des chaînes logistiques. Par conséquent, il aurait passé deux ans sans pouvoir rentabiliser ses investissements. Parmi ces rachats, la marque Violin, un pionnier des baies Flash.
Le PDG de StorCentric, Mihir Shah, tirait d’ailleurs le signal d’alarme dès mars 2020 dans un billet de blog : « nous allons nous efforcer d’atténuer l’impact des retards de la chaîne logistique », écrivait-il sans grande conviction. Un an plus tard, il constatait « l’impact dévastateur (de la pandémie) sur les activités de l’entreprise » et fermait son atelier d’assemblage des produits.
Selon les documents déposés auprès de la justice américaine, StorCentric a essayé de se faire racheter en début d’année 2022, mais les acquéreurs intéressés n’ont pas réussi à obtenir de financement.
… Ou victime de sa stratégie ?
Mais selon Dave Raffo, analyste pour le cabinet d’études Evaluator Group, les problèmes de StorCentric ont sans doute des raisons qui vont au-delà de la crise pandémique.
« StorCentric était le monstre de Frankenstein. Ils se sont lancés en 2018 en fusionnant Nexsan, du stockage milieu de gamme pour datacenters, avec Drobo, du NAS grand public. Ensuite, ils sont partis dans une frénésie de rachats : Retrospect, un logiciel de sauvegarde passé de mains en mains depuis 2004, Vexata, qui avait essuyé les plâtres du NVMe et puis Violin, qui était en faillite depuis 2016 », commente l’analyste.
Ajoutons à cela une stratégie parfois peu lisible, comme le soulignait encore le MagIT en février 2020, à l’occasion du lancement d’une appliance d’archivage Assureon conçue pour accéder très rapidement aux données froides.