HPE relance des serveurs ARM
Le constructeur vient de dévoiler le ProLiant RL300 Gen11, le premier d’une nouvelle famille de machines à base de processeurs ARM plus économes en énergie pour exécuter des containers.
HPE se relance dans l’aventure des serveurs ARM. Son nouveau ProLiant RL300 Gen11 est équipé d’un processeur Altra ou, selon la configuration, Altra Max d’Ampere. La machine n’a qu’un seul socket, ne mesure que 1U de haut, mais elle offre, respectivement, 80 ou 128 cœurs. Selon le constructeur, il s’agit de la configuration la plus économique en énergie pour exécuter des applications en containers par-dessus une base Linux.
« Nous avons conçu cette machine pour les applications dites cloud natives et nous pensons d’ailleurs la vendre essentiellement aux hébergeurs de cloud », a déclaré Neil MacDonald, le DG de la division Compute Business Group chez HPE, lors d’un point de presse. Des observateurs n’ont pas manqué de noter que cette machine est similaire aux nœuds de calculs qui motorisent OCI, le cloud public d’Oracle, eux aussi à base de processeurs Ampere Altra.
« Il ne s’agit pas d’un serveur classique, que l’on installe dans le datacenter pour exécuter des applications du commerce » s’est empressé d’ajouter le responsable, pour éviter tout amalgame avec les serveurs Intel Xeon ou AMD Epyc classiques qui exécutent des logiciels en code x86, incompatible avec les processeurs ARM. « Cependant, de plus en plus d’entreprises font du développement d’applications en interne et cette machine, qui consomme moins d’énergie que les serveurs classiques, est tout à fait adaptée à ce cas d’usage. »
On rappellera qu’AWS, le numéro 1 des hébergeurs de cloud public, dispose aussi de machines ARM, qu’il conçoit lui-même, pour fournir des services de calcul en ligne aux applications compilées à la volée lorsque leurs développeurs les déploient.
Une longue histoire entre HPE et ARM
L’architecture ARM n’est pas une première pour HPE. Le constructeur avait dévoilé une première fois des mini-lames basées sur ce type de processeur en 2013, dans son châssis ultra-dense Moonshot. Déjà porteuse d’économies d’énergie, la solution, alors basée sur des ARM conçus pour machines mobiles, a été un échec commercial à cause de son manque de puissance.
Rebelote en 2017 avec un serveur Apollo, doté cette fois-ci d’un ARM 64 bits ThunderX de Cavium. Nouvel échec, cette fois-ci à cause d’une logithèque ARM trop faible pour couvrir les besoins des entreprises et qui a cantonné la machine HPE à quelques déploiements de niche dans le supercalcul. Pour autant, le ThunderX de Cavium a posé les bases d’une architecture ARM aussi performante que celles des Intel Xeon et AMD Epyc.
Quant à lui, le processeur Altra d’Ampere hérite du savoir-faire en miniaturisation de la puce ARM X-Gen qui équipait les lames Moonshot (Ampere a racheté son fabricant Applied Micro en 2018) et des cœurs Neoverse dessinés par ARM pour exécuter les applications hautement performantes. Les cœurs Neoverse sont également ceux qui constituent la base architecturale des futurs Rhea, les processeurs pour supercalculateurs mis au point par le français SiPearl. On les trouvera également dans Grace, le prochain processeur ARM que met au point Nvidia.
Jusqu’à To de RAM dans 1U
Dans le détail, le ProLiant RL300 Gen11 dispose de 16 emplacements DIMMs qui lui permettent d’embarquer jusqu’à 4 To de RAM. On trouve par ailleurs trois slots PCIe 4.0 et dix baies frontales pouvant accueillir autant de SDD NVMe. Deux autres SSD NVMe au format M.2, redondants, servent au démarrage du système.
Concernant le processeur, l’Altra offre 80 cœurs et l’Altra Max 128, tous gravés avec une finesse de 7 nm. HPE n’indique pas leur fréquence dans le ProLiant RL300 Gen11. On sait qu’ils supportent une fréquence maximale de 3 GHz qui, selon des tests publiés par Ampere, leur permet de calculer plus vite que des Xeon ou des Epyc à la même fréquence. Toutefois, il est probable que cette fréquence soit ici baissée pour atteindre un niveau de performances similaire en consommant moins.
Comme les autres serveurs Proliant, le RL300 sera livré avec le logiciel d’administration iLO (Integrated Lights Out) de HPE, qui permet aux utilisateurs de configurer, de surveiller et de mettre à jour les serveurs depuis n’importe quel emplacement distant.
Selon HPE, cette machine est la première d’une nouvelle famille de serveurs ARM. Plutôt destinée à être vendue en grandes quantités aux hébergeurs d’offres IaaS et SaaS, elle sera suivie de configurations plus robustes pour les marchés des médias ou même l’analytique.
Le serveur RL300 Gen11 devrait être disponible dès la rentrée prochaine. Il sera commercialisé – comme tout le reste du catalogue HPE à présent – sous la forme d’une souscription, au travers du programme GreenLake. HPE n’avait pas encore indiqué combien la machine coûterait en définitive au moment de l’écriture de ces lignes.
Architectures ARM : vers un retour des serveurs sur site ?
Dana GardneAnalyste, cabinet de conseil Interarbor Solutions
Selon certains analystes, un marché est sérieusement en train de se dessiner pour de telles machines ARM dans le datacenter. À condition de rester dans le cadre d’applications en containers – écrites en langage de haut niveau indépendamment de l’OS hôte est adaptée à l’infrastructure au moment de la compilation – les serveurs ARM ont un coût de possession inférieur aux infrastructures qu’on loue en cloud. En l’occurrence, leur prix d’achat serait moins élevé que des machines x86, ils consommeraient moins d’électricité et leur maintenance ne serait pas plus difficile.
« Les coûts de l’informatique en cloud sont encore élevés et difficiles à contrôler, alors que nous traversons une période économique difficile. Dans ce contexte, avoir une solution moins chère est pertinent. D’autant plus s’il s’agit de serveurs fabriqués par de grandes marques », commente ainsi Dana Gardner, analyste pour le cabinet de conseil Interarbor Solutions.
« Quand les entreprises disent qu’elles ne veulent plus de datacenters, ce n’est pas parce qu’elles en ont assez des serveurs, mais uniquement parce qu’elles ne peuvent plus se permettre de consommer beaucoup d’énergie. Si vous vous équipez de serveurs qui ne consomment plus autant d’énergie, vous réglez le problème », a par ailleurs déclaré Renee James, la PDG d’Ampere.