KubeCON : Canonical se positionne sur les solutions Kubernetes clés en main
L’éditeur – célèbre pour son Linux Ubuntu – propose une distribution conçue pour créer des appliances prêtes à l’emploi, ainsi que des orchestrateurs « Juju » pour administrer simplement tout type de pile applicative.
Du Kubernetes clés en main. Parmi les exposants du salon KubeCON qui se tient actuellement à Valence, l’éditeur Canonical veut être celui qui élimine toute la technique qui mine les entreprises quand elles se lancent dans un projet Kubernetes. Sa stratégie repose sur une première distribution minimale, MicroK8s, qui déploie une infrastructure fonctionnelle sur un équipement d’appoint en un clic de souris et qui, surtout, permet à tous les éditeurs et intégrateurs de packager leurs solutions métier sous la forme d’une appliance.
Elle repose aussi sur une collection complète d’outils d’administration, les « Juju operators », pour mettre en production très simplement la pile fonctionnelle d’une application qui aurait des besoins très techniques : en stockage, en réseau, en bases de données. Sur le stand de l’éditeur, un démonstrateur présentait la mise en route en quelques minutes à peine d’une application de collecte de données sur site. Il suffit de sélectionner l’opérateur Juju adéquat pour se retrouver avec un simple Raspberry Pi fonctionnant sous MicroK8s et exécutant PostgreSQL.
« Nous avons récemment mené une étude auprès des utilisateurs de Kubernetes. Son résultat est sans appel : pour l’instant, personne ne maîtrise la technique ! Aujourd’hui, les utilisateurs s’acharnent à résoudre des problèmes qui auront bientôt disparu : Kubernetes, c’est nouveau, ça ne marche pas, on ne connaît pas », lance Thibaut Rouffineau, le chef produit monde chez Canonical.
« Dans ce contexte, nous montrons des solutions clés en main, qui s’installent toutes seules, qui se réparent toutes seules. Et cela va bien au-delà de la maintenance. Nos outils savent choisir tout seuls les bons composants dans les bons écosystèmes et ils les connectent ensemble pour que, in fine, votre application soit opérationnelle dès le premier jour », argumente-t-il.
Se différencier de VMware, Red Hat, Suse, Mirantis…
Canonical est l’un des cinq principaux fournisseurs de distributions Kubernetes, ces couches technologiques qui s’occupent d’exécuter des applications au format container. La plupart des solutions Kubernetes étant Open Source, c’est-à-dire plus ou moins librement téléchargeables et payantes uniquement dans leur support, dresser un palmarès exact des acteurs économiques n’est pas simple.
La plupart des observateurs s’accordent à dire que Canonical est le troisième éditeur le plus influant après VMware et Red Hat. L’approche de VMware est de convertir les DSI clientes de sa virtualisation vSphere à Kubernetes grâce à solution Tanzu. Celle de Red Hat est de fournir un Kubernetes, OpenShift, spécialement conçu pour les développeurs, avec moult outils qui répondent à leurs habitudes de travail.
« Selon moi, Red Hat vend aux DSI une plateforme pour leurs développeurs. Notre conviction est que les développeurs n’attendent plus leur DSI pour choisir leurs outils Open source. Ils sont aujourd’hui suffisamment influents pour imposer les technologies qu’ils utilisent. Donc, notre approche chez Canonical est plutôt de fournir gratuitement aux développeurs des outils informatiques suffisamment simples pour qu’ils veuillent les utiliser », commente Thibaut Rouffineau.
Après Canonical, les entreprises ont encore le choix de s’adresser aux éditeurs Suse et Mirantis. Le premier a la réputation de pouvoir tailler sur mesure des socles technologiques pour des besoins très précis ; Suse est par exemple la distribution Linux par défaut sous SAP. Le second, qui a racheté des acteurs technologiques des containers, dont Docker, autrefois concurrent de Kubernetes, se positionne plutôt comme une plateforme pour bâtir des clouds privés capables d’exécuter des containers.
« En ce moment, les entreprises qui développent des applications pour le cloud vont chez les géants du cloud public : AWS, Azure, GCP. Leurs offres Kubernetes sont tout simplement les moins chères. À notre niveau, nous le constatons ainsi : les déploiements de MicroK8s – sous la forme d’appliances intégrées pour des éditeurs tiers, ou sous la forme embarquée pour des équipements d’appoint sur site – sont bien plus importants que ceux de Charmed Kubernetes, notre distribution pour datacenters », avance notre interlocuteur.
Moins de technique, plus de « prêt à l’emploi »
« Canonical peut se féliciter d’être le Linux (Ubuntu) que tous les hyperscalers ont choisi comme socle sous leurs infrastructures Kubernetes. À l’heure actuelle, 67 % des containers dans le monde fonctionnent au-dessus d’Ubuntu. Cela nous a apporté beaucoup d’expérience concernant l’optimisation d’Ubuntu pour Kubernetes. Si bien que nous nous spécialisons à présent dans les images d’Ubuntu dédiées, certifiées, sécurisées pour des usages précis et, notamment, pour des clusters Kuberntes dédiés à des usages précis », dit Thibaut Rouffineau.
« Il s’agit même d’une réflexion en profondeur chez nous : le système d’exploitation en tant que couche technique cède petit à petit la place au système d’exploitation en tant qu’écosystème d’images prêtes à l’emploi, avec les bonnes bibliothèques de fonctions. »
Selon Thibaut Rouffineau, les installations de systèmes Kubernetes, pour exécuter des applications en containers, explosent en ce moment, au détriment des systèmes Linux qui servent à exécuter des applications en machines virtuelles.
« Kubernetes porte la promesse d’exécuter n’importe quelle application n’importe où, sur n’importe quel cloud ou n’importe quel matériel. C’est pourquoi il est si important pour fabriquer des appliances de logiciels prêts à l’emploi. Au-delà du cloud qui, encore une fois, est l’affaire des hyperscalers, les gens viennent tous nous voir sur notre stand pour nous demander comment déployer dans une usine, dans un quartier, dans un magasin des petits clusters de Raspberry Pi ou d’Intel NUC qui exécuteront une application de Edge computing. Il est là le proche avenir de Kubernetes en dehors du cloud », conclut-il.