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Atos prépare sa scission et la renaissance d’Evidian
Atos vient d’annoncer l’étude d’une « séparation en deux entités cotées », à l’horizon fin 2023. En substance, d’un côté les activités les plus profitables – transformation numérique, big data et sécurité – et de l’autre, le reste pour mieux le « redresser ».
Atos réfléchit à se scinder. Dans un communiqué de presse, l’entreprise de services numériques (ESN) indique ainsi « étudier une séparation en deux sociétés cotées ». La première, SpinCo (Evidian) regrouperait les lignes d’activité transformation numérique et Big Data et Sécurité d’Atos – sans oublier le HPC –, quand la seconde reprendrait le conseil et l’infogérance de systèmes d’information, l’activité Tech Foundations (TFCo – Atos).
Rodolphe Belmer, directeur général d’Atos explique la démarche : « cette nouvelle voie que prendrait potentiellement Atos aurait pour objectif d’optimiser notre performance dans les deux marchés distincts sur lesquels le Groupe est positionné ». Car ceux-ci sont marqués par « des dynamiques fondamentalement différentes : d’une part le marché lié aux infrastructures, requérant d’importants actifs, d’autre part le marché des applications digitales et de la sécurité ».
Surtout, les activités sur le second (SpinCo) se portent bien : « un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros, en croissance organique de +5 %, et une marge opérationnelle de 7,8 % », en 2021. Sur le second (TFCo), c’est moins brillant : « un chiffre d’affaires de 5,4 milliards d’euros (hors activité Unified Communications & Collaboration, UCC), en baisse organique de -12 %, et une marge opérationnelle de -1,1 % », l’an passé. À charge alors pour TFCo de « réaliser un redressement complet et de rétablir croissance, rentabilité et génération de trésorerie d’ici 2026 ».
La naissance des activités Big Data et Cybersécurité d’Atos remonte en fait à 2014, avec le rachat de Bull (et sa division logiciels Evidian) sous la houlette de Thierry Breton. Par la suite, Atos n’a pas manqué d’investir pour renforcer sa présence dans le domaine de la sécurité informatique. Avec la gestion des identités numériques pour les objets connectés, avec PKI, tout d’abord, et le rachat d’IDnomic en 2019.
L’année suivante, Atos s’est offert les compétences de la jeune pousse digital.security. Créée en 2015 avec le soutien d’Econocom, celle-ci a apporté à Atos des expertises en matière de sécurité IT, OT, mais aussi IoT. Avec une spécificité pour les objets connectés : la capacité à traiter l’ensemble de la solution de bout en bout, en tenant compte du hardware, des interfaces réseau, ou encore des protocoles.
Et entre temps, Atos rachetait Miner & Kasch pour accroître ses activités de conseil dans le Big Data et l’intelligence artificielle. De quoi compléter une opération antérieure : l’acquisition, en 2017, du cabinet spécialiste du data engineering, zData.
Si la communication d’Atos est au conditionnel, le projet n’en apparaît pas moins sérieux : « le Conseil d’administration d’Atos a approuvé le lancement d’une étude approfondie de la transaction envisagée ». La décision définitive « sera prise une fois que l’analyse approfondie en cours sera achevée » et « reste sous réserve des conditions générales de marché ». Sans compter les « processus usuels, notamment l’approbation des organes de gouvernance et des actionnaires ainsi que la consultation des instances représentatives du personnel concernées ».
Deux directeurs généraux adjoints ont été nommés, chacun pour piloter l’une des futures entités : Philippe Oliva pour SpinCo (Evidian), et Nourdine Bihmane pour TFCo (Atos). Le premier est arrivé en avril. C’est un ancien d’Eutelsat, comme Rodolphe Belmer, nommé directeur général d’Atos à l’automne dernier et ayant pris ses fonctions au premier janvier.
Nourdine Bihmane est au contraire un ancien d’Atos, selon sa page LinkedIn qui mentionne 21 ans et demi passés au sein du groupe. Son profil a probablement de quoi rassurer au sein de TFCo, du moins à court terme.
Mais cette orientation n’apparaît pas faire l’unanimité, jusqu’au sommet d’Atos. Rodolphe Belmer compte ainsi partir « au plus tard le 5 septembre », rapportent nos confrères de BFM Bourse, avec AFP. Selon eux, de vifs débats ont animé le conseil d’administration du groupe. Et son directeur général s’est contenté d’indiquer sobrement, en réponse aux questions sur ces échanges, que « la stratégie est une décision souveraine du conseil d’administration ». À charge pour le directeur général de l’appliquer.
Les marchés ne semblent pas non plus pleinement convaincus. À l’heure où sont publiées ces lignes, le cours de l’action Atos perdait toujours plus de 25 % depuis l’ouverture.