Cloud public : Oracle ouvre une nouvelle région OCI à Paris
Après Marseille, OCI s’installe en région parisienne pour offrir plus de vitesse aux entreprises de la capitale. À défaut de souveraineté, le fournisseur met en avant une sécurité par défaut et un meilleur rapport performances/prix.
Et de deux. Huit mois seulement après l’inauguration de sa première région française d'OCI à Marseille, le cloud public d’Oracle en ouvre une seconde, cette fois-ci en banlieue parisienne, plus exactement dans les bâtiments d’Interxion à Saint-Denis (93).
« Depuis notre implémentation à Marseille, nous proposions à nos clients la localisation des données et services en France, afin de répondre à des obligations réglementaires. Avec cette seconde région, nous apportons à nos clients la possibilité d’un Disaster recovery [site de secours, N.D.R.] lui aussi en France, donc respectant tout autant les obligations réglementaires », a déclaré Régis Louis, responsable de la stratégie cloud pour Oracle EMEA, lors d’une conférence de presse dédiée à ce lancement.
Régis LouisResponsable stratégie cloud, Oracle EMEA
Pour le reste, Oracle vante une réactivité des applications hébergées qui sera forcément meilleure pour ses clients autour de Paris qu’elle ne l’est depuis Francfort ou Amsterdam. « Nous proposons à Paris exactement les mêmes offres que dans nos 37 autres régions : les mêmes types de machines virtuelles, les mêmes services de base de données, d’analytique, d’intégration d’applications. Et, ce qui est unique, ce sont aussi à Paris exactement les mêmes tarifs qu’ailleurs », insiste Régis Louis, en pointant les différences de prix incompréhensibles qu’AWS, Azure et GCP imposent d’une région à l’autre.
Renseignement pris, 80 % des services proposés dans le catalogue d’OCI sont aujourd’hui opérationnels à Paris, au moment de l’ouverture de la région. Il faudra attendre la fin de l’été pour grimper à 100 %. « Cela dit, tous les services essentiels sont là. Nous avons même déjà activé nos toutes dernières infrastructures Exadata X9M », argumente le responsable. Parmi les offres vedettes, Oracle Autonomous Database, Oracle Container Engine for Kubernetes ou encore Oracle Cloud VMware Solution répondent aussi déjà à l’appel.
Une implémentation française tardive, mais saluée
Oracle reste discret sur le nom des entreprises françaises déjà clientes d’OCI. Parmi elles, la SNCF, les Galeries Lafayette ou encore le groupe Louvre Hotels se réjouissent officiellement de pouvoir enfin héberger leurs infrastructures à deux pas de leurs sièges. Les intégrateurs Atos, Accenture, Capgemini et Kyndryl saluent une implémentation qui leur permettra de proposer plus efficacement des services de cloud hybride aux grandes entreprises – dont les banques – déjà clientes des logiciels Oracle.
Si l’on peut se féliciter qu’Oracle ait en très peu de temps ajouté une seconde région française, on peut néanmoins s’interroger sur l’arrivée tardive d’OCI en France.
« Il est vrai que la France est la deuxième base installée de clients Oracle en Europe. Cependant, les demandes de cloud de nos clients français ont mis plus de temps à devenir matures qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni. Mais il faut aussi considérer que nous sommes le plus récent des grands fournisseurs de cloud public ; nous sommes toujours en phase de déploiement de nos régions », se défend Régis Louis.
Un meilleur rapport performances/prix
Comparativement aux autres hyperscalers, OCI a pour lui d’offrir aux clients d’Oracle la continuité en cloud de leurs activités historiques sans qu’ils n’aient, pour ainsi dire, rien à faire. Il constitue de fait la plateforme en ligne par excellence pour héberger les applications SaaS qui reposent sur une base de données Oracle. Mais pas seulement.
Plusieurs benchmarks ont démontré qu’OCI était aussi le cloud public qui offrait le meilleur rapport performances/prix pour l’exécution des machines virtuelles. De plus, divers dispositifs de cybersécurité – chiffrement des données, séparation physique des hyperviseurs de calcul et de réseau, etc. – sont inclus alors que les autres hyperscalers les commercialisent en option. « Depuis ces trois dernières années, je vous garantis que les clients qui ont rejoint OCI l’ont en majorité fait pour nos tarifs, plus que pour notre moteur SQL », commente Régis Louis.
En revanche, OCI est encore loin d’avoir un catalogue de services aussi étoffé que celui de ses concurrents. Au point qu’Oracle a passé un partenariat avec Microsoft Azure pour commercialiser des offres comprenant des services issus des deux clouds. Toutefois, cette offre, qui repose sur un lien direct entre les infrastructures d’Azure et celles d’OCI dès lors qu’elles sont installées dans le même datacenter en colocation, n’est disponible que dans onze régions. Ni Marseille ni Paris n’en font encore partie. Oracle promet néanmoins que ce sera le cas « à terme », sans donner plus de précision.
L’épineuse question de la souveraineté
Régis LouisResponsable stratégie cloud, Oracle EMEA
Autre point, l’implémentation en France d’OCI ne lui permet pas plus qu’à AWS, Azure et GCP de se revendiquer cloud souverain. Oracle reste un fournisseur d’origine américaine, soumis aux dangers du CLOUD-Act et des autres lois extraterritoriales américaines.
« Il y a plusieurs niveaux d’exigences sur ces questions. Le premier est ce que nous appelons la Data Residency, c’est-à-dire conserver les données sur le territoire national. C’est ce que nous faisons à présent avec nos deux régions françaises et cela répond au besoin de nombreuses grandes entreprises françaises », dit Régis Louis.
« 25 % des entreprises françaises placent la sécurité, l’identité et la confidentialité en tête des tendances IT de 2022 », commente l’analyste Roy Ilsey en citant une étude menée par son cabinet de conseil, Omdia. Il reconnaît qu’OCI n’est pas souverain au sens strict, mais pondère : « Oracle ayant construit son infrastructure cloud avec une approche Security by design, les solutions d’OCI résonnent parfaitement avec les priorités de ces entreprises. D’autant plus que l’ouverture de cette seconde région locale, à Paris, va permettre à davantage d’entreprises françaises de gérer leurs données localement. »
« Mais pour servir un OIV [Opérateur d’importance vitale, N.D.R.], il faudrait que nos technologies soient fournies par un acteur français », admet Régis Louis. Oracle préparerait-il un accord similaire à Bleu, ce partenariat qui doit permettre à Orange de commercialiser une copie conforme, mais nationale du cloud Azure ? « C’est effectivement un projet sur lequel nous travaillons », conclut-il.