La relation entre SAP et l’USF « repart de zéro »
Après le changement à la tête de SAP France, qualifié de « brutal » par l’USF, l’association des utilisateurs francophones de SAP espère « reconstruire » une relation de confiance avec l’éditeur. Mais c’est une grande prudence qui domine désormais.
L’association des utilisateurs francophones de SAP (l’USF) a reconduit pour la cinquième fois son président, Gianmaria Perancin (Head of Competence Center SAP Utilities B2C chez EDF) dans un contexte étrange. SAP a en effet radicalement revu la gouvernance de sa filiale française, alors que l’USF n’avait, à l’inverse, pas caché sa satisfaction de travailler avec l’équipe en place.
Sans explication envers ses clients, SAP a ainsi acté les départs de Frédéric Chauviré (ex-DG France) et de Stéphanie Perchet (Directrice des Opérations). Conséquence : l’USF parle dans un communiqué officiel de « reconstruire une relation de confiance » et de « rebâtir des relations constructives ».
Un vocabulaire qui montre que du beau fixe, la relation entre l’USF et SAP est passée au nuageux avec risque de pluie ?
« ll est clair que nous avions installé une relation sérieuse, transparente [et un] respect réciproque avec Frédéric Chauviré et Stéphanie Perchet », répond Gianmaria Perancin au MagIT. « On pouvait se dire les choses, nous étions écoutés et pris en compte. Tout n’était évidemment pas résolu, mais on sentait une réelle volonté de chercher des solutions ».
« Sans oublier la richesse extrêmement humaine de cette relation », ajoute immédiatement le président de l’USF.
Un changement « brutal » chez SAP France
Cette relation privilégiée avait jusqu’ici rendu Gianmaria Perancin optimiste pour régler les problématiques liées à S/4HANA (démontrer la valeur du nouvel ERP et mieux accompagner les migrations avec la formation de consultants), liées à la cloudification de SAP (le cloud n’est pas forcément l’horizon de toutes les DSI, ou la co-construction de RISE) ou encore liées à la maîtrise des données des utilisateurs par les utilisateurs (hébergement souverain, etc.).
Mais le changement « brutal » – comme le qualifie Gianmaria Perancin – rebat les cartes. « Il a évidemment eu un impact », constate le président de l’USF depuis 2018.
« Il est humainement impossible de reconstruire, en un battement de cils, une relation de confiance qui s’était installée au bout de deux ans. La confiance se gagne avec le temps, mais elle se perd en un claquement de doigts », lance le président de l’USF, visiblement circonspect.
Pour l’USF, ce sont les relations entre les personnes qui permettent une bonne relation entre des entités morales. L’arrivée de Gérald Karsenti en 2018, à l’excellente réputation, comme Président Directeur général de SAP France, avait par exemple suscité l’enthousiasme de l’USF.
Gérald Karsenti est encore là. Mais plus les autres interlocuteurs de l’USF. Et le flou sur les personnes qui les remplaceront ne fait qu’alimenter sa méfiance. « On connaît certains acteurs : Gérald, en premier lieu, et aussi Orlando [Appell] (NDR : chez SAP depuis 10 ans et nouveau COO) que plusieurs d’entre nous connaissent. Mais les autres ? Et le futur DG qui arrivera un jour ? », s’interroge Gianmaria Perancin.
Reboot de la relation entre SAP et l’USF
Face à ce changement de casting et à cette lenteur pour remplacer Frédéric Chauviré, l’USF ne cache pas « une certaine frustration […] qu’il faudra que SAP prenne en compte », invite Gianmaria Perancin.
Gianmaria PerancinPrésident de l’USF
Mais surtout, pour lui, « il faut repartir de zéro (ou presque) », assène-t-il. « Il faut tout reconstruire. Et c’est dommage », regrette-t-il.
L’USF se refuse en revanche à tout commentaire sur la décision de SAP (même si, on le voit, c’est la déception qui semble primer aujourd’hui).
« Nous ne voulons, ni ne pouvons, ni surtout ne souhaitons discuter la décision de SAP de changer de MD et de COO [qui est] prise en toute autonomie », insiste Gianmaria Perancin. « C’est leur choix [et] il faut que nous nous adaptions ».
Des signes positifs de SAP, mais l’USF reste prudente
Lors de la ré-élection de son président le 7 avril 2022, l’USF parlait néanmoins de « premiers échanges encourageants » avec la nouvelle équipe – incomplète – de SAP France.
Gianmaria Perancin se veut lui aussi confiant. Modérément et raisonnablement confiant, pourrait-on ajouter. « À date les signes sont positifs, mais nous veillons. Nous devons veiller », confie-t-il au MagIT.
Gianmaria PerancinPrésident de l’USF
Concrètement, pour « s’adapter » au choix de SAP, l’USF s’engage à « rester ouvert et disponible pour travailler avec SAP » et pour « bâtir cette nouvelle relation » dont l’association espère qu’elle « sera aussi riche et de confiance que celle du passé ».
« Nous allons tout faire pour y parvenir », promet en tout cas Gianmaria Perancin. « Mais cela ne veut pas dire que ce sera une affaire qui roule et que la confiance reviendra. [Et] il faut aussi que SAP le veuille. On ne pourra pas monter une relation de confiance seuls ».
« Seul le temps nous dira si nous avions raison d’espérer. Car il faudra du temps. Pour se connaître et pour s’apprécier », prévient-il. Rome ne s’est pas faite en un jour, aurait pu résumer le président, italien, de l’USF.
Propos de Gianmaria Perancin recueillis le 15 avril 2022 par LeMagIT
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