SAS fait un premier bilan de l’adoption de son offre cloud
Si le cloud ne génère qu’une part minoritaire de ses revenus, SAS entend renforcer sa stratégie pour inviter ses clients à migrer et attirer de nouveaux noms vers sa plateforme Viya.
Plutôt que de présenter les nouveautés embarquées dans sa suite analytique SAS Viya, l’éditeur new-yorkais a préféré annoncer la disponibilité de solutions adressées à certains segments de marché.
SAS renforce (encore) la segmentation de son offre
SAS 360 Match (anciennement SAS Intelligent Advertising for Publishers) est une plateforme de diffusion publicitaire qui s’adresse aux fournisseurs de plateformes AVOD (Advertising Video On Demand). SAS 360 Match s’intègre avec l’offre CDP de SAS. Elle doit offrir des fonctionnalités pour superviser, analyser et monétiser les segments d’audience via l’orchestration des publicités ciblées. Avec la perte de vitesse de la SVOD (Subscription Video On Demand), SAS voit là une opportunité pour cibler les nouveaux venus et les spécialistes de ce secteur qui souhaiteraient changer de modèle économique.
Disponible plus tard cette année, SAS Clinical Enrollment Simulation Cloud est une offre SaaS qui sera accessible depuis la Marketplace d’Azure. Comme son nom l’indique, elle permet de simuler l’enrôlement de patients dans des essais cliniques et de planifier les phases de tests de médecins ou de médicaments, grâce à un moteur de simulation à événements discrets. Là encore, l’éditeur entend se positionner sur un marché malheureusement en pleine effervescence à cause de la pandémie. L’urgence sanitaire a prouvé qu’il n’est plus forcément possible d’attendre 6 à 10 ans pour commercialiser un vaccin. Dans ce contexte, SAS a bien compris que les laboratoires ont tout intérêt à accélérer leurs essais cliniques.
Autre secteur, autre solution. SAS a représenté GridGuardian AI, une solution d’analytique IoT adressée aux énergéticiens souhaitant mettre en place des mécanismes de maintenance prédictive sur les équipements qui jalonnent leurs réseaux de distribution électrique. Pour cela, SAS a monté un partenariat avec le spécialiste de l’IoT et de l’analyse de radiofréquences, Exacter.
Pour cibler les acteurs industriels et de la logistique, SAS entame par ailleurs un partenariat avec le Lyonnais Cosmo Tech, spécialisé dans la simulation et la conception de jumeaux numériques 2D. Ensemble, les deux éditeurs veulent bâtir un « digital twin » basé sur une IA hybride, afin de connecter les prédictions de vente, le carnet de commandes et les données de production.
L’offre en question s’appuiera sur la suite SAS Cloud for Intelligent Planning, couplée à la plateforme de simulation de Cosmo Tech, toutes deux hébergées sur le Cloud Azure. Les deux partenaires envisagent de répondre à des enjeux comme la réduction de déchets et l’amélioration de la qualité de fabrication sur les lignes de production, l’adaptation rapide à la demande, tout en minimisant les pertes, le contrôle des coûts, ou encore l’anticipation des risques qui pourrait – encore une fois – perturber le fonctionnement de la supply chain, comme c’est le cas depuis la crise sanitaire et la guerre en Ukraine.
SAS embrasse l’écosystème Microsoft
IoT, simulation, jumeaux numériques, cloud, SaaS… L’adoption de ces thématiques est entièrement liée au partenaire cloud « stratégique » de SAS depuis 2020 : Microsoft Azure.
De fait, Cosmo Tech a d’abord signé un partenariat avec le géant du cloud pour proposer une offre similaire à celle qu’il entend fournir avec SAS.
Surtout, c’est sur Microsoft Azure que SAS a décidé de déployer sa plateforme SAS Viya, bâtie sur une architecture « cloud native et agnostique ». Dernièrement, l’éditeur a non seulement proposé plusieurs solutions adressées spécifiquement à certaines industries, mais a aussi intégré SAS Event Stream Processing avec Azure IoT Edge et Azure IoT Hub, afin d’ingérer les données « en temps réel » en provenance des objets connectés.
En outre, SAS Intelligent Decisioning s’intègre avec Power Automate et Power Apps pour automatiser l’application de règles après la détection d’événements récoltés en batch ou en streaming. SAS Model Manager, un outil MLOps, s’interface avec Azure Machine learning, le service concurrent d’AWS SageMaker. Model Manager peut aussi aider à déployer des modèles de machine learning sur le data warehouse Azure Synapse Analytics.
SAS a d’autres partenaires technologiques, dont Red Hat (SAS Viya est disponible sur OpenShift) et l’éditeur d’une base de données NewSQL (et In-Memory), SingleStore. Pour déployer les solutions chez ses clients, l’entreprise s’est rapprochée de plusieurs GSI. Lors de sa conférence de presse, SAS a surtout mis en avant Accenture. Logique : Accenture est très proche de Microsoft. Pour rappel, ces deux acteurs ont fondé ensemble une joint-venture : Avanade. Mais il a aussi mentionné Deloitte, EY et KPMG.
En ce sens, les porte-parole se sont montrés confiants quant aux stratégies cloud et partenariat de SAS. Justement, les partenaires auraient « influencé » 60 % des nouvelles ventes l’année dernière et 55 % des nouveaux contrats d’une valeur dépassant 1 million de dollars.
De manière générale, en 2021, les revenus de SAS en provenance des offres cloud ont augmenté entre 18 et 19 %, « et ce malgré la pandémie », indiquent les porte-parole. La base de clients installés dans le cloud a augmenté de 26 %. Selon Jay Upchurch, vice-président exécutif et DSI de SAS, « 78 % de cette croissance est dû à la migration de clients existants, le restant représente de nouveaux logos ».
La performance des offres cloud est plus forte en Asie-Pacifique, avec 48 % de croissance, et en EMEA (29 %).
Le dirigeant assure que des PME, des ETI et de grands groupes adoptent SAS Viya dans le cloud public. « Notre croissance dans le cloud a été alimentée par des industries avec des besoins spécifiques, principalement les gouvernements, les services financiers et les industries médicales et pharmaceutiques », poursuit-il.
S’il est d’habitude avare sur les détails, l’éditeur a décidé de présenter une partie de ses résultats à la manière d’une entreprise cotée en bourse. Et ce n’est pas anodin : depuis 2021, Jim Goodnight, PDG de longue date de SAS, anticipe de mener une IPO à l’horizon 2024.
« Cette préparation à l’IPO est une phase de transformation, une phase où nous nous concentrons sur l’innovation, sur notre leadership concernant le marché et nos engagements avec nos actionnaires », vante Gavin Day, Senior Vice President responsable des programmes coporate chez SAS. « SAS est le fondateur et le futur de l’analytique. Et ce futur est possible grâce à nos partenaires », note-t-il.
Les défis du cloud : prendre en compte les demandes des clients
Jay UpchurchVP exécutif et DSI, SAS
L’année dernière, l’entreprise a généré 3,2 milliards de dollars de CA, contre 3,1 milliards de dollars en 2020. Pour autant, le cloud ne représente « que » 10 % du chiffre d’affaires net de SAS.
De fait, l’éditeur mène une stratégie « cloud first » auprès de clients historiques ou peu enclins à migrer vers le cloud sans l’assurance d’une protection de leurs données. En conséquence, les dirigeants se disent confiants, mais prudents. À ce titre, Jay Upchurch a identifié trois défis à relever pour réussir cette transformation cloud : « accompagner le client dans sa migration à son rythme, ajouter davantage de connecteurs tiers vers des logiciels SaaS et cloud, et réduire le coût des charges de travail analytique dans le cloud ».
Le vice-président et directeur général ne le mentionne pas, mais la présence de plus de 270 produits, extensions et fonctions dans son catalogue ne doit pas jouer en sa faveur au moment pour le client de passer dans le cloud. La difficile gymnastique de la gestion de licence peut provoquer quelques maux de tête pour les DSI.
Il faut aussi prendre en compte l’évolution du cycle de mise à jour. SAS maintient deux versions LTS de sa plateforme analytique tous les ans. Ainsi, La 2021.2 est supportée à long terme, mais la version 2021.2.6, disponible depuis avril 2022, est considérée comme stable.
Enfin, SAS est encore en train de renforcer des fonctionnalités de data science qui sont déjà connues par une bonne partie de ses concurrents. Par exemple, il s’occupe du support des formats de fichiers Parquet et ORC, déjà maîtrisé par de nouveaux concurrents tels Databricks, tout comme il optimise la prise en charge des analyses graphes.
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