Appian promeut la synchronisation de données à la sauce low-code
Outre un fort accent mis sur le process mining, l’éditeur entend simplifier le développement et les déploiements des applications front-end. Les clients, eux, attendent une fonctionnalité de change data capture pour améliorer les interactions entre leurs applications et leurs back-ends.
Lors d’Appian World, l’éditeur a profité de sa conférence annuelle pour présenter à nouveau les fonctionnalités de la version 22.1 de sa plateforme low-code et annoncer légèrement en avance les ajouts de la mouture 22.2, qui sera dévoilée au mois de mai prochain.
Le premier trimestre a été l’occasion pour l’éditeur de dévoiler la disponibilité générale de ses outils de process mining infusés dans la plateforme. LeMagIT a déjà détaillé les apports de ces outils dans l’offre « unifiée » d’Appian. Point à noter, la technologie de Lana Labs, jeune startup allemande rachetée par Appian à la fin de l’année dernière, permet la génération automatique de modèles BPMN à partir des analyses de process mining. En clair, il est possible de visualiser les workflows existants ou de les éditer depuis la plateforme.
Appian Portals : des applications front-end plus faciles à déployer
En parallèle, l’éditeur poursuit ses propres projets lancés en 2020 et 2021, notamment ceux consacrés au développement d’applications front-end.
Comme envisagé par Malcom Ross, CTO d’Appian, Appian Portal est en disponibilité générale depuis la version 22.1, au début du mois de mars. Cette fonctionnalité permet aux utilisateurs d’Appian Cloud d’encapsuler une UI, des logiques métiers et des intégrations dans un conteneur de microservices déployé depuis un environnement cloud basé sur Kubernetes. Concrètement, cela doit faciliter la conception d’applications Web au lieu de devoir employer les langages de programmation et les scripts tels HTML, CSS, JavaScript et autres.
Pour l’instant, les Portals doivent supporter la certification SOC2 et le système reCaptcha de Google, mais ne sont pas recommandés pour des usages qui impliquent les règlements HIPAA, RGPD, FedRAMP ou PCI. De fait, Portal ne supporte pas pleinement les cookies. Comme les conteneurs ne peuvent pas être déployés derrière un VPN ou accéder à une base de données protégée par un tel dispositif, cela limite ces portails front-end à des usages non sensibles, publics et sans besoin d’authentification.
Appian estime tout de même que la sécurité héritée de sa plateforme permet de nouveaux comptes, de signaler une panne, de lancer des recherches dans une base de données publique, de lancer une réclamation ou encore une demande de réparation. Et puisque l’éditeur évoque des usages nécessitant davantage de sécurité (payer une facture, demander la suppression de données sensibles ou personnelles, recevoir le devis d’une assurance, déposer une demande de bourse, etc.), LeMagIT suppute qu’il améliorera petit à petit la sécurité de son service.
De plus, Appian promet que Portal supportera la technologie Progressive Web Apps (PWA), permettant ainsi de déployer ces applications front-end sur mobile ou sur des terminaux peu puissants. Pour les administrateurs Windows, les applications mobiles développées avec la plateforme pourront être pilotées depuis Intune.
Appian mise également sur son framework SAIL (Self-Assembling Interface Layer) afin de générer des UX « multiplateformes, interactives et dynamiques ». Il s’agit d’une suite d’outils, de capacités et de préceptes pour développer ces façades accessibles par les utilisateurs finaux.
Mais comme une belle interface ne suffit pas à faire une bonne application, l’éditeur a revu son utilitaire de revue des erreurs et d’inspection des packages avant déploiement.
Les clients attendent les nouveautés d’Appian Records
L’autre volet important pour Appian depuis l’année dernière n’est autre que la gestion des données, à commencer par l’extraction d’informations. Ainsi, l’éditeur entend automatiser la collecte de données en s’appuyant sur différents mécanismes. La RPA supervisée et non supervisée est l’une des méthodes, mais le groupe propose aussi une « intégration low-code », à savoir une UI permettant de générer des API pour collecter des données à travers différents systèmes. En outre, Appian a amélioré son outil Intelligent Document Processing (IDP), une fonction native de computer vision pour extraire les données en provenance de factures et de documents PDF.
Appian Records avait déjà évolué pour jouer le rôle de modèle de données composées d’objets en provenance de middlewares, de bases de données et d’applications SaaS. Lors d’Appian World, l’éditeur a démontré comment ce modèle permet depuis une interface low-code/no-code d’agréger les informations en provenance de différents systèmes. Ce Data Modeler permet de générer automatiquement des vues représentant les données agrégées. Il est ensuite possible de créer une interface (voire un début d’application) affichant les champs nécessaires à un cas d’usage métier, en s’appuyant sur une boîte de dialogues.
En ce sens, le process modeler donne accès à un éditeur de requêtes et de règles réutilisables à appliquer pour traiter un processus. À cela s’ajoutent des règles de sécurité s’appliquant à l’échelle des enregistrements (et donc des agrégats de données). Celles-ci permettent d’administrer l’accès aux informations par rôle.
Outre la sécurité, les clients qui exploitent ce data model s’attendent à une amélioration des performances. Ainsi, Appian promet que la vitesse de synchronisation des données doublera à partir de la version 22.2 de la plateforme. Les enregistrements pourront contenir 2 millions de lignes chacun, contre 250 000 lignes dans la 21.1. Surtout, à la demande des utilisateurs, Appian se prépare à déployer une véritable fonctionnalité de change data capture, pour mettre à jour les données dans les systèmes sources via API. Cette synchronisation pourra être bidirectionnelle, c’est-à-dire que le changement pourra être réalisé depuis Appian ou depuis le back-end connecté à la plateforme.
RPA : Appian voudrait bien se passer des éditeurs tiers
Côté RPA, l’enregistreur de tâches et le designer de processus automatisés sont accessibles en préversion, tandis qu’IE 11 et Firefox sont désormais mieux pris en charge. Dans la version 22.2, Le designer permettra d’effectuer davantage d’actions dans les applications exécutées sur Windows.
Mais il faut aussi faire avec une dépréciation importante. Alors que Matt Calkins vantait l’approche best of breed d’Appian, cette politique ne s’applique plus réellement à la RPA. En effet, la mise à jour 5.6 de Robotic Workforce Manager (RWM), un métagestionnaire de bots, ne permet plus aux nouveaux clients (ou depuis les nouvelles installations) d’administrer les solutions d’UiPath, de Blue Prism, d’Automation Anywhere ou d’autres.
Seuls les bots d’Appian sont pris en charge. Heureusement, les clients existants ne sont pas concernés, en tout cas pas pour l’instant. « Les clients qui utilisent déjà d’autres fournisseurs d’automatisation ne seront pas affectés, même si vous passez à cette nouvelle version. Si vous avez déjà configuré RWM pour utiliser UiPath, Blue Prism ou Automation Anywhere, vous pouvez continuer à utiliser ces fournisseurs avec n’importe quelle version de RWM », précise la documentation.
Kubernetes gagne de l’ampleur
En ce qui concerne l’administration de la plateforme low-code, la version 22.1 permet aux clients de déployer l’édition self-managed sur Kubernetes. Elle est compatible avec le standard de la CNCF, mais aussi avec AWS EKS, Azure AKS, Google GKE ou encore OpenShift.
« Dans ce modèle de déploiement optionnel, chaque composant d’Appian s’exécute en tant que “Pod” Kubernetes coordonné par l’opérateur Kubernetes d’Appian, ce qui réduit la charge opérationnelle et administrative de la gestion d’une instance d’Appian et vous offre des options de contrôle, de coordination et de résilience », lit-on dans la documentation.
Adam Glaser, SVP Engineering chez Appian considère que cela standardise la gestion de la plateforme, mais que les clients ont toujours le choix (et le garderont probablement) d’opter pour le modèle de déploiement traditionnel.
Il rappelle que la version cloud native d’Appian s’exécute déjà sur Kubernetes et propulse différents microservices. De son côté, Paul Maguire, vice-président EMEA et APAC chez Appian, affirme que cette méthode de déploiement est souvent choisie par les clients pour déployer la plateforme en cloud privé ou derrière un VPC disponible depuis un cloud public, sur AWS, GCP, Azure… ou bien sur les clouds des fournisseurs européens.