Sauvegarde : Veritas va rendre NetBackup entièrement autonome
L’éditeur planche sur une prochaine version qui découvrira toute seule les données à protéger et choisira la façon la plus économique et la moins énergivore d’en stocker des copies.
De la sauvegarde autonome. Veritas développe pour son logiciel NetBackup une future version, momentanément appelée Autonomous Data Management, qui ira seule chercher dans tous les espaces de stockage d’une entreprise, y compris ceux en cloud, les données à sauvegarder.
Elle déduira le meilleur endroit pour stocker leurs copies, d’un tiers de stockage non loin de la production pour les informations susceptibles de servir bientôt, à un entrepôt peu cher pour celles à archiver durablement. Son intelligence artificielle, qui comprendra l’importance de chaque donnée à force de regarder comment elles sont accédées, désinfectera les fichiers et lancera automatiquement, à un endroit opportun, la restauration des fichiers qu’il ne fallait pas perdre.
« Le problème des DSI est qu’elles sont déjà submergées par toutes les applications déployées dans leur entreprise et que le phénomène va encore s’aggraver avec la prolifération des données sur une multitude de services en cloud. Si vous ne comprenez pas les données que vous gérez, vous êtes incapable de définir des règles pour les protéger. Notre ambition est d’éliminer l’effort à fournir pour gérer les données », explique Doug Matthews, le responsable des produits de Veritas.
L’entretien qu’il a accordé au MagIT a été réalisé à l’occasion d’un événement IT Press Tour qui consiste à présenter à la presse les prochaines innovations en matière de stockage informatique.
Alors que NetBackup 10 vient de sortir et qu’il doit encore connaître de nombreuses évolutions, notamment sur l’automatisation de ses fonctions, cette prochaine version autonome ne serait complètement fonctionnelle que d’ici à 2024.
« En automatisation, vous définissez des règles et elles s’appliquent toutes seules. En mode autonome, les règles se déduisent toutes seules selon des métriques issues de votre production et qui sont constamment réactualisées », ajoute notre interlocuteur. « Vous n’aurez plus qu’à étiqueter dans l’interface les ressources que vous possédez et le logiciel fera tout le reste. »
Convaincre des entreprises réglementées de laisser travailler la machine
Veritas n’a aujourd’hui que ses transparents et des prototypes à petite échelle à montrer. Mais, selon lui, les enjeux sont si importants pour ses clients, qu’il vaut mieux les préparer assez tôt à basculer dans une nouvelle ère.
En l’occurrence, l’éditeur, l’un des plus anciens sur le marché de la sauvegarde, dispose d’une clientèle notamment représentée par de très grands comptes. On y trouve toutes les plus grosses banques dans le monde, les principaux opérateurs télécoms, ou encore les plus importants laboratoires de recherche pharmaceutiques. Ce sont des secteurs excessivement réglementés, où laisser la machine se débrouiller seule n’est pas spontanément une bonne pratique.
« La réalité de la complexification des déploiements en cloud fait que les entreprises se mettent de plus en plus en danger si elles continuent de gérer leurs sauvegardes à la main. Demain, seule l’intelligence artificielle vous garantira que vous n’allez pas restaurer des données corrompues. En deux ans, aucun de nos clients n’a perdu de données suite à une cyberattaque, grâce à NetBackup. Nous passons à l’autonomie pour maintenir cette réputation », argumente Doug Matthews.
L’éditeur veut croire qu’il convaincra ses clients d’aller au-delà des barrières réglementaires. Outre agiter l’épouvantail des ransomwares, son argumentation comprend l’écoresponsabilité. Il cite une étude américaine qui aurait calculé que stocker un pétaoctet de données dans le cloud pendant un an émettrait 3,5 tonnes de CO2. Puis il affirme que ses algorithmes sauront réduire le mieux possible la taille de ces données. Ils diminueraient l’empreinte carbone d’une entreprise au-delà de ce qu’une équipe technique saurait faire, moyennant des manipulations excessivement complexes.
Évidemment, Autonomous Data Management doit aussi permettre de faire des économies, tant en termes de capacités à acheter en moindres quantités, que dans le choix autonome des meilleurs tarifs en cloud.
Une plateforme qui n’existe pas encore
Doug MatthewsResponsable des produits, Veritas.
Selon Doug Matthews, l’IA est la clé pour que la protection des données s’adapte en temps réel aux circonstances et apporte instantanément la bonne réponse.
Reste que, en théorie, une intelligence artificielle est efficace seulement si elle est suffisamment entraînée. Veritas explique qu’il va mettre en place un datalake rempli de métadonnées concernant la façon dont ses clients protègent leur IT. Il servira d’apprentissage à son moteur. Notre interlocuteur se dépêche d’ajouter qu’aucune donnée ne sortira des sites de ses clients pour alimenter ce datalake.
« Nous travaillons depuis deux ans sur ce moteur et, à notre connaissance, nous sommes jusque-là les seuls à avoir pris la direction d’un système autonome. Cela signifie que nous serons les seuls à proposer une telle solution aux entreprises », conclut Doug Matthews en prédisant que le CA de Veritas devrait augmenter de 8 à 10 % chaque année dès qu’Autonomous Data Management sera commercialisé. Sans doute sous le nom de NetBackup 11.