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DataStax étend sa présence en France
L’éditeur de bases de données accroît son activité en France, pays au centre de son implémentation en Europe du Sud. Comme partout ailleurs, DataStax cherche à convaincre les startups et les grands groupes d’employer son DbaaS, AstraDB et sa solution de streaming de données, Astra Streaming.
S’il ne peut pas encore revendiquer une forte présence en France, DataStax, éditeur d’une distribution commerciale et principal contributeur de la base de données NoSQL Cassandra, a un rapport particulier avec ce pays.
L’entreprise californienne a recruté en mai 2021, Thomas Been en tant que Chief Marketing Officer. Ce Français a tenu un rôle similaire chez Tibco pendant 15 ans et occupe ce poste depuis la Californie.
« Pour nous, la France est au cœur de nos activités en Europe du Sud », affirme le CMO. Afin d’étayer ce propos, Thomas Been évoque la nomination en janvier 2022 de Philippe Romano en tant que vice-président Europe du Sud – EMEA chez DataStax. Ce responsable a été directeur commercial chez Talend pendant huit années durant.
« Nous sommes en train d’agrandir nos équipes en France et en Europe du Sud », assure le responsable.
DataStax a ouvert son bureau français récemment. Et encore, l’éditeur évoque sur son site Web un espace de travail partagé WeWork dans le neuvième arrondissement parisien ; mais il administre ses activités dans la zone EMEA depuis le Royaume-Uni. C’est que les fondateurs de l’éditeur ont rapidement choisi d’adopter un mode de travail « distribué », laissant la possibilité aux employés de télétravailler ou de se rendre au bureau le plus proche de chez eux.
En France, DataStax compte une vingtaine d’employés : des commerciaux, des avant-ventes, mais aussi des développeurs. « Nous avons embauché des contributeurs français au projet open source Cassandra », explique le responsable.
Et si le CMO affirme que DataStax a plusieurs dizaines de clients en France – de grands groupes bancaires, les opérateurs télécoms, des acteurs du luxe, mais aussi des startups –, il ne peut en nommer qu’un : Bouygues Telecom. « Nous respectons la confidentialité de nos clients, mais nous les encourageons à témoigner », explique le CMO.
« Historiquement, les entreprises françaises se sont intéressées à Cassandra pour résoudre certains de leurs défis liés aux données. Au départ, les banques, les opérateurs télécoms ont été les premiers à aller vers DataStax, mais de plus en plus d’acteurs s’adressent à nous, dont les entreprises de la grande distribution », ajoute-t-il. Pour rappel, Cassandra a d’abord servi de moteur pour les solutions de détection de la fraude, sujet à propos duquel les grands groupes ne préfèrent pas communiquer.
Et comme ses concurrents présents dans l’hexagone, DataStax entretient des relations avec les divisions françaises de Google Cloud, Azure et AWS. Ses clients font traditionnellement appel à de grands intégrateurs, Atos et Capgemini en tête. D’autres sollicitent des cabinets spécialisés.
Pour autant, en France, en Europe et ailleurs, les nouveaux clients optent majoritairement pour AstraDB, la DBaaS de l’éditeur, selon Thomas Been.
AstraDB porte la croissance de DataStax en France et ailleurs
« En 2021, la croissance de notre offre cloud a été de 400 % par rapport à l’année fiscale précédente. La croissance de l’entreprise est aux alentours de 40 %. Cette croissance est due aux nouveaux clients et à l’accroissement des usages », assure le responsable.
« Notre stratégie a été d’enlever ces barrières. Les efforts que nous avons menés sur AstraDB en adoptant Kubernetes et le serverless ont permis de simplifier la gestion de Cassandra », affirme-t-il.
Cette simplification passe aussi par la fourniture aux développeurs de différentes API, dont celles qui ajoutent une prise en charge de GraphQL, de Rest, des formats de fichiers JSON et du protocole gRPC par-dessus le SGBD en sus du support de Nodejs, Ruby, Python, Rust et d’autres langages de programmation. Il s’agit de convaincre les développeurs afin que Cassandra devienne le back-end de référence pour leurs applications front-end.
DataStax souhaite rendre compatible le SGBD avec les environnements de développement les plus populaires, s’intégrer à des outils de monitoring et faciliter le déploiement des architectures de type hybride.
« Nous remarquons que beaucoup de clients viennent vers notre service cloud parce qu’ils ont atteint les limites d’autres SGBD NoSQL », remarque le CMO. « Parfois, ils ne sont pas totalement convaincus par les bases de données soi-disant compatibles avec Cassandra ou alors, ils cherchent un service multicloud ».
Quant aux utilisateurs historiques de Cassandra, eux aussi se tourneraient vers la version managée par DataStax.
« Nous voyons beaucoup de migrations en cours de Cassandra vers notre DBaaS », indique Thomas Been. « Cassandra a été créée pour supporter des usages à large échelle, et a été adoptée par Netflix, Starbucks, ou encore Apple. Il est vrai que maintenir ce SGBD demandait des ressources, du temps et des compétences considérables », poursuit-il.
En particulier, les clients adoptent AstraDB pour administrer les données des clients et des produits.
Le streaming de données, la deuxième corde à l’arc de DataStax
Mais il ne s’agit plus seulement d’adopter le SGBD NoSQL, selon Thomas Been. Car depuis le rachat de Kesque, DataStax mise aussi sur Pulsar, un système de messagerie distribué concurrent de Kafka. « La notion d’instantané croît très fortement chez nos clients », affirme le CMO. Ironie du sort, TIBCO, l’ancien employeur du dirigeant, fournit une distribution commerciale de Pulsar.
Thomas BeenChief Marketing Office, DataStax
« À nos yeux, Apache Pulsar offre un spectre plus large d’utilisation que Kafka », justifie Thomas Been. « Il y a aussi une notion d’architecture : fondamentalement, Pulsar est distribué, conçu pour l’approche cloud native, et plus aisé à exécuter en mode serverless ».
« D’autant que de grands groupes comme Yahoo ont pu tester la technologie à large échelle. Ce n’était pas un choix commercial, mais technologique », souligne-t-il.
Pulsar est au cœur du système de streaming à la demande de DataStax, technologie sur laquelle l’éditeur s’est appuyé pour proposer une fonctionnalité de change data capture adossée à Cassandra.
« Faire du change data capture, sur un système distribué comme Cassandra, est extrêmement compliqué », constate Thomas Been. « Grâce à son architecture, Pulsar répond à cette problématique ».
D’une part, DataStax veut pousser son champion à coup d’arguments commerciaux en comparant constamment la technologie à Kafka (quitte à titiller Confluent), et en investissant dans la technologie, d’autre part.
« Nous avons recruté des contributeurs dans la communauté d’Apache Pulsar pour que le projet gagne autant d’ampleur que Cassandra », vante le CMO.
Quant à la concurrence des fournisseurs de cloud et d’autres éditeurs qui pourraient exploiter les innovations financées ou développées par DataStax, Thomas Been considère que « cela fait partie du jeu ». « Comme d’habitude, nous laissons la communauté tirer parti de nos innovations. C’est ce qui la fait avancer. Pour les clients, c’est important d’avoir du choix », revendique-t-il.
DataStax souhaiterait plutôt suivre le modèle de MongoDB en faisant son entrée en bourse. Ce scénario est sérieusement envisagé par les dirigeants de l’entreprise depuis 2019, mais pourrait se jouer au cours des « prochains trimestres ». « Cela fait partie des possibilités effectivement », déclare Thomas Been.