Process mining : Pega absorbe EverFlow
Après Lana Labs, Signavio, MyInvenio, PAF, et d’autres, c’est autour du Brésilien EverFlow de se faire racheter. La solution de process mining complétera les fonctions d’automatisation des processus du spécialiste du Case management, Pegasystems.
Un de moins. Dans le sillon de son événement PegaWorld, Pegasystems a annoncé pour un montant inconnu l’acquisition d’EverFlow, un éditeur d’une solution de process mining. Fondée en 2018, EverFlow est une succursale d’Icaro Tech, une ESN brésilienne. Installée entre San Francisco et Campinas, une ville située à un peu moins de cent kilomètres de Sao Paulo, EverFlow compte moins de dix collaborateurs.
EverFlow entend mêler les technologies Big Data, le machine learning et le process mining pour identifier les tâches et les procédures métier à améliorer ou à automatiser.
« EverFlow utilise la combinaison de filtrage, de tableaux de bord personnalisés, de différentes perspectives de visualisation, de drill-downs et de partitionnement (algorithme d’apprentissage automatique), entre autres, pour explorer les données liées aux processus », explique le Gartner dans son Market Guide 2021 consacré au process mining.
Analyser les processus, même en dehors de Pega
« En outre, il utilise des algorithmes d’exploration avancés tels qu’un mineur inductif à variation directe (IMd), pour générer des arbres de processus et des modèles BPMN, même dans des scénarios big data », complètent les analystes de Gartner.
EverFlow considère que sa suite permet de découvrir et optimiser les processus, superviser leur conformité aux standards de l’entreprise et d’analyser les parcours clients.
La startup a développé des connecteurs vers MySQL, Oracle, SQLite, Sybase, Netezza, DB2, SQL Server, PostgreSQL et les bases AWS (ou tout autre d’ailleurs) qui supportent les fichiers CSV, XML, JSON, XLSX et XES.
Mais il faut surtout noter qu’elle dispose d’intégrations précâblées vers UiPath, Salesforce, ZenDesk, pipefy et SAP. Si ces progiciels se rapprochent du spectre de Pegasystems, cela permet également à l’éditeur de traiter des données en provenance d’autres systèmes – ceux que les clients déploient habituellement.
Le « petit monde » du process mining
Comment, si loin du pays d’origine du process mining – les Pays-Bas – a pu se développer cette activité ? Leonardo Omoto, cofondateur et CTO d’EverFlow, a fait ses études à l’Université de Sao Paulo au sein du département en sciences computationnelles, département qui a monté un groupe consacré à cette technologie. Les deux chercheurs à la tête du groupe ont tissé des liens avec Haijo Reijers, un confrère de Wil van der Aaslt à l’université d’Eindhoven (le « parrain du process mining », engagé par Celonis), et un chercheur éminent dans le domaine du BPM à l’université d’Utrecht. Le monde est petit.
Infuser le process mining dans une plateforme dédiée à « l’hyperautomatisation »
Les pure-players du process mining disparaissent à vitesse grand V, au fur et à mesure que les éditeurs évoluant dans les secteurs du low-code/no-code, de la RPA et de l’automatisation des processus en général, rachètent les startups du secteur. À croire que le guide du marché établi par Gartner en 2019, 2020 et 2021 est devenu une liste de course pour ces acteurs.
De fait, Pega n’est pas le premier à s’être servi, et les acteurs indépendants se comptent désormais sur les doigts de la main. S’il n’explique pas ce positionnement relativement tardif, Don Schuerman, CTO de Pegasystems, considère comme les autres acteurs que l’exploration des processus ne se suffit pas à elle-même.
« Gartner voit un marché assez important pour l’exploration de processus, mais nous pensons que sa valeur va au-delà de la simple capacité à collecter des événements et des informations dans les SI et à dresser un tableau des processus », affirme-t-il.
« De nombreux outils de process mining peuvent être assez tactiques. Ils nécessitent une grande quantité de soutien technologique pour être mis en place, mais plus important encore, l’exploration de processus ne peut pas résoudre le problème en soi », poursuit-il.
« Cette technologie ne peut que trouver le problème, les goulets d’étranglement, les endroits où les processus sortent du chemin ordinaire et suggérer des solutions de rechange. Et nous pensons que nous sommes dans une position vraiment intéressante en combinant la technologie d’EverFlow et nos solutions existantes », souligne le CTO.
D’après Don Schuerman, Pega entend d’abord coupler EverFlow avec Process AI, une solution qui comprend plusieurs modèles de machine learning auto-apprenant capables de comprendre des problématiques spécifiques et d’effectuer des recommandations en quasi-temps réel (attrition client, taux d’acceptation d’une offre, recommandations de produits, etc.).
« Non seulement nous pourrons voir ce qui se passe en dehors de Pega, mais nous pourrons aussi utiliser le pouvoir de décision pour résoudre ces problèmes à la volée, pour auto-optimiser le processus, pour recommander en temps réel des choses qui permettront au processus de mieux s’exécuter », promet-il.
Plus tard, Pega combinera EverFlow avec ses capacités de task mining afin de pouvoir enrichir la forme plus traditionnelle du process mining avec les données enregistrées depuis les applications Web et desktop des collaborateurs.
Et comme son concurrent Appian (qui a racheté Lana Labs), Pega croit qu’il ne faut pas se limiter à la découverte des processus, mais miser sur leurs « améliorations continues ».
« Et c’est exactement ce dont Gartner explique en parlant d’hyperautomatisation, cette sorte de convergence des capacités de l’intelligence artificielle dans les capacités traditionnelles d’orchestration et d’automatisation », commente Don Schuerman.
La préversion d’un module EverFlow (qui risque de changer de nom), intégré à la plateforme Pega, est prévue au quatrième trimestre 2022. La disponibilité générale de cet outil de process mining arrivera en disponibilité générale au cours de l’année 2023.